Citations sur Journal de voyage, tome 1 : Lettres à son mari, 11-8-19.. (63)
Ne sommes-nous pas tous, au fond, de grands enfants, chacun jouant un jeu, et les plus sages, les plus avisés sachant que c'est un jeu. Ce savoir-là est peut-être bien toute la sagesse.
La bravoure est encore la plus sûre des attitudes. Les choses perdent de leur épouvante à être regardée en face, comme les fantômes que crée l'ombre de la nuit, elles apparaissent toutes différentes à celui qui marche vers elles et les scrute.
C'est la mentalité du mouton qui ne peut vivre loin du troupeau. [...] Il y en a qui souffrent de la solitude sentimentale, du manque d'amitié ou de tendresse, qui ont besoin qu'on s'occupe d'eau, qu'on les cajole. Les enfants sont dans ce cas! Les petits et beaucoup de grands enfants aussi.
Quel sujet de rire, quelle joie y a-t-il dans ce monde?
Combien nombreux ils ont été ceux qui, petits ou grands, géniaux ou naïfs, ont tenté de rassembler l'humanité misérable pour une vie plus haute ou plus douce et combien se sont fait tuer à cette tâche qui semble impossible et qui reste pourtant l'invincible tentation à laquelle cède, chaque jour, quelque âme hantée par le rêve éternel, le rêve fou, peut-être, qui fait les Christ et les Bouddha.
jamais on n'est un grand homme pour ses intimes!...
Une philosophie ne descend pas du ciel, elle naît dans le cerveau des humains et ce cerveau est fils de son milieu.
24 octobre 1904 : Il est peu philosophique de reprocher à un autre l'état d'esprit dans lequel on est et qui provient surtout, de son propre organisme. Un autre y eût-il contribué comme facteur déterminant, cet autre était-il libre d'agir autrement ?… Hérédité, atavisme, éducation, enchaînement perpétuel des effets et des causes. Je suis une mauvaise bouddhiste de l'oublier, et si je t'ai contristé je le regrette. Donne ta main mon pauvre cher Mouchy que je la serre affectueusement.
211 - [Presses-Pocket n° 2841, p. 26]
Il fait froid et triste quand on demande aux êtres de vous être un soutien, de vous réchauffer, d' alléger le fardeau de misère inhérente à toute existence. Nul d'eux n'a réellement le souci de le faire, nul d'eux ne le peux vraiment. C'est en soi qu'il faut cultiver la flamme qui réchauffe, c'est sur soi qu'il faut s'appuyer.
Quelque chose de plus fort que l' homme est en l' homme, qui le mène par des sentiers qui semblent incohérents. Bienheureux pourtant sont ceux qui y marchent.