J'ai eu le coeur serré.Je m'étais fait beaucoup de souci en me demandant ce que j'allais découvrirn chez mon père, mais j'avais oublié de me demander ce qu'il pouvait attendre de moi. Il avait envoyé une carte à Cherokee Brown. Il ne savait pas que j'étais devenue Claire Weeks. Une fille qui n'avait pas d'amis et qui n'était même pas capable de marcher normalement.
Et quand j'ai lu Le Journal d'Anne Frank en cours de littérature, j'ai compris que les livres n'étaient pas là seulement pour nous distraire, mais qu'ils pouvaient aussi changer notre façon de voir le monde.
Vous savez pourquoi elle a fait une overdose ? Parce qu'elle n'en pouvait plus d'être traitée dans ce lycée comme on ne traite pas un chien. Et personne n'a rien fait pour s'y opposer. Personne n'en a eu le courage.
L'événement le plus excitant qui puisse arriver par ici, c'est que le livreur laisse deux bouteilles de lait au lieu d'une sur le perron.
- Je t'ai fait pleurer ! Tiens prends ça.
Il m'a tendu son bandana. je l'ai regardé. Est-ce qu'il voulait que je le mette dans mes cheveux ?
- J'ai l'air d'être le genre de type qui se balade avec un mouchoir dans sa poche ?
J'ai pouffé de rire, et nous avons ri tous les deux, moi moitié pleurant encore, tandis qu'autour de nous le fidèles s'agitaient avec des "chuut!" réprobateurs.
"Tout ce que vous pouvez faire, tout ce que vous rêvez de faire, lancez-vous pour commencer. L'audace a du génie, du pouvoir et de la magie."
Cette fois, ce n'est pas le mot "audace" qui me saute aux yeux, c'est le mot "commencer".
...
Goethe a peut-être raison après tout; il y a vraiment de la magie et du pouvoir dans l'audace. Mais il ne suffit pas de commencer à être audacieux. Il faut continuer, même si on est mort de peur.
J'aurais préféré être un poisson parmi les autres, sans rien à faire que nager toute la journée, même s'il fallait voir les copains farinés passer à la poêle deux mètres plus loin.
Quand d'autres se mettent à boire ou prennent des somnifères, ma mère fait le ménage. Ne me demandez pas pourquoi, c'est peut-être les produits en aérosols qui la font planer.
Je me suis approchée en surveillant toujours les environs, et quand j'ai vu ce que tout le monde regardait, je n'ai pas su s'il fallait rire, pleurer ou applaudir. Là, sur le mur, au milieu d'une débauche de couleurs vivre traitées à la bombe, se détachait la silhouette d'une fille qui ressemblait à Pocahontas, sans les nattes. Vêtue d'une tunique pourpre, chaussée de bottines noires, elle bandait un arc armé d'une flèche. Ses cheveux bruns étaient courts d'un côté et longs de l'autre comme les miens.
-Je te demande pardon. Je crois que je n’ai vraiment pas été à la hauteur et je…je ne sais pas par où commencer pour me racheter.
J’ai respiré à fond, troublée. Tout ça était vraiment déconcertant. J’aurais peut-être du lui en vouloir, mais je n’y arrivais pas. J’étais si malheureuse avant qu’il réapparaisse que je ne voulais plus qu’une seule chose : qu’il soit là, qu’il reste là.
-Je vais te dire une chose, a-t-il poursuivi gravement. Si tu souhaites que je joue un rôle dans ta vie, je ne te ferai plus jamais faux bond. Jamais. Je suis là maintenant…si tu veux bien ?