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Critique de berni_29


Comme c'est étrange, je rassemble et je reprends mes notes quelques mois après avoir lu ce roman, le bureau des jardins et des étangs. Si vous souhaitez des détails, c'était un peu avant le premier confinement, je ne sais pas si cela a de l'importance.
J'avais aimé cet auteur, Didier Decoin, bien avant, lorsqu'il était jeune et inspiré. Il m'avait enthousiasmé par son roman John L'Enfer, mais aussi par un autre récit un peu moins connu, mais dans le même registre : Abraham de Brooklyn. C'était à l'époque où il écrivait des choses qui me séduisaient. Et puis, nous nous sommes éloignés l'un de l'autre...
Le bureau des jardins et des étangs fut donc l'occasion récemment de renouer avec cet auteur.
Le sujet est passionnant au départ et c'est bête, c'est complètement