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Critique de Fandol


Fandol
23 septembre 2018
Je retrouve Étienne Davodeau par hasard, avec une BD que je ne connaissais pas. Auparavant, j'avais beaucoup apprécié cet auteur dans Rural !, Un homme est mort et Lulu femme nue.

Les Mauvaises Gens nous emmènent dans les Mauges, une petite région pas très connue, sur les pas de Marie-Jo et Maurice. Dans le sud-ouest du Maine-et-Loire, la ville principale des Mauges est Cholet et Julien Gracq (1901 – 20007), homme du cru, en parle dans Carnets du grand chemin.
L'auteur parle de pays fermé, pays de bocage, pays religieux, pays farouche et sombre, pays dense et actif. C'est là que sont nés Marie-Jo et Maurice, à 3 km de distance l'un de l'autre. Comme d'habitude, Étienne Davodeau me captive par son dessin précis, expressif, toujours en noir et blanc et surtout son sens du social, écrivant, dessinant, décrivant la vie de gens simples, pris dans les traditions, surtout religieuses, et pourtant capables de secouer les atavismes et de lutter pour sortir d'un sillon qui semblait tout tracé.
Garçon enfant de choeur, fille recrutée pour un pensionnat menant tout droit au couvent, celle-ci doit arrêter les études à 14 ans et entrer dans l'usine de chaussures. En effet, si Romans-sur-Isère (Drôme) est la capitale de la chaussure, j'apprends que la région de Cholet produisait quantité de paires qui ont sûrement équipé plus d'un parmi nous, la marque la plus connue étant Eram. D'ailleurs, plusieurs pages sont consacrées aux luttes ouvrières pour obtenir des conditions de travail plus humaines dans les usines de cette marque.
Profondément croyants, Marie-Jo et Maurice sont très sensibles aux injustices et au sort des plus faibles. C'est pourquoi ils militent naturellement dans la JOC, la jeunesse ouvrière chrétienne puis dans l'ACO (l'action catholique ouvrière) et dans le syndicat CFDT.
Au fil des pages, c'est l'histoire récente de notre pays, dans une province où l'école catholique cherche à éliminer l'école publique. Cela n'empêche pas certains curés de militer aussi et de manifester aux côtés des ouvriers pour faire annuler des licenciements abusifs.
Enfin, il y a cette surprise délicieuse avant la moitié du livre, surprise qui rend les échanges entre l'auteur et ses deux héros encore plus savoureux.

Il faut lire Les Mauvaises Gens pour ne pas oublier ce que furent ces années de la seconde moitié du XXe siècle dans ce que certains nomment la France profonde mais qui est tout simplement celle où vivent des gens simples qui n'ont rien de mauvais… Mauges viendrait de mauvaises gens comme « certains historiens mal intentionnés » l'ont suggéré ? Je sais maintenant que ce n'est pas vrai.
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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