AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,22

sur 191 notes
Meursault, contre-enquête était un livre formidable. Impossible de ne pas poursuivre avec Kamel Daoud et ce Zabor qui s'annonçait comme une fable, une parabole, une confession vertigineuse (dixit la quatrième de couverture). le sous-titre du roman, Les psaumes, aurait pu pourtant alerter. D'emblée, le personnage dont on va lire le monologue est parfaitement identifié et son don révélé : par l'écriture, il réussit à repousser la mort du corps de villageois dont la dernière heure avait pourtant sonné. Et un grand défi l'attend : faire de même avec son père avec lequel les relations ont toujours été tendues. Pendant plus de 300 pages, d'une écriture ciselée et très belle, d'autant plus que sa langue maternelle n'est pas le français, Zabor raconte ou plutôt s'épanche sur son cas, clamant son amour des mots, de la littérature et de l'écriture. Un roman, vraiment ? Certes, le livre narre la vie de Zabor, au gré des chapitres, de ci, de là, dans le désordre; mais ne serait-ce pas plutôt un essai déguisé en conte, sur une thématique certes passionnante mais étirée en longueur et redondante au fil de pages qui semblent de plus en plus lourdes à tourner. Ce personnage de Zabor, comme celui de sa tante et de son père ou encore de la veuve qu'il aimerait aimer, sont tout à fait dignes d'intérêt mais les péripéties de leurs existences sont noyées par de longs passages aux frontières de l'hermétisme qui suscitent une lassitude certaine, tout du moins chez ceux qui, dans un roman, privilégient le récit pur et dur. Un rendez-vous manqué qui n'enlève rien au talent certain de Kamel Daoud mais qui fait s'interroger. Brillant journaliste, l'oranais est également un très bon écrivain mais est-ce bien le roman, le genre dans lequel il trouve sa meilleure expression ?
Commenter  J’apprécie          672


