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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ouvrage reçu lors d'une opération Masse critiques privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions Marchialy pour l'envoi de ce magnifique ouvrage, qui l'est autant bien sur la forme avec sa couverture haute en couleurs que sur le fonds extrêmement profond et qui m'a beaucoup touchée.

Ici, le lecteur se plonge dans les us et coutumes et surtout les horribles massacres, déracinements et autre que le peuple aborigène a subi tout au long des siècles. John Danalis, enclin à devenir professeur et bien que père de deux fillettes a rejoint les bancs de l'université et c'est au contact de l'une de ses professeures, en littérature aborigène qu'il va découvrir l'histoire de ce peuple, auquel il va s'attacher, d'autant plus que son père possédait dans le salon de son enfance, un crâne aborigène qui les a accompagnés, lui et son frère, tout au long de son enfance. Alors, plus par justice pour ce peuple que par pure folie, John va décider de restituer ce dernier à ses ancêtres. Commence alors, après de longues démarches administratives, la restitution de ce crâne, dénommé Mary, bien qu'il s'agisse d'un crâne d'homme, mais cela, notre protagoniste ne l'apprendra que plus tard à la tribu des Wamba Wamba. D'abord décrié par ces dernier et face à l'offuscation de certains d'entre eux qu'un homme de couleur blanche ait pu grandir avec le crâne de l'un d'entre eux dans son salon sans que cela ne lui pose de problèmes de consciences jusqu'à présent, c'est tout un monde nouveau qui s'ouvre alors pour notre héros qui va apprendre, tout comme le lecteur, le passé mais aussi le présent et l'avenir plus qu'incertain pour toutes ces tribus de l'Australie d'aujourd'hui.

Un roman profond, extrêmement bien écrit, sans jugement mais avec simplement l'énonciation de faits historiques concernant l'épopée de ces tribus. Un texte envoûtant qui ne laisse pas le lecteur indifférent et en ce qui me concerne, j'ai bel et bien envie de pousser mes recherches et de découvrir L Histoire ou les histoires de ces tribus à qui l'on a tout pris, jusqu'à leur propre identité ! A découvrir et à faire découvrir !
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John Danalis, l'auteur australien de « L'appel du cacatoès noir » a décidé de raconter sa propre histoire.
Dans un désir de surenchère vantarde, lors d'un cours de littérature indigène, il avait lancé au prof, et surtout à l'ensemble de la classe : "Eh bien moi… j'ai grandi avec un crâne aborigène sur les étagères du salon."

A partir de ce moment, il commence à rédiger un journal intime, en nous offrant les périples d'un processus à la fois personnel et universel de réconciliation interculturel, qui s'est révélé suffisamment détaillé pour me captiver, assez intimiste pour me toucher, et très agréable à lire grâce à son style doux amer collant parfaitement à la situation.

Où l'on découvre que nombre de restes humains aborigènes ont été expédiés aux quatre coins du globe, et que grâce à de belles rencontres, la restitution d'un crâne du siècle dernier, avec son rapatriement, et la cérémonie de ré-enterrement transforme un homme.
Faisant tantôt montre de douceur et de bienveillance, tantôt d'autodérision, John Danalis raconte sa métamorphose, et sa dépression post - Mary. Ce « représentant d'une famille qui avait profané les morts », « conditionné par une éducation blanche, découvre et commence à comprendre la raison des poings levés que brandissent dans les manifestations et les marches de protestation les aborigènes ».
Les morts ont donc aussi des droits.

- " Tu vas revenir là-bas. » a-t-il promis à Mary-le crâne.
A mesure que l'aventure avance, celui-ci réalise l'existence du profond respect qu'ont les aborigènes pour leurs morts "et, par-dessus tout, de l'importance (pour eux) de revenir chez soi, au pays". Mais défier les normes sociales régissant les relations interraciales australiennes se révèle encore aujourd'hui un sacré défi humain.

