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Critique de Riduidel


Paru chez Gallimard dans la collection Folio SF, La voie du sabre est un roman inédit où [author:Thomas Day] narre l'histoire du jeune Nakamura Mikédi, qui deviendra l'élève du meilleur samouraï de tous les temps, le redouté Miyamoto Musashi. le roman est surtout un portrait de Musahi vu par les yeux de Mikédi. Et ce Musahi, quel personnage ! Guerrier de légende, amant expert et artiste doué, il n'est pas un domaine où il n'excelle. Mais cette excellence a un prix, que Mikédi découvrira peu à peu. En soi, le Japon est déjà pour nous un univers onirique assez exotique. Mais quand il est décrit avec la maîtrise dont fait preuve l'auteur dans ce roman, il devient tout bonnement fascinant. Qu'il s'agisse de la maison des plaisirs ou de la pagode du bonheur, Day nous décrit les lieux comme autant d'estampes japonaises : les détails sont souvent éludés au profit d'une description stylisée plus poétique. Et si le décor semble parfois se perdre dans le brouillard, c'est seulement pour qu'on puisse mieux en percevoir les détails les plus significatifs. Ce décor poétique n'est d'ailleurs pas le moindre des intérêts de cette histoire. le parcours des deux principaux personnages, Musahi et Mikédi, est lui aussi tout à fait captivant : Musahi incarne la sagesse ancienne, et pourtant pleine de vie, d'un sabreur au sommet de son art. Mais son arme est à jamais vouée à défendre l'opprimé. Mikédi, quant à lui, se découvre peu à peu un destin difficile, exigeant et pourtant très triste. On ne peut qu'être ému devant la richesse de ce récit, qui choisit d'éluder de nombreuses scènes de batailles pour mieux se concentrer sur les réflexions de Mikédi et sur ses multiples interrogations. Il se dégage de ce roman une poésie un peu amère comparable à ce qu'on peut ressentir face à des oeuvres qui évoquent une certaine forme d'inéluctable, comme par exemple [book:Kirinyaga], ou [book:Les chroniques martiennes]. On retrouve également ici le fatalisme propre aux civilisations orientales, noyé sous un déluge de pétales de cerisiers, une pluie de politesses, avec parfois des explosions, aussi brèves que brutales, de sexualité ou de violence. D'ailleurs, ces brusques flambées ne sont que des atours du récit, pareils à ces longues traînées laissées à dessein par un calligraphe, ou dans un morceau musical la note stridente qui nous fait mieux savourer la douceur feutrée du reste de la partition. Je n'ai pas parlé des aspects fantastiques, car ils revêtent peu d'importance en comparaison de l'humanité qui s'exprime ici. Ils sont d'ailleurs assez communs : l'Empereur qui n'a plus rien d'humain, mais ressemble plutôt au dragon japonais, le sabre issu d'une météorite, n'ont rien de fabuleux, ni même d'inattendu. Ces éléments traditionnels viennent assez naturellement dans le récit, et sont étayés par de courtes légendes, placées au sein de l'histoire comme des incrustations de nacre dans un travail d'ébénisterie. La Voie du sabre est donc de ces romans qui s'imposent naturellement, par les seules qualités de leur écriture. Remercions également Thomas Day pour sa bibliographie/filmographie abondante et bien sélectionnée, qui fait de ce roman une porte ouverte sur certains domaines propres à la culture japonaise, comme l'érotisme, le suicide ou les arts martiaux.
9782253108733"
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