En ouvrant le dernier roman de Kamel Daoud, Zabor ou les Psaumes, j'ignorais que je partais en voyage, initiatique parfois, mémorielle, souvent.
Je partais avec lui comme guide. Lui, Zabor, ou Daoud. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
Dès les premières pages, le décor est posé, les personnages aussi. Les héros de ce roman seront incontestablement, les mots.
Kamel Daoud a le don de nous surprendre à chaque fois, en posant des questions simples, pertinentes, presque évidentes mais que personne ne pose, du moins aussi clairement. «  le premier mot du livre sacré est « Lis »- mais personne ne s'interroge sur le dernier… Je me demandais aussi pourquoi l'injonction était faite au lecteur, et pas à l'écrivant. Pourquoi le premier mot de l'ange n'était- il pas « Ecris ».
Mon accompagnateur, Zabor, « Robinson arabe d'une ile sans langue », qui a le «  don d'écrire pour faire reculer la mort », se révéla à lui-même en découvrant et maitrisant son prénom… . «  Je venais de découvrir que l'écriture d'un prénom est une fenêtre mais ne faisait pas disparaitre le mur »…
Nommer les choses, c'est les faire exister, mais aussi les perpétuer. de là, est née la passion de l'inventaire, pour contrer l'oubli et repousser la mort des hommes, des choses.. de l'univers en somme… « Je ne connaissais pas le mot « sommaire » mais je pense que c'est l'essence première de la langue, la comptabilité du possible ».
Une volonté d'inventorier les choses qui se mua en mission secrète et devoir absolu.
« Je voulais tenter une sorte de rapport sur les nuances »
Cette phrase résume parfaitement à elle seule toute la poésie tapie, cachée, dans ce roman. Contre toute attente, Daoud nous livre ici, une écriture baignée de douceur, avec un amour sans fin aux mots. Et les mots, il y en a dans ce livre. Zabor ou les psaumes, au-delà du récit de l'enfance et pérégrinations de ce prodige Zabor, est une invitation au jeu. Jouez à compter, évaluer le nombre de mots différents dans les 330 pages que compte ce livre. Vous serez surpris de découvrir un éventail de descriptions, allant des iles désertes au Désert, en passant par l'océan, les collines, les montagnes…. Ce que Zabor aspirait à faire, Daoud l'a fait.
Encore une fois grâce aux livres et par une ingénieuse ruse formelle, celle de donner un nom de livre qu'il a lu, à chaque cahier qu'il noircit, Daoud/ Zabor, rend hommage à ces ouvrages qui lui ont ouvert le monde. L'usage de l'italique permet d'en délimiter les territoires.
le voyage entrepris est alors merveilleux et infini.
Merveilleux, par les réminiscences livresques qu'il peut alors susciter dans chaque lecteur qui sommeille en nous. Merveilleux surtout, par les curiosités qu'il peut titiller, les découvertes qu'il peut provoquer. Zabor ou les psaumes, un livre tiroir, une fenêtre sur lecteur, un oeil de boeuf sur son âme d'enfant.
Je me suis amusée alors à jouer avec lui. A le suivre au mot- pardonnez le jeu de mot, il était si facile. A le défier. D'abord faire un inventaire des livres qu'il cite. Ils ne sont pas là par hasard. Non, pas avec un auteur aussi chevronné, pour qui la précision fait office de religion. Je ne les citerai pas ici, à dessein, celui de vous laisser vous faire prendre au jeu à votre tour.
J'ai ensuite poussé le jeu plus loin, en lui répondant, ouvrage contre ouvrage, livre contre livre. Sa description mystique du désert, de la nuit, me replongea alors, dans le petit prince de Saint- Exupéry, ou encore, dans le somptueux, « Les mages » d'Ibrahim al Koni,
Il me rappela Frison Roche dans « Premier de cordée », «  Les fils de la médina » de Naguib Mahfouz, tant le récit est parsemé, voir jalonné de récits religieux mais aussi ; ses recours très nombreux au Livre sacré. 
Zabor, l'orphelin, me ramena aussi à l'autre orphelin de « W ou le souvenir d'enfance » de Georges Perec grand chantre de l'inventaire jusqu'à la litanie.
Il réussit aussi à m'arracher une larme, en me replongeant dans l'univers de Mouloud Mammeri ou Mouloud Feraoun, délicieuses et puissantes descriptions d'une société rurale, aux prises avec de lourdes coutumes et traditions.
Kamel Daoud réussit en fin de compte à me ramener à des lectures enfouies dans les profondes strates de ma mémoire. Il a été le temps de son livre, l'archéologue de mes lectures.
On l'aura compris, Zabor ou les psaumes, est un objet ciselé, une dentelle finement détaillée. C'est une ode à la beauté des lettres et de leur envol dans la calligraphie arabe, ode à la beauté du geste du scribe maitrisant l'entrelacs et l'enlacement presque à l'infini. Une ode à la beauté des lieux, de la nature, du bestiaire. L'écriture devient alors le Calame de Daoud pour graver à jamais toute la beauté de son arrière-pays.
Daoud n'en oublie pas pour autant sa légendaire lucidité, devant certaines contradictions de notre société brillamment transposées dans celle de Zabor. le roman se retrouve ainsi parsemé de réflexions à l'argumentaire parfaitement construit, donnant au lecteur matière à méditer et certainement à débattre.  
L'humour n'est pas loin non plus ; on le devine dans certains passages jubilatoires, comme celui où il évoque El Hindi ou figues de barbarie : «  il ne faut pas en manger beaucoup car cela remplit alors le ventre d'une pierre tombale et on meurt de constipation en accouchant d'une montagne »
Enfin, je ne pouvais passer à côté de ces mots, qui résument presque tout : 
« Chercher les mots justes, écrire jusqu'à contraindre les objets à devenir consistants et les vies à avoir un sens est une magie douce, l'aboutissement de ma tendresse »
Je veux croire que le dernier livre de Kamel Daoud est un écrin de tendresse. Une main de fer dans un gant de velours.
Il est temps pour moi de vous laisser embarquer avec Kamel Daoud, à bord du vaisseau Zabor ou les Psaumes. Laissez votre imagination s'envoler, goutez chaque mot, prenez votre temps ; car les mots sont éternels.

Imen Bessah Amrouche
Aout 2017

Commenter  J’apprécie          490
Quelle superbe écriture. Ciselée, poétique, pleine d'arabesques, sensuelle par moments.

C'est surtout cette écriture qui m'a fait aimé ce livre, cette magie dans le style et la narration, et, en arrière-plan, le pouvoir de l'écriture et du livre, capable chez Zabor de repousser la mort. Qu'en sera-t-il de celle de son père alors qu'il a été jeté dans le désert avec sa mère répudiée ?