Alors, « Mère Terre fredonne ses douces cantates aux oreilles initiées », des « gens d'une authenticité réelle » et d'une « tranquille générosité d'esprit » font tomber pour quelques heures la fracture raciale de sorte que le périple inattendu de John D. se trouve transcendé par tant de lumières et d'amour. Et nous avec.

Attention, « l'appel du cacatoès noir » raconte donc « comment le racisme produit insidieusement de la haine, comment une culture a été réprimée depuis 200 ans », et dans les signes de cette humanité inattendue, une « relation originale » se nouera subrepticement entre une famille blanche australienne et les restes d'un Wamba Wamba depuis longtemps décédé (de la syphilis !).
Dans le crépitement des feuilles et le parfum d'eucalyptus, dans la danse des flammes, le temps se dissout pour un instant, JD bascule alors dans un univers parallèle où c'est lui l'étranger.

Ce beau récit nous dirige invariablement vers l'histoire de la « guerre de conquête non déclarée » que fut à partir de 1770, l'expansion des colons britanniques en Australie, et le calvaire des premiers habitants de l'Australie qui durera plusieurs siècles. Les fondations de ce pays prospère sont imbibées du sang de ses propriétaires originels, et un crâne oublié derrière la télé réveille et « instruit » une famille.
Quand James Cook a débarqué à Botany Bay, en Australie, en 1770, il a appliqué ses propres critères pour déterminer que cette terre n'appartenait à personne (« Terra nullius »). Dans son journal, l'explorateur britannique a décrit les Aborigènes – qui sont entre 300 000 et 1 million sur cet immense territoire (quatorze fois la France !) – comme une « nation errante, sans agriculture ni industrie » dont l'idéologie de Charles Darwin et les volontés expansionnistes de l'Empire britannique ne feront qu'une bouchée.

Mais, pour John, « La couche de vernis européen s'écaille » pour qu'il puisse « pour la première fois sentir le coeur battant et sans âge de la Terre vibrer ».
Peut-on sans scrupules profiter des privilèges liés à l'histoire sans accepter d'endosser aussi une partie des responsabilités liées à la colonisation et l'occupation ?
Est-il possible de dédommager les peuples humiliés et spoliés ?

Merci à Babelio et aux Éditions Marchialy, qui dans le cadre d'une opération Masse critique privilégiée, m'ont permis de lire un beau message d'humanité en me tournant vers l'Australie ancestrale. Ce fut un moment fort de lecture comme je les aime !





Lien : http://justelire.fr/lappel-d..
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L'appel du cacatoès noir à été écrit en 2009 par John Danalis. Il vient d'être édité et traduit en français par une petite maison d'édition Marchialy.
John Danalis est un auteur et illustrateur australien.
C'est son premier récit traduit en français.
Nous sommes dans le récit, dans un récit de restitution.
Depuis 40 ans John Danalis a grandi avec un crâne posé sur une étagère dans le salon de ces parents. La famille a même donné un nom à se crâne Mary.
C'est seulement à 40 ans que John Danalis comprend l'horreur de la situation.
Ce crâne appartient à un aborigène. Son père, vétérinaire, a longtemps parcouru le bush pour soigner les troupeaux.
Lors de l'une de ses visites , à Swanhill, le père de John Danalis avait découvert les fours de campement ou coquilliers de plus de deux kilomètres de long. Ces coquilliers fournissaient un matériau bon marché, à drainage rapide, pour confectionner des revêtements de route. Des coquilliers entiers, qui souvent comprenaient des sites funéraires, furent excavés et convertis en route de campagne.
Le crâne de Mary vient de là.
Sa prise de conscience faite, John Danalis n'à plus qu'une obsession : rendre Mary à son peuple.
Ce récit va nous permettre de suivre John Danalis dans sa recherche de l'histoire ancienne de l'Australie.
Cela ressemble à une quête avec des rencontres, des certitudes qui vacillent et de profonds changements dans la vie de l'auteur.
Pour nous lecteurs c'est la découverte du monde aborigène, de leur cosmogonie désigné sous le nom de Temps du Rêve. C'est le rappel que ce peuple indigène à été spolié de ces terres et de la mémoire des anciens.
Que penser des musées qui dans leurs réserves conservent des centaines de milliers d'ossements ainsi que des milliers de lancés aborigènes.
De jeunes aborigènes ont repris le flambeau et partout où ils le peuvent, ils mettent en place des cérémonies de réenterrement des ossements de leurs ancêtres. Sans haine, sans vengeance mais avec des remerciements pour les personnes qui permettent ce retour en Terre aborigène.
Le crâne de Mary est retourné en terre aborigène après des cérémonies d'une grande émotion.

