... quand on raconte une histoire autour d'un feu, la nuit recule et se fait attentive.
L'écriture est un tatouage et, derrière le tatouage, il y a un corps à libérer.
Chercher les mots justes, écrire jusqu'à contraindre les objets à devenir consistants et les vies à avoir un sens est une magie douce, l'aboutissement de ma tendresse.
C'était la fin du jour, de la poussière jaune pénétrait les choses en sourdine, le silence était celui d'un désert sec, tout en pierres et trébuchements. Un lézard frissonnait sur le mur. Il tenta de ressembler au tracé d'une lettre arabe puis s'éclipsa.
j'ai découvert un jour que le mot page est né du mot pays. De fait, quand on ouvre un livre, on pénètre un monde.
Je crois qu'il ne comprenait pas pourquoi on allait le sacrifier, lui, cette fois, et pas un autre (chacun pense que la vie ne peut être que le spectacle de son éternité, et la scène de la mort, oui, mais de la mort d'autrui, toujours!) [...].
Quand les autres somnolent déjà, fatigués, moi j'examine la nuit à sa naissance évasée, attentif à ses rites qui restaurent l'infini dans le creux du ciel. Et je peux veiller longtemps, à lire ou relire mes livres, quand la nuit s'avance et que tous dorment sur le dos d'une baleine universelle et lente.
J'ai longtemps adoré le mot rétine car il ressemble à un creuset, le lieu de tous les levers de soleil possibles.
Marcher dans la nuit est exaltant car on y est absous de son corps, indistinct et donc libéré. La gravité vient du soleil, de la lumière crue.
La mort? Elle inspire la foi aux spectateurs et la fait perdre au mourant.