Conte plus que roman, fait d'aller-retour, de soubresauts : il est malgré ses 300 pages, peut-être un peu trop long. L'écriture est belle, mais l'histoire ne m'a pas emportée. J'ai de loin préféré son Meursault, contre-enquête. Mais je suis difficile, c'est un bon moment de lecture quand même.
Commenter  J’apprécie          390
C'est un roman-conte plein d'enseignements et d'audace. "Zabor ou les psaumes", est une belle ode à l'écriture, aux mots, aux livres et aux questionnements salvateurs.
Orphelin de mère, Zabor, le personnage principal de ce texte captivant, assiste, tout seul, le vendredi 8 août 1984 à la mort de son grand-père Hadj Hbib. Zabor n'a alors que quatorze ans mais il trouve le réflexe de lire au père de son géniteur Hadj Brahim un extrait de roman écrit en langue française. Zabor ne vit pas avec son père, Hadj Brahim qui s'est remarié. Hadjer, une tante célibataire l'accueille chez elle, dans une demeure un peu à l'écart d'Aboukir, ce village qui ressemble à tant d'autres dans ce pays fier de son indépendance depuis quelques années.
Devant tous les malentendus qui se dressent devant lui, Zabor se réfugie dans la lecture, puis l'écriture; il noircit des cahiers et il se découvre un pouvoir insoupçonné. "Ecrire est la seule ruse efficace contre la mort. Les gens ont essayé la prière, les médicaments, la magie, les versets en boucle ou l'immobilité, mais je pense à être le seul à avoir trouvé la solution: écrire." Au fil du temps, la réputation de Zabor se propage; de plus en plus de gens viennent solliciter son pouvoir de s'opposer à la grande Faucheuse.
Zabor se raconte, il donne à lire également des extraits de ce qu'il scribouille dans ses 5436 cahiers. Chaque cahier porte un titre de roman qui l'a marqué ; ces titres voyagent beaucoup: le Quai aux fleurs ne répond plus, les Chemins qui montent, Lumière d'août, Saison de la migration vers le nord..."Rien d'autre à dire: le véritable sens du monde était dans les livres (...)". Zabor n'aime pas beaucoup son père, il n'a pas de bons rapports avec demi-frère, il est cependant à l'écoute de tout ce qui se passe à Aboukir. "Parfois, quand la saison est bonne, je croise le retour des amateurs de vin qui vont boire dans les champs, discrets, un peu honteux, titubants mais stricts dans leur effort pour paraître sobres. J'ai de la tendresse pour leur sort : il n'est pas facile de boire dans ce pays sans se faire lapider par les yeux ou même les pierres".
Malgré les réticences de certains, le pouvoir de prolonger la vie de Zabor est reconnu. Et quand son père, Hadj Brahim, est agonisant, tous les yeux des habitants d'Aboukir se braquent sur lui. Va-t-il encore une fois sauver une vie humaine grâce à ses écritures, ou bien va-t-il laisser son géniteur partir, pour se venger de tant de brimades ? "J'ai décidé de tout disperser en descendant de la colline, de repeupler l'île avec mes pages, d'en faire la révélation finale et de transformer la chair même d'Aboukir en manuscrit. La création est un livre ? Mon village et les siens sont des cahiers, des talismans, des prescriptions contre le néant".
A travers ce roman-conte, Kamel Daoud continue ses nombreuses quêtes en approfondissant des thématiques déjà abordées dans ses chroniques, ses nouvelles et ses interventions médiatiques. il y a dans Zabor ou les psaumes,dans ces précieuses descriptions de la vie des petites gens du Rachid Mimouni (L'Honneur de la tribu) ou encore du Ali Malek (Les Chemins qui remontent). Zabor ou les psaumes est un livre qui vaut le détour, c'est un texte qui peut réconcilier certains avec la lecture. Un peuple qui ne lit pas ne sera jamais libre.

Commenter  J’apprécie          333
Même si on a déjà beaucoup entendu parler de Kamel Daoud, Zabor n'est que son deuxième roman... et le dernier à ce jour. Après l'exercice qu'était Meursault contre-enquête (un roman réponse à l'Etranger de Camus, il fallait avoir l'audace de le faire tout de même !), ce Zabor semble très vite être beaucoup plus personnel. Le romancier Daoud y cherche son style, raconte en partie son histoire à travers son personnage principal (Zabor est le nom arabe du livre des Psaumes, écrit par David... Daoud en arabe...).