Yangurr waletya waletya ati
Werreka aty lar
Kayi kuthup
Yangurr waletya waletya ati
Ngaliyuk wawimpa kutnyuk
Werraka aty lar kumba
Nguteyuk kurruk pa yemin yemin
Kayi kuthup kayi kuthup kayi kuthup

Nous venons à toi, nous nous présentons à toi
Pour te ramener au pays
Je suis désolé
Nous venons à toi, nous nous présentons à toi
Notre frère, notre soeur
Pour te ramener au pays, reposer et dormir
Ton pays et lieu de ta sépulture
Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé

WARPA WOY
Chant de réenterrement
Jida Gulpilil.

Un récit qui m'à touché par sa simplicité, sa sincérité.
Un récit qui nous parle d'ouverture, de recherche de la différence.
Un récit qui nous parle de nos racines à chacun.

"Je me sentais juste bien. Comme si j'étais à ma place. Comme si j'étais rentré au pays"

Cette plume de cacatoès noire, animal totem pour les aborigènes Wemba Wemba est venu jusqu'à nous.
Si vous la rencontrer dans une libeairie ou une médiathièque, faites lui une petite place.

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Direction la terre rouge Australe avec une aventure originale estampillée Marchialy.

Comme toujours Marchialy dégote et édite avec soin des témoignages précieux. Ici la tentative de rédemption d'un auteur qui cache un secret familial édifiant.

Une histoire d'accumulation de babioles opérée par le paternel, véto de campagne amoureux de d'objets en tout genre, il ramène un peu de tout à la maison, antiquités, curiosités, matériel agricole d'un autre temps, parmi cette collection hétéroclite se trouve un objet un peu moins conventionnel : un trophée colonial humain.

Notre narrateur a donc vécu en compagnie d'un crane d'aborigène dans son salon depuis sa plus tendre enfance. Et lâche un jour l'odieux secret lors d'un cours universitaire auquel il participe en tant qu'étudiant, choqué ses congénères lui font réaliser l'énormité de la chose. Va s'en suivre une prise de conscience subite et une quête de restitution.

A la manière du Cacatoès rouge, animal totem de l'auteur, le récit évolue. Ailes noires fermées et rapprochées comme l'oiseau, l'auteur garde son secret. On voirait presque cette crête crâneuse qu'hérissent souvent les volatiles.
Vient ensuite la prise de conscience de l'aspect sordide de la possession de ce triste trophée, c'est le rouge vif sur les plumes de l'oiseau, rappelant l'origine violente associée à ce reste humain, intimement lié au massacre systématique, voire systémique de la population aborigène, Exterminer un peuple, détruire sa culture et briser ses liens pour mieux lui voler sa terre. Phénomène tristement récurrent quelle que soit l'époque coloniale.
Puis il y a l'envol du cacatoès, après avoir pris suffisamment d'élan, de recul sur la situation, on a toute la superbe d'un oiseau aux ailes déployées, l'écriture du passage intermédiaire luit d'une belle intensité grâce a une expression de haut vol avec des passages aisés et tout à fait pertinents et d'autres un peu allumés.
Et puis il y a la phase descendante, une fois après avoir plané en altitude, le retour peut être difficile. Réaliser l'horreur de l'histoire et la culpabilité du peuple blanc dans l'extermination d'un peuple indigène plusieurs fois millénaire. J'ai moins apprécié car trouvé un peu gros la rédemption d'une famille et la guérison de l'auteur faite au travers de cérémonies et de pratiques culturelles aborigènes. Comme si la dernière partie du récit avait été trempée dans une saumure spéciale bouquin de développement personnel.

