L’actrice ne peut se contenter, sous peine de perdre de sa valeur cotée, de se faire entretenir matériellement. Il lui faut soigner sa réclame. Pour cela, elle doit s’attirer les bonnes grâces d’une foule de gens : directeurs, régisseurs, auteurs, journalistes – une multitude se renouvelant sans cesse, avec laquelle on n’a jamais fini. Ah dame ! il faut être douée de patience et d’une constitution permettant d’affronter la fatigue !... J’imagine que les moins bêtes de ces individus comprennent que c’est leur pouvoir qui les fait rechercher : mais la fatuité idiote de la plupart d’entre eux doit certainement leur faire croire à un succès mâle désiré pour lui-même.
Sur ce coin de mon coeur une barrière s'est refermée. Liaisons de passages, amants subis par nécessité, ou caprice de mes sens: rien n'a pénétré en ce repli secret, n'a passé sur le souvenir... rien ne l'a effacé !...
P.75
Comme l'autre jour, nous avons marché, au hasard, et, comme l'autre, je n'ai gardé, en ma mémoire, qu'un souvenir d'intense joie: fête de la nature se réveillant aux baisers du soleil, émerveillement naïf éclos en des âmes de fleurettes, rires d'oiseaux parmi les feuilles nouvelles, fête et joie sur la terre, fête et joie en mon coeur où revit l'espérance éternelle !...
(P.139)
Hélas ! Bien plus lointain, encore, que les étoiles sont les rêves!...
(P.64)
Dominant les révoltes de son esprit et de sa chair - subissant, passive, les violences et les caresses - pires que les coups- de l'amant exécré, la pauvre mère pensait aux trimestres, aux livres, aux vêtements à payer, à tout ce que l'argent de l'homme odieux lui permettait de donner de joie présente, et d'armes pour l'avenir, à sa fille et, à son garçon à qui, très loin de là, des gens graves enseignaient l'horreur du vice et le mépris des femmes sans honneur!...
(P.59)
"Je vais me coucher dans l'ancien lit de Chloé. Peut-être y rêverai-je de millions !... Peut-être un peu de veine de cette chanceuse est-elle restée attachée à ces matelas - son terrain de combat - et me fera-t-elle marcher sur ses traces !..."
Plus fortes que les chaînes de la passion [...] sont les chaînes obscures et pesantes de la nécessité. Elle ne s'est pas mariée pour aimer ou être aimée, la jeune fiancée, elle s'est mariée pour vivre et, malgré les trahisons, les dégouts, révoltée, le coeur saignant où résignée, l'âme morte, elle reste mariée pour vivre.
(P.9)