L'ode au livre, à la lecture, à l'écriture traverse tout le roman... et une contestation osée (mais qui n'étonnera pas chez Daoud) de l'existence d'un Livre Unique qui aurait réponse à tout. La découverte des diverses langues de l'Algérie se fait dans le mystère, elle sont longtemps non nommées et pourtant si faciles à deviner entre les lignes : l'algérien (darija), l'arabe et le français, tout ce qui a construit l'identité de l'auteur. Le côté fable est très présent avec le pouvoir donné à l'écriture, celui de maintenir en vie, de sauver de la mort; littéralement et effectivement dans le roman, mais on ne peut que penser à l'écriture qui permet de garder une trace dans l'histoire pour les générations futures mais aussi de l'écriture comme rempart contre l'obscurantisme, comme parapet face à la folie où pourraient nous plonger les horreurs de ce monde.

Alors que son premier roman était "tenu" par l'impératif du face à face stylistique avec Camus, Daoud se trouve ici à nu, avec pour seule obligation son envie de trouver sa langue pour parler à son lecteur. La quête du personnage principal devient la quête de l'écrivain. On est toujours tenté par la référence à des grands anciens, et j'ai retrouvé un peu du réalisme magique d'un Garcia Marquez (le village parfaitement décrit, mais également totalement décalé par une part de surnaturel). Les trouvailles métaphoriques sont légion, là encore comme celles que Zabor finit par trouver au bout de sa quête. Même le ressassement qui pousse à une répétition lancinante de certaines tournures, de certains événements inlassablement repris à l'identique, ce ressassement est aussi celui de Zabor qui n'avance dans sa conquête de l'écriture d'imagination que par cercles successifs, lui ouvrant de plus en plus l'espace au sein du village. Le rapport au temps est totalement torturée (des passages en italique invoquent le présent au milieu du récit pas forcément chronologique de la vie de Zabor).