Cet ouvrage m'a rappelé l'incontournable quête de trophée dans le voleur de plumes, aussi tragique pour les espèces qui côtoient l'homme et Les Fossoyeuses, oeuvre plus sombre sur le devoir de mémoire et l'importance de restitution des restes humains.

Une trame solide d'intensité de témoignage et d'exotisme dans le choix de provenance des publications rassemble en tout cas l'intégralité des publications de cet éditeur que j'ai pu lire et que je prends beaucoup de plaisir à collectionner.





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Je remercie énormément Babélio et les éditions Marchialy pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégié, du roman : L'appel du cacatoès noir de John Danalis.
John Danalis a grandi avec un crâne aborigène dans son salon. C'est seulement à 40 ans, alors qu'il suit un cours de littérature indigène, qu'il comprend l'horreur de la situation.
Emporté par l'élan de sa prise de conscience, John décide de tout mettre en oeuvre pour restituer Mary - puisque c'est ainsi que le crâne a été affectueusement renommé - à son peuple.
Pour cela, il va devoir déconstruire ses préjugés d'homme blanc sur la culture aborigène et se plonger dans l'histoire ancienne de l'Australie.
Commence alors une quête qui va entraîner des rencontres extraordinaires et une profonde révolution dans la manière dont John et sa famille envisagent la vie et leur rapport aux autres.
J'étais très curieuse de lire L'appel du cacatoès noir. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et au début ce fût une très bonne surprise. John, le narrateur, reprend ses études à l'âge de 40 ans. Il décide de suivre un cours sur la littérature indigène et se vante d'avoir eu un crâne humain dans son salon, quand il était enfant ! Ce qui était censé être drôle ne l'est évidemment pas et choque certains étudiants ! Alors John, mal à l'aise, se rend compte que posséder un crâne humain aborigène a toujours été normal pour lui.. alors que cela ne l'est pas vraiment ! Mary (c'est ainsi que se nomme le crâne de cet homme) fait partie de son quotidien. Mais il est temps que le crâne retourne parmi les siens, John en a conscience et décide d'affronter son père pour récupérer Mary.
Commence alors tout un périple pour rendre le crâne.
Au début, donc, j'ai trouvé ça captivant. J'ai pris plaisir à suivre le raisonnement de l'auteur, sa prise de conscience, son envie de faire bouger les choses, de les remettre à leur place.
Et puis soudain, allez savoir pourquoi, j'ai décroché. Les pages se tournent et en fait c'est un peu plat, il ne se passe pas grand chose.
John m'a laissé assez indifférente, par contre il y a de très bons personnages secondaires qui apportent un peu de piquant.
J'ai été surprise que les australiens connaissent si mal l'histoire du peuple aborigène. J'avoue que je n'y connais pas grand chose, mais je n'habite pas en Australie ! Si j'y habitais, je m'intéresserais à ce qui s'y passe et à l'histoire de ce pays.
L'appel du cacatoès noir est un roman intéressant qui permet de découvrir la culture aborigène, leurs us et coutumes. Mais il aurait pu un peu plus creusé, et surtout par moment j'ai trouvé le raisonnement de l'auteur un peu simpliste.
Ce n'est pas désagréable à lire, loin de là, mais je ne suis pas certaine d'en garder un immense souvenir.
Vous l'aurez compris, mon avis est assez mitigé, d'où le trois étoiles et demie.
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Ce récit m'a passionnée. L'auteur nous raconte comment, en plein cours de littérature aborigène, il annonce qu'il a grandi avec un crâne aborigène dans son salon. Devant les regards horrifiés ou consternés de la classe, il réalise 1. qu'il a gaffé, 2. que ce n'est pas anodin d'avoir un crâne dans son salon. A partir de là, il décide de rendre Mary (le crâne) à sa famille. Et c'est le début d'une lente prise de conscience sur le racisme d'état en Australie, l'image toujours négative véhiculée sur les "noirs", le combat des aborigènes pour se voir restituer les dépouilles de leurs proches étiquetées dans des musées ou utilisées comme cendrier chez des particuliers. L'histoire autour de Mary est très émouvante. L'auteur décrit la situation avec beaucoup de candeur sans omettre ses horribles gaffes. Il se positionne comme l'Australien lambda qui ouvre enfin les yeux sur l'histoire de son pays. Il n'essaye pas non plus de s'approprier la culture aborigène en nous faisant un cours. Il se limite donc à nous décrire son expérience, son histoire et son lien avec Mary. Une super lecture !
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«Pourquoi tant d'histoires ? », « Pourquoi toute cette histoire ? », ces phrases si souvent entendues, qui n'ont que l'apparence du questionnement, qui parlent d'indifférence, de désintérêt, voire de mépris, ces phrases qui portent le choix d'ignorer tant de choses importantes, qui ont longtemps requalifié d'anodines les traces laissées par des actes abjects.
C'est une de ces histoires là dont John Danalis nous fait toute une histoire, nous livre tous les détails. Passionnante, réparatrice.
« Le diable est caché dans les détails » dit-on, il s'y niche aussi de belles occasions de prises de conscience, de celles qui travaillent au corps, contaminent le quotidien jusqu'à transformer le cours d'une vie. Cela commence comme de rien, mais c'est toute une histoire.
Je n'en dis pas plus, répondez à l'appel du cacatoès noir pour suivre les pas de ce roman si rafraîchissant en ces temps de braises et de sang.
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N° 1533 – Mars 2021

