L’allégorie transforme le phénomène en un concept,le concept en une image,mais de telle sorte que le concept puisse toujours encore être possédé et retenu dans l’image à l’état limité et complet et puisse s’exprimer en elle. La symbolique transforme le phénomène en Idée, l’Idée en image et de telle sorte que l’idée demeure toujours infiniment active dans l’image et inaccessible et que,même exprimée dans toutes les langues, elle serait encore inexprimable »
L’appropriation des termes «science » ou « scientifique » par les praticiens du symbole est de notre point de vue un excès langagier, car, quelle que soit la rigueur d’un pareil travail, sa singularité,et son caractère toujours autoréférentiel,suggérerait plutôt l’idée d’un art symbolique.
Avec le développement des sciences dites humaines, les études sur le symbole connaissent un regain d’intérêt. Dès la fin du XIXe siècle, le triomphalisme rationaliste s’estompe peu à peu pour laisser place à une série d’interrogations sur les structures symboliques de cultures jusqu’alors ignorées ou jugées primitives ; la première année du XXe siècle voit la publication de L’interprétation des rêves de S. Freud qui entame l’exploration scientifique d’un autre monde : l’inconscient…
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Lorsqu’un symbole perd de sa polyvalence initiale, il devient un synthème, terme qui s’applique aux « signes conventionnels par l’intermédiaire desquels un lien mutuel est établi par les hommes soit entre eux, soit entre une idée et une chose ou une action,soit entre des points de l’étendue, soit entre des moments de la durée, soit entre les choses sur lesquelles ils opèrent »
Un même symbole peut s’incarner dans des cultures différentes et se diversifier ; il demeurera cependant intégré dans un symbolisme déterminé qui empêchera son développement anarchique. Un symbole ne pourra donc se comprendre qu’à l’intérieur du symbolisme qui fonde, pour une large part,son interprétation.
Que l’on dise d’un événement quelconque qu’il est symbolique revient, au mieux, à lui conférer une portée et une efficience morales et exemplatives certes importantes, mais dénuées d’effets réels. Dans le pire des cas, qualifier quelque chose de symbolique équivaut à ne lui reconnaître aucune importance, voire à en faire l’objet d’une duperie. Un jugement qui condamne une partie à verser un franc symbolique n’acquiert une valeur hautement morale que parce qu’il ne se situe pas sur le plan –supposé trivial –de la réparation matérielle. Le symbole transcenderait donc la matérialité, le réel, le physique. Mais dans les sociétés où l’argent règne en maître,le franc symbolique et le symbole avec lui subissent une dévaluation constante.