On sent un romancier en formation, fort de bases solides mais cherchant encore sa voix, mais plein de tellement de promesses qu'on attend avec impatience un troisième roman. On se consolera en attendant avec les récits non-fiction et les chroniques du journaliste Daoud.
Commenter  J’apprécie          235
Zabor ou les psaumes : c'est une mélodie au rythme uniforme et invariable sur un thème qui va monter dans un crescendo ostinato ( comme le boléro de Ravel )...
Le thème est Zabor ( ou Daoud ) : cet agneau qui a perdu sa mère répudiée par un père riche boucher qui l'a relégué dans une petite maison du bas d'Aboukir avec sa tante Hadjer..
Zabor est chétif, non circoncis comme le veut la tradition, il bêle, a peur du sang, du jour, de son clan et particulièrement de ce père qui l'a sacrifié à l'autel de sa religion et de ses principes !
Mais la nuit pour leur échapper, il découvre qu'en écrivant il se libère, ( 5436 cahiers) , qu'il peut apaiser et, même repousser la mort !
Il va découvrir la sexualité, la sensualité, l'altérité en lisant des romans français et comprendre le pouvoir libérateur des mots, du langage.
Il abandonne les guérisseurs, les sorciers, les médecins, les récitateurs et les sourates du livre Sacré.
Son père est mourant et ses 1/2 frères l'appellent pour sauver celui qui n'a jamais su l'aimer, mais il est un devenu un homme libre et n'est plus un agneau, plus un esclave du Taleb, de la médiocrité de son village, de l'oppression de sa langue arabe ...a t'il encore envie de sauver son géniteur et aider les siens qui commencent à se distribuer les terres, les moutons ? le sable roux du Sahara, le vent, la tempête, la beauté de son pays libéré des colons lui apportent la liberté et l'extase !
Ce roman est une fable, un bestiaire, un chant ,un psaume, un hymne à la libération par l'écriture, par les mots et, Kamel Daoud nous entraine avec son style ciselé, poétique, lyrique et métaphorique dans une spirale envoutante !
Commenter  J’apprécie          163
Après avoir lu avec beaucoup d'intérêt "Meursault contre enquête sorte de suite au roman célèbre de Camus L'étranger et son livre de chroniques Mes indépendances je viens de terminer son dernier livre,un roman Zabor ou les psaumes paru il y a quelques jours chez Actes Sud comme les précédents.
Ce roman est dans une veine nouvelle et se présente comme une sorte de conte (mais on aimerait en connaître le côté autobiographique!) dans lequel un jeune, dans un village reculé d'Algérie mène une vie à part car il a un don, du moins le croit- il et le croit- on autour de lui, celui de faire reculer la mort en écrivant sur ceux autour desquels rode la faucheuse.
Ce jeune éloigné par son père remarié dés son plus jeune âge vit chez une tante célibataire et son vieux grand père dans un village aux portes du sud. Cette tante qui ne s'est jamais mariée passe une partie de son temps devant des films de la télévision en noir et blanc et le jeune narrateur lui traduit les sous-titre en français comme le jeune Albert Camus traduisait a sa grand mère les sous titre des films muets de l'époque.... Ce village colonial avec un bas et un haut, avec ses maisons pas finies, avec son cimetière européen abandonné où se retrouvent quelques jeunes désoeuvrés ou voulant boire en cachette, avec ses clôtures faites de figuiers de barbarie vit dans une sorte de léthargie et seule l'imagination permet au jeune narrateur de s'en accommoder.
A cause de son don il se rend, à la demande de la famille, auprés de son père mourant, celui-là même qui l'a exilé dans la maison du bas avec sa tante pour qu'il tente d'éloigner la mort en écrivant.
Voilà le cadre mais l'essentiel est une réflexion sur la langue ou plutôt sur les langues et sur l'écriture. D'abord les deux langues de son enfance, l'arable littéraire de l'école et l'arable courant de la maison.En ce qui concerne l'arable littéraire il écrit "Jamais je ne parvins a en faire un rite; ce n'est ni sa faute ni la mienne mais celle de ceux qui la présentèrent comme un bâton et pas comme un voyage,comme un langage de Dieu à peine permis aux hommes, et cela me rebuta dés mon enfance. La vérité est qu'elle était mal enseignée, par des gens frustes aux regards durs. Rien qui puisse ouvrir la voie au désir."
Par ailleurs le concours avec l'arabe dialectal va ,aussi, l'écarter de ces langues. "D'un coup,parce que passibles d'être désignés par deux langues (dont l'une est celle de Hadjer,qui continue de dérouler sa parole derrière la porte), les arbres de la maison,les murs, la vigne, les cuillères et même le feu prirent un visage étranger. C'est de là que datent ma maladie et mes premiers tourments"
Il va ensuite lire de vieux livres laissés par les français et il fait dans ce roman un très bel éloge de la lecture qui, dans le fond l'a constitué.
"Pourquoi écrit-on et lit - on des livres? Pour s'amuser répond la foule, sans discernement.Erreur;la nécessité est plus ancienne,plus vitale.Parce qu'il y a la mort,il y a une fin, et donc un début qu'il nous appartient de restaurer en nous,une explication première et dernière"
Et ce qui va l'amener à écrire ce sont quelques livre et,en premier lieu Robinson Crusoé et son perroquet, un vieux livre "La chair de l'orchidée" qui va l'éveiller a la sensualité, les Mille et une nuits à l'imagination mais aussi, peut être, un traumatisme né du mouton sacrifié sous ses yeux un Aïd Kebir, traumatisme qu'il décrit si fortement!
Ce don de l'écriture est aussi une prison pour lui :"Je savais que j'étais prisonnier de mon don et d'Aboukir ( L'Algérie!),que je ne pouvais pas quitter ni rester immobile et inactif. Voyageur par l'imaginaire je devais y demeurer pour maintenir en vie les miens, les façades des murs, les vielles maisons, les arbres et les enfants malades et les poteaux et même les cigognes et les objets incongrus." (N'est-ce pas là le destin de Kamel Daoud lui-même menacé mais demeurant dans son pays?)


Ce roman est foisonnant et il mérite d'être lu et relu et comme tous les grands textes on n'en épuise pas tout le sens. La critique que j'attends va y trouver beaucoup de ce qu'est aujourd'hui Kamel Daoud cet intellectuel courageux et engagé qui a réussi a s'extraire d'un milieu qui ne devait pas le conduire là où il est aujourd'hui et c'est cette métamorphose qu'il nous présente dans ce conte qui est aussi, selon moi, une sorte d'autobiographie, un roman de la formation, un peu les Mots de Jean Paul Sartre ou Si le grain ne meurt de Gide mais en moins direct.
Lien : https://jpryf-actualitsvoyag..
Commenter  J’apprécie          160
Ca partait bien, l'histoire était accrocheuse : dans un village algérien, Zabor, un jeune homme rejeté par son père et mis à l'écart de sa communauté, est persuadé que le temps de vie des villageois est relié à sa capacité d'écriture. Quand la mort vient frapper à la porte du noyau familial dont il a été exclu, on le somme d'écrire afin de raviver son père mourant.

Et puis, en plus de ce point de départ aguicheur, on ne peut s'empêcher d'être frappé·e par la qualité du style d'écriture, le récit étant raconté du point de vue de Zabor. Cependant, ce style s'avère au fil des pages surchargé et pompeux. Oserais-je le qualifier d'élitiste ? Il encombre trop rapidement la lecture, qui devient fastidieuse, et dessert la beauté et la poésie de l'histoire dont il aurait pu être question. En lisant ce livre, j'avais l'impression d'être face à un brouhaha intérieur incessant. Comme le moulin des pensées qui s'active avant de trouver le sommeil. Vous savez, celui qui vous dit aussi bien "est-ce que j'ai bien fermé la porte d'entrée à clés ?" que "suis-je heureux·se dans ma vie ?", ou encore "elle était vachement bonne la mousse au chocolat de ce midi !". D'ailleurs, le narrateur décrit parfaitement ce processus lui-même : "D'où vient ce verbiage dans ma tête que rien n'arrête ? Colère et dents serrées. Derrière le don bavard, une sobre certitude, parfois masquée, parfois tenace, qui me répète ce que me dit mon père depuis toujours : je suis tordu."

329 pages sur ce ton, de description minutieuse d'un long processus de découverte et d'appropriation de la lecture et de l'écriture, ce fut trop pour moi. le fil rouge sur le pouvoir de la langue - écrite ou parlée - aurait pu être somptueux, mais son raccrochement au sexe m'a complètement perdue.

Heureusement qu'il reste une douce description d'un village algérien dans lequel nous plonge Kamel Daoud, et des références littéraires (Les Mille et Une Nuits, Robinson Crusoé) qui réconcilient avec le plaisir des livres, quelque peu esquinté par la lecture de Zabor ou les psaumes.
Lien : https://chezlaurette.wixsite..
Commenter  J’apprécie          150
Zabor est un livre sur l Algérie sur la difficulte d être un écrivain qui écrit en français dans ce pays qui se sent martyrisé par la France telle qu elle a pu exister ou telle qu on peut l imaginer
Commenter  J’apprécie          120
Un livre qui m'a beaucoup ennuyé , il tourne de façon obsessionnelle autour d'une seule idée :l'écriture comme moyen de lutter contre la mort .K daouad sait qu'il est dans le bavardage sans queue ni tête, il a le mérite de le reconnaitre même :
"Un homme qui dit qu'il écrit pour sauver des vies est toujours un peu
malade, mégalomane ou affolé par sa propre futilité qu'il tente de contrer par le bavardage"
Son rapport à l'écriture est l'expression de la pensée magique , il ne diffère pas beaucoup des guérisseurs qui utilisent des hourz , c'est à dire des textes écrits à la main , talismans qu'ils trempent dans l'eau pour faire boire le jus au malade .
Le titre renvoi à la mégalomanie de K daouad , le nom de zaboor renvoi au livre sacré du roi david, le zabur , autrement dit il s'imagine être un prophète comme l'était le roi David , Ce rapprochement est fait à partir du nom de l'écrivain Daoud qui est l' appellation de David en arabe.
Ce livre est applaudis en France juste parce que kamel Daouad, en aliéné qu'il est, affirme la supériorité de la langue et la culture française sur la langue et la culture arabe .
Commenter  J’apprécie          121




Lecteurs (600) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Minotaure

Qui sont les parents du Minotaure

Poseidon et Athéna
Pasiphae et minos
minos er athena

4 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Le Minotaure 504 de Kamel DaoudCréer un quiz sur ce livre

{* *}