L'appel du cacatoès noir – John Danalys – Éditions Marchialy.
Traduit de l'anglais (Australie) par Nadine Gassie.

Je remercie les éditions Marchialy et Babelio qui m'ont permis de découvrir ce roman.
John Danalis est Australien, blanc, écrivain, et a passé sa jeunesse avec Mary, un crâne aborigène, dans le salon de ses parents. Pour eux ce n'était qu'un élément de décoration et pour lui un jouet original. Un peu par hasard, à quarante ans, en 2005, après un parcours professionnel hésitant, il le retrouve, prend conscience que sa place est au sein de son peuple et fait voeu de l'y rapporter. Ce choix va changer sa vie et celle de ses proches. Jusqu'à présent, pour lui l'Australie c'était le folklore des kangourous et les Aborigènes un mystère, un peuple jamais croisé, tout juste aperçu de loin et dont les membres vivaient parqués dans des communautés. C'est aussi, depuis toujours, un pays d'immigration et de conquête intérieure avec confiscations de leurs terres aux indigènes. Pire, il y a un thème récurent, celui de « la génération volée »qui, à partir de 1814, a consisté à voler les bébés des autochtones pour les placer dans des institutions ou les confier à des familles blanches ; pour nous européens cela rappelle le nazisme de la Seconde guerre mondiale mais cela correspondait à une volonté de perpétrer un génocide culturel et spirituel en même temps que d'en effacer les traces. Pourtant, auprès des Aborigènes locaux et même au sein de la famille de John, son projet de restitution de ce crâne, avec rituels religieux, protocole culturel et autorisations des clans, emporte l'accord enthousiaste de tous. Ce qui n'était au départ qu'une simple intention devient rapidement un événement local avec la présence d'un couvre-chef traditionnel en plumes de cacatoès noir, totem emblématique de la tribu à laquelle appartenait Mary.
Au départ, quand j'ai ouvert ce livre, je me suis dit que j'allais devoir le parcourir par obligation et qu'il allait sûrement me tomber des mains. Pourtant, au fil de l'histoire de John, apparemment un récit autobiographique plus qu'un roman, on découvre petit à petit une foule de centres d'intérêt et ce d'autant plus que le texte est bien écrit et devient passionnant. le lecteur l'accompagne dans un mal-être puis dans une profonde dépression avec de « folles » intentions suicidaires à cause de la prise en compte progressive de faits avérés à connotation xénophobe qui se sont succédé au cours de l'histoire de l'Australie, un peu comme s'il en faisait une affaire personnelle avec l'inévitable culpabilisation judéo-chrétienne qui gangrène nos sociétés et nos consciences. Il nous la présente comme la conséquence directe de cette « rencontre » avec Mary et surtout son histoire et celle de ce peuple opprimé par les colons anglais, arrivés sur cette terre avec l'intention précise d'en expulser les occupants en les massacrants, de prendre leur place et d'y prospérer. C'est le geste ancestral de tous les colonisateurs qui révèle encore une fois le côté sombre de l'espèce humaine, avec en prime un discours moralisateur, altruiste, hypocrite et bien-pensant avec une volonté de civiliser et d'humaniser ces peuples. J'ai cependant du mal à imaginer qu'il ait dû attendre l'âge de quarante ans pour prendre réellement conscience de ce racisme, que ce crâne n'ait été pendant ses années d'enfance qu'un jouet sans qu'il ne pose aucune question à ses parents d'un niveau culturel élevé et que ces autochtones n'ai été qu'un décor lointain. Qu'il dénonce la réponse psychiatrique qui consiste en l'administration de médicaments toxiques, je veux bien le croire, qu'il ne trouve sa guérison qu'en mettant des mots sur ses maux, pourquoi pas si cela fonctionne, encore que j'ai toujours un petit doute sur l'aspect libératoire à long terme de la parole.
Je ne suis pas spécialiste de ce pays mais il me semble que les Aborigènes sont pour lui un problème récurrent, qu'une véritable réconciliation n'est pas possible et que ce qu'à fait John, pour être remarquable, n'en restera pas moins lettre morte. On maintiendra les autochtones dans un état d'infériorité en méprisant leur philosophie et leur culture ravalées au rang de folklore en maintenant leurs restes dans des musées.

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J'ai d'abord cru que ce livre était un roman avant de me rendre compte, au bout de quelques pages, qu'il s'agissait du récit d'un retour en terre aborigène.
L'auteur, John, se rend compte que dans la bibliothèque de ses parents trônait un crâne aborigène régulièrement dépoussiéré. Un peu désoeuvré, John décide que ce crâne doit rentrer chez lui pour être enterré dignement avec ses ancêtres et ses descendants.
Commence pour lui une quête sur l'histoire du peuple premier australien qu'il nous fait découvrir.
J'ai aimé suivre l'émerveillement de John devant la richesse insoupçonnée de la culture aborigène.
J'ai aimé assisté à la cérémonie de retour des restes.
Dans ce journal des événements, John décrit les aborigènes comme des gens placides qui rigolent tout le temps. Pas certaine qu'ils soient tous aussi bienveillants envers les Blancs….
Et le cacatoès, me direz-vous ? Cet oiseau a malheureusement disparu d'Australie, mais est resté un Animal Totem.
Une lecture plaisante sur un australien blanc qui découvre les aborigènes de son pays.
L'image que je retiendrai :
Le crâne est celui d'un homme, mais la famille l'avait surnommé Mary.
Lien : https://alexmotamots.fr/lapp..
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Une épopée presque romanesque au pays des anciens, de celle qui ne laisse ni indifférent, ni qui s'oublie. Ou comment un quadra qui se décide à reprendre ses études, rempile à l'université et qui sous couvert d'une anecdote, pour faire briller son ego et sa soif de reconnaissance, va l'emmener finalement sur bien d'autres chemins... de ceux de l'Histoire, des coutumes Arborigènes, vieilles de 60000 ans !
.
Un voyage prenant, une lecture aisée, la découverte d'une jolie édition... Un pti hic : dommage que l'auteur n'ait pas creusé plus la partie spirituelle et partagé davantage de ce côté !
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