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Citations sur Civilisation (39)

La preuve du pudding, c’est qu’on le mange, et la preuve des civilisations, c’est qu’elles ne digèrent pas n’importe quoi.
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Qu’a-t-elle d’européen notre Europe alignée, recouverte d’un bleu manteau de supermarkets, le successeur du blanc manteau d’églises, avec, çà et là, et en supplément d’âme, des musées aux formes avantageuses, où venir remplir en bâillant ses obligations culturelles ? Il y avait plus d’Europe à l’âge des monastères, quand l’Irlandais Colomban venait semer ses abbayes aux quatre coins du continent. Plus, à la bataille de Lépante, quand Savoyards, Génois, Romains, Vénitiens et Espagnols se ruèrent au combat contre la flotte du Grand Turc, sous la houlette de Don Juan d’Autriche. Plus à l’âge pacifique des Lumières, quand Voltaire venait battre le carton à Sans-Souci avec Frédéric II, ou quand Diderot tapait sur l’épaule de Catherine II à Saint-Pétersbourg. Plus, à l’âge des Voyageurs de l’impériale, quand Clara Zetkin remuait le coeur des ouvriers français, et Jaurès, les congrès socialistes allemands. Le russe et l’allemand s’enseignaient cinq fois plus dans nos lycées en 1950 qu’aujourd’hui ; il y avait alors plus d’Italie en France et de France en Italie qu’il n’y en a à présent. Nous suivons de jour en jour les péripéties de la politique intérieure américaine, et une quinte de toux de Mme Clinton en campagne fait l’ouverture de nos journaux télévisés, mais nous n’avons pas dix secondes pour un changement de paysage en Roumanie ou en Tchéquie. Les satellites de diffusion et notre paresse intellectuelle mettent New York sur notre palier, Varsovie dans la steppe et Moscou au Kamtchatka.
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Les grands récits religieux connaissent cet orgueilleux besoin d'épouvante; Déluge, Apocalypse et Jugement dernier, font partie de notre stock mythologique.
Il y a un pathos de l'ultime.

" Mieux vaut une fin pleine d'horreur, qu'une horreur sans fin."
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2001, dans les gares et les aéroports, les Relais H (pour Hachette, maison créée en 1852) deviennent Relay, mutation qui n’affecte pas les cliniques et hôpitaux. La graphie française est maintenue pour les mourants et les handicapés.
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1981, candidature de Coluche à la présidence de la République. Tourner le pouvoir politique en dérision fait un heureux préambule au pouvoir financier, en quoi l’appoint d’un professionnel va dans le bon sens.
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Un mode de vie désirable se doit non de réprimer, mais d’imprimer et d’inventer. Stakhanov n’était pas Bill Gates. Pouvoir faire mal, mais d’abord faire du bien. En résumé, une suprématie est installée quand l’empreinte survit à l’emprise, et l’emprise à l’empire.
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Elle (une civilisation) peut se dire victorieuse quand ce n'est plus une mais la civilisation, que sa langue est devenue lingua franca, et sa monnaie, l'aune commune.
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Mais le plus bel exemple de floraisons d'automne, de ces bouillonnements créateurs du grand âge, c'est Vienne, entre 1870 et 1830, la tête d'un empire austro-hongrois décati, le dernier successeur de l'Empire romain d'Occident , cinq siècles d'existence. Tout allait au plus mal dans ce pays battu par la Prusse à Sadowa, écartelé par les nationalismes internes, avec une cour accablée de drames et de suicides, et un empereur tournant fantôme, quand Vienne devint la capitale de l'esprit objectif du monde occidental. Sous les marques de l'opérette et des valses, de Mayerling et de Sisi, la haute culture viennaise a jeté les bases de toutes les inventions du siècle. Et cette grande époque débute curieusement en 1871, quand le centre politique et militaire de l'Europe continentale passe de Vienne à Berlin, forçant la Couronne à abdiquer tout rôle dominant à l'international. La finis Autriae dans l'arène européenne préfigurait la finis Europae dans l'arène mondial, et cette répétition générale pourrait nous faire envie, tant cette Joyeuse Apocalypse n'a pas seulement illuminé son siècle, mais féconde le suivant. Nous sommes tous les enfants, sinon les parasites, encore maintenant, du ring, du cercle de Vienne, des cafés, galeries, clubs, revues, cabarets, agences de cette irremplaçable "décadence". Le Who's Who viennois de la Belle époque, c'est la moitié du panthéon de l'an 2000. Peinture : Klimt, Kokoschka, Schiele. Architecture : Adolf Loos, Otto Wagner. Musique : Alban Ber, Gustav Mahler, Arnold Schoenberg, Anton Webern. Sciences humaines : Sigmund Freud, Ludwig Wittgenstein, Joseph Schumpeter, Wilhelm Reich. Littérature : Robert Musil, Stephan Zsweig, Hermann Broch, Karl Kraus, Manès Sperber. Cinema : Fritz Lang, Joseph von Sternberg, Erich von Stroheim, Michael Curtiz. Hollywood ne serait pas ce qu'il est s'il n'avait accueilli ces civilisateurs, non plus que Londres, Harvard et Paris. Quel isme ne devrait-on faire précéder du préfixe austro? Sionisme, marxisme, positivisme, expressionisme, etc. Qui a dit que sortir de l'histoire oblige à broyer du noir? Bien au contraire : ces périodes faste et conclusives sont celles où la mélancolie au coeur n'empêche pas la gaieté dans l'esprit ; où l'art de vivre est si loin poussé que certains peuvent vivre de l'art, et pour lui ; où il n'est plus nécessaire d'espérer pour entreprendre ni même d'entreprendre pour dire merci ; où les convictions perdant de leur force aveugle, le réel se découvre aux esprits, sans ajout ni déguisement ; où les corsets se délacent et les bonnets volent par-dessus les interdits. Le collectif y perd, l'individu y gagne. Décadence, dira l'un, libération, dira l'autre. Et pourquoi pas les deux?
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Une civilisation a gagné quand tout ce qu’elle façonne est devenu naturel et qu’il est malséant de chercher à reconstituer quelles actions ont permis à telle civilité de s’imposer et quel système de forces gît sous la norme à respecter.
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De même qu’une langue mère irradie en dialectes régionaux, une civilisation décloisonne la culture dont elle provient […]. Elle se contracte lorsque ses forces viennent à décliner. Cette rétraction ou crispation, qui signale une retraite, s’appelle une culture.
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