Citations sur L'arrêt du coeur (14)
"Je pense à la vie, comme elle est surprenante, triste et belle à la fois..."
Les mots de Sofiane me reviennent en tête. Ne faudrait-il pas laisser les morts reposer peinards en paix ? Elle est bête cette phrase. Il n’y a pas plus en paix qu’un mort. Alors que moi…
On se tait jusqu’à ce qu’on soit dérangé par la sonnette. […] Ce sont mes parents. Je les avais complètement oubliés ceux-là. Pas eux. Il y a une différence fondamentale entre les parents et les enfants. Les enfants oublient assez facilement leurs parents mais les parents n’oublient jamais qu’un jour ils nous ont fabriqué.
- Mais, ta nounou, elle était vieille, non ?
- Oui, assez.
- Tu veux dire que même les vieux ont des histoires d'amour ?
- Faut croire... (p. 44)
Pour preuve, très peu de mes souhaits se sont réalisés, du moins, ni les plus importants, ni les plus urgents. Je fais toujours pipi au lit, et Simone est morte. L'an passé, elle était à l’hôpital à cause d'une chute et j'avais expressément demandé qu'elle ne meurt pas. On voit le résultat. (p. 35)
Deuzio, mes parents m'ont appris à ne pas croire aux choses qui n'existent pas, comme le père Noël, les fées, les monstres marins ou les personnes mortes capables de nous faire des remontrances. Certes, je ne suis pas toujours d'accord avec eux, de par leur nature même de parents, mais sur ce point, je pense qu'ils n'ont pas tort. (p. 34)
De désarroi, je donne un coup de pied au mur en pestant contre les objets des défunts. Il devrait exister une fosse commune pour les enterrer et ne plus jamais entendre parler d'eux. Mais non, ils restent là à se pavaner devant nos yeux tristes. (p. 18)
Personne, pas même le docteur du rez-de-chaussée que je suis allé consulter en catimini, n'est capable de me donner une explication plausible : comment-fait on pour se porter comme un charme le mardi, démarrer sa journée du mercredi avec un bonne tartine de confiture aux framboises et s'effondrer dans son bol de café au lait quelques instants plus tard, sans vie ?
Ces réponses me désolent, mais je vais devoir me faire à cette idée : l'infarctus au petit-déjeuner est possible. Ce qui est impossible, en revanche, c'est que Simone revienne. [...] Je sais qu'il y a peu de chances qu'elle se sorte d'une situation pareille. La mort, on ne s'en remet pas. La crise cardiaque est irréversible. (p. 14)
« Finalement, certains objets de défunts ont raison de ne pas disparaître. Ils sont comme des morceaux d’eux. Cette théière, à l’allure altière, c’est un peu des bouts de Simone planqués sur ma moquette. Des morceaux d’elle échappés de la mort. »