L'Inde en Héritage

La police est finalement gentille avec le docteur, dans son bon droit, c'est manifeste, et veut bien lui laisser la chance de surenchérir sur le pot-de-vin. (p. 140)

Les futurs maris se suivent, encore et encore. C'est toujours la famille du futur qui rejette la fille de Pajet. (...)
Les adultes, eux , doivent s'intéresser à d'autres choses : son salaire, les avantages liés à son emploi au plan médical, pour la retraite, le niveau des parents et l'état de leur portefeuille immobilier. Plus important encore : le nombre de frères avec lesquels il lui faudra partager l'héritage et le nombre de soeurs qui saigneront à blanc la famille quand viendra le moment de les marier. (p. 153 - 10/18, 2013)

L'école, comme la ville et le pays, est surpeuplée. (p. 105- Coll. 10/18, 2013)

A l'école, c'est la journée du Fondateur. Un Fondateur qui est aussi le propriétaire de l'école. On raconte que, petit, il était orphelin dans la rue, puis qu'il a ciré les chaussures à la gare, vendu des biscuits dans les trains, récupéré les vieux journaux vendus ensuite au poids, et ainsi de suite jusqu'à devenir le propriétaire d'une biscuiterie , d'un groupe de presse, d'un grand magasin et d'une école très rentable. Grâce à un dur labeur et un jugement avisé, le Fondateur est assis sur un tas d'or qui s'élève toujours plus haut vers le ciel, tout comme la chaîne de montagnes au nord du pays atteint le ciel sous l'effet de la tectonique des plaques. (p. 144, 10/18, 2013)

Il ne sait toujours pas comment quelqu'un qui n'a rien peut devenir riche. A part le Fondateur, qui, de gamin des rues, est devenu millionnaire, il ne connaît aucune autre personne qui ait pu avec succès abandonner les lettres R-I-E-N et les transformer en O-N-T.

La place d'une femme dans la société lui est assurée par un héritier mâle. (...) Et afin de ne pas être un poids pour la belle-famille, il lui faudra produire un garçon ! Elle n'existe pas en tant que personne, comme lui par exemple. Le seul moyen de changer ça, c'est d'avoir un fils. Quand il sera devenu une personne à part entière, alors elle sera la mère d'une personne à part entière. ( 10/18, 2013, p. 187))

Dis, Maman, j'ai une question. Oui ?
Pourquoi c'est mal de donner des pots de vin pour aider ses enfants ? Ce n'est pas une bonne habitude de chercher à protéger son enfant quand il est coupable car alors c'est un mauvais message qu'on lui envoie. (...)
Par nature les gens sont cupides et quand ils obtiennent une chose qu'ils ne méritent pas, ils s'accrochent. Si, dans le monde, chaque individu protège à tort sa progéniture, il ne peut y avoir de justice. A la base de toute corruption il y a l'amour de son clan. (p. 209)

Comme elle travaille à la police, Paria a les moyens de transformer de l'argent propre en argent sale. (p. 142)

Seuls les mendiants de la ville, estropiés par la mafia locale, mal nourris pour maintenir les coûts bas et la piété élevée, ont des jambes comme les siennes, de vraies allumettes. (10/18 , 2013, p. 106)

Dans certaines régions, moins développées que la capitale, des jeunes couples sont parfois assassinés car ils ont commis le péché d'avoir choisi eux-mêmes leur partenaire. Eh oui, c'est l'apanage du père de décider avec qui son fils ou sa fille sera enchaîné à vie. L'enfant a souvent demandé à sa mère qu'elle lui parle de Paria et de la photo où on le voit le jour du mariage. Avoir été le troisième témoin, c'est sans doute ce qu'il a fait de plus courageux dans sa vie, si jeune et déjà défenseur des libertés individuelles et de l'amour qui échappe à l'entreprise étouffante de la communauté. (coll. 10/18, 2013, p. 107-108)