Voici venir à vélo les pensées poétiques d'un cycliste ordinaire, qui du haut de sa petite reine, témoigne de ses contemplations quotidiennes. Se donner cette hauteur raisonnable permet de distinguer l'infime :
« Huit fourmis ce matin
Me font concurrence
Sur le chemin des mortels »
Mais cette élévation est suffisante pour porter sur le macrocosme un regard distancié mais acéré :
« le monde chavire
Il ne fait pas assez attention
en traversant
Le monde perd l'équilibre
Entre ses valeurs et son désir
D'aller de l'avant
Le cycliste regarde ce naufrage permanent
du haut de sa selle
jamais assez rembourrée
Il a trop mal au cul pour afficher
un quelconque dédain en pédalant
à travers ce champ de ruines
en constante édification »
Roulez, roulez Monsieur le professeur que vos roues continuent de chanter, votre guidon de magnifier et votre selle de vous inspirer !
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La vie en rose
J'ai toujours eu tendance
à ne pas être tendance
Être ou avoir ça change tout
Pourtant je viens d'être accueilli en classe
comme un véritable fashionisto
Faut dire que ce matin d'avril
m'a couvert le chef d'une couronne
d'un rose du plus bel effet photogénique
Jadis j'ai été très très brun
Je suis très gris aujourd'hui
D'ici quelques autres printemps
J'aurai peut-être la tête blanchie
Mais ce matin je l'ai très rose
en arrivant devant les élèves
après avoir roulé dans une allée
bordée de cerisiers japonais