Citations sur Journal de voyage, tome 1 : Lettres à son mari, 11-8-19.. (63)
C'est un invincible besoin pour les yeux trop clairvoyants d'oublier la hideur des autres et de soi-même.
Il est très peu philosophique de reprocher à un autre l'état d'esprit dans lequel on est et qui provient surtout de son propre organisme.
Vous qui me promettez tant de soleil, pourquoi m'avez-vous jetée dans la nuit ?
L'anniversaire n'est en somme, que la commémoration de la farce sinistre que nous ont faite nos parents en nous mettant au monde. Voilà un sujet qui ne prête guère aux réjouissances.
Souffrir est absurde et laid. Toute souffrance est désordre. Mieux vaut s'accommoder des choses, ou les briser que de pleurer à la lune.
Je n'ai rien eu, rien qu'un orgueil qui était mon refuge, qui me tenait lieu de tout. Maintenant qu'il s'est miserablement effondré, je suis perdue au milieu de la foule, poussée par des mobiles qui me répugnent.
De quelle planète suis-je donc? Pas de celle-ci, assurément, j'y suis trop mal à l'aise!..
Les choses sont comme le sable fin qu'on s'efforce de garder, de serrer dans sa main, comme l'eau qu'on veut saisir entre les doigts, aussi crispés qu'ils soient, sable et eau coulent, coulent... Tout passe, tout fuit... [...] Le monde est ainsi fait, d'impermanence, de perpétuel changement.
Si je dois vieillir, j'ambitionne la vieillesse travailleuse d'un Élisée Reclus et de tant d'autres qui sont demeurés lucides jusqu'à la fin. Eh! oui, avec tout ce que je récolte aujourd'hui je bâtirai, pour mes dernières années, un refuge. Ce seront des livres, des études... Un peu de sagesse glanée de-ci, de-là.
Il est des êtres à qui la solitude est affreusement pénible. Je crois bien qu'elle l'est à tout le monde, seulement, selon les caractères divers des mentalités, la "solitude" revêt d'autres aspects. Il est des gens qui ne peuvent souffrir la solitude physique.