La petite dernière, c'est Fatima, benjamine d'une fratrie de trois soeurs, qui nous raconte son parcours, celui d'une jeune fille puis jeune femme, toujours dans l'entre-deux. Est-elle vraiment musulmane, est-elle vraiment française, est-elle vraiment une fille, est-elle vraiment lesbienne ?
Récit que l'on peut qualifier d'incantatoire en raison de la répétition, en début de chaque chapitre (très courts) de « je m'appelle Fatima » suivi d'une affirmation d'une facette de son identité, je suis musulmane, je suis adolescente je suis une élève instable, je suis une touriste je suis née en France…. le style est très enlevé, le phrasé est scandé.
Fatima nous énonce tout ce qui rend sa vie invivable, sa foi incompatible avec sa pratique sexuelle, la difficulté de tenir cachée à sa famille, notamment celle restée en Algérie, son homosexualité, sa relation chaotique avec le milieu scolaire et universitaire.
Mais elle veut tout avoir, maintenir sa relation avec Dieu, l'amour de sa mère et de ses deux soeurs, son questionnement sur sa place dans le monde où elle vit, Clichy-sous-Bois, est incessant.
L'auteure nous livre ainsi un récit (je ne suis pas sûre que l'on puisse évoquer la notion de roman), alternant passé et présent, on découvre à chaque chapitre un nouveau pan de sa vie, sans suivi dans le temps.
C'est un livre très brillant, peut être un peu trop. Au début de la lecture j'étais fascinée par ce brio, ces introspections sur l'amour/amitié, la famille aimante mais étouffante, la place de Dieu, la France/l'Algérie…Mais ces brillantes figures de style m'ont finalement un peu ennuyé : il y en a trop et l'auteure en reste un peu prisonnière, moi aussi j'ai tourné en rond. C'est peut-être une question de génération ?