La dernière sélection de la Masse Critique Jeunesse/Young adult proposait quelques titres plus queer que d'habitude : j'ai donc profité de cette occasion pour découvrir cette romance médiévale déjantée et surprenante. Merci Babelio et Casterman pour l'envoi !
L'été est arrivé à la cour de Camelot, c'est le moment du célèbre tournoi du Roi ! Alors que tout le monde se réjouit de cet événement qui attire une foule de visiteurs de toute l'Angleterre, pour la princesse Gwendoline cela ne signifie qu'une chose : la venue de son fiancé, Arthur, à qui elle fut promise dès sa naissance, et qui n'a eu de cesse de lui pourrir l'existence depuis toujours… Les deux jeunes gens doivent se rapprocher afin de sceller leur union tant espérée, alors qu'ils n'en ont tous les deux aucune envie. En effet, Gwen n'a d'yeux que pour Lady Bridget Leclair, seule participante féminine du tournoi, dont le talent et le physique déclenchent chez la princesse des émotions qu'elle peine à dissimuler. Quant au fantasque Art, contrairement à sa
réputation de coureur de jupons, il ne s'intéresse en réalité pas du tout aux filles. En revanche, il n'est pas insensible au beau visage de Gabriel, le frère introverti de sa promise, du même âge à quelques mois près…
Au vu du pitch et de la mention de Camelot, je m'attendais à une romance queer à la Table Ronde, avec des jeunes Arthur et Guenièvre en plein questionnement sur leur identité. En réalité, le récit se passe plusieurs siècles après la mort du Roi Arthur, élevé au rang de légende, et dont l'homonyme est ici un descendant très lointain qui déteste le prénom choisi pour servir les ambitions de son père. J'ai été franchement déçu quand je m'en suis rendu compte dès le premier chapitre, mais je n'ai pas abandonné ma lecture pour autant, séduit par le ton décalé et par l'humour omniprésent, surtout dans les dialogues qui regorgent de réparties bien senties !
L'intrigue en elle-même est plutôt classique, et centrée pendant les trois quarts du roman sur la vie amoureuse compliquée de ces adolescents tiraillés entre leurs désirs et les attentes que l'on projette sur eux. Les deux couples principaux sont rapidement définis, et j'ai trouvé que leur lente évolution au gré des moments passés en groupe puis des discussions plus intimes était assez réaliste et bien amenée. Et pourtant, mon “couple” préféré reste celui formé par Arthur et son valet Sidney, qui ne perdent jamais une occasion de s'envoyer les pires piques tout en ayant une confiance aveugle l'un envers l'autre !
Le ton change drastiquement dans la dernière partie, où le complot que l'on sent doucement se dessiner se révèle brutalement, et les conséquences sont terribles. La rupture est violente, car tout à coup l'enjeu est bien différent de l'aboutissement d'une relation amoureuse pour les protagonistes… J'ai bien aimé ce changement de rythme, qui m'a vraiment surpris et tenu en haleine jusqu'au bout.
J'ai donc passé un bon moment aux côtés de Gwen, Art, Gabe, Bridget, Sid et les autres,grâce au ton résolument moderne du roman et à son humour. Un bon titre feel-good et queer !