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Critique de Latulu


Le récit nous emmène en 2040, dans une France où l'État a fait faillite et les multinationales ont racheté certaines grandes villes.
Ainsi la ville Orange propose à ces citoyens des forfaits de vie.
En fonction de votre rémunération, vous aurez accès aux quartiers de la ville en temps illimité ou certaines plages horaires. Une vision très noire du futur où l'humain est un ensemble de données à exploiter.

Sahar et Lorca vivent avec leur fille dans un quartier de cette ville. Un soir, la gamine de 4 ans disparaît de sa chambre sans laisser de trace. Dans un monde hyper contrôlé où chaque geste d'un individu est analysé, cette disparition interroge beaucoup. A commencer par le père qui se tourne vers l'armée dans l'espoir d'en apprendre plus sur une légende urbaine, susceptible d'expliquer la disparition de sa fille : les furtifs, des êtres invisibles qui vivraient parmi nous sans que personne n'ait jamais pu les voir et qui échappent à tout contrôle et toute donnée.

Alain Damasio a un style difficile à suivre. de réflexions philosophiques sur la condition humaine et le rapport de l'homme a sa quête désespérée de bien-être, en verbiage qui lui est propre, il faut s'accrocher sur certains passages pour ne pas être tenté de sauter des lignes ou risquer la migraine.
Il écrit au couteau et tranche dans le vif.
Il joue avec les mots et donne le vertige au lecteur.
Tout comme dans la horde du contrevent, il ne citera jamais les personnes qui prennent la parole. Pour un roman polyphonique, c'est assez déconcertant. le lecteur devra mémoriser les glyphes qu'il propose en début de paragraphe sur le premier mot lorsqu'un nouveau point de vue est énoncé.
L'encyclopédie de Diderot et d'Allembert version Damasio.
Il faut suivre.

L'auteur s'intéresse au mouvement, au langage, à l'écriture, à nos choix de vie. Tantôt il se moque des penseurs tantôt il les défend mais laisse toujours au lecteur un sentiment de perplexité.
Il interroge le lecteur sur son devenir dans un monde où l'être humain n'est qu'une somme de données et nous encourage à rester maître de nos choix de vie. Son récit résonne comme un cri d'alarme envers la surconsommation de bien-être et alerte sur les dérives possibles de l'abandon du commun au profit de l'individuel. Il alerte également sur la tentation d'un pseudo cocon virtuel tissé par la technologie.

Rien de neuf dans ces propos mais la façon dont il distille ses mises en garde est originale. En opposant une nature sauvage et indomptée et des êtres hors de nos paramètres à une société sous constante influence d'un modèle de vie selon nos données de consommation, il rappelle au lecteur que le libre arbitre et la libre pensée restent un combat à mener au quotidien. Non par la résistance au changement mais à contraindre le changement à s'adapter à la nature humaine dans sa globalité et non au seul profit individuel.

Un très bon moment de lecture accompagné toutefois par moment de paracétamol.
Ca pique un peu les yeux.
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