Wild men

J’étais loin d’être une héroïne, mais aujourd’hui, pour les gens dont je me souciais, je pouvais faire semblant.

Un sourire en coin est passé sur son visage et sur la moitié de ses lèvres. Il m’a coupé le souffle et a fait trembler mes genoux. Cet homme ne devrait pas être autorisé à être si beau avec une personnalité aussi déplaisante. Ce n’était pas juste. Il me caressait dans le mauvais sens du poil, mais j’aimais qu’il me caresse quand même. J’aimais cette friction et sa façon de réchauffer mon sang. 

Ce n'était pas un baiser pour se dire bonjour, c'était un baiser qui scellait notre destin. C'était un baiser qui remplissait les pièces manquantes et était plein de promesses que nous nous devions de tenir. C'était un baiser qui mettait le feu à mon sang et mettait des étincelles de bonheur et de soulagement dans mon coeur.

Je voulais lui dire que j'étais un peu près sûre de pouvoir l'aimer... et, peut-être plus important, que je pouvais le laisser m'aimer.

- La maîtrise est une illusion. Tu crois que c'est toi qui tires les ficelles de ta vie, mais c'est faux. Tu es accrochée au bout des ficelles et tu te déplaces là où le vent décide de te porter. La seule chose dont tu es responsable, ce sont tes actes, donc autant faire en sorte qu'ils aient un impact.

- Ça va aller.

C'était vrai, car j'avais enfin compris que quand on était malmenée, blessée, même abandonnée, il était possible de rebondir, il suffisait de vouloir essayer.

Il a lâché un long et profond soupir. Quand il a penché la tête pour poser les lèvres sur les mienne, ce n’était pas un homme qui volait des instants pour se fabriquer des souvenirs auxquels s’accrocher car il n’aurait plus que ça. Non, c’était le baiser d’un homme qui voulait revendiquer son droit. C’était un baiser qui devait marquer et durer toujours... ou ce qu’il restait d’un toujours. C’était un baiser qui devait brûler et marquer l’âme, pour que des morceaux de lui soient éternellement soudés à des morceaux de moi. 

Parfois, c'est la seule chose à faire pour tirer le meilleur d'une mauvaise situation. S'accrocher alors que tout lâcher serait tellement plus facile.

L'amour ne suffit pas à rassembler deux personnes, peu importe combien elles comptent profondément l'une pour l'autre.

- On n'est pas aussi seuls qu'on pensait l'être, ici.
- Non, on n'est vraiment pas seuls.

Et pour la première fois de ma vie, ça ne me dérangeait pas. La vérité est que cela demande beaucoup d'énergie et d'efforts de ne s'ouvrir à personne. Entourée d'inconnus, essayant tant bien que mal de trouver nos repères dans un endroit inhabituel, je découvrais que j'aimais cette nouvelle facilité avec laquelle je m'ouvrais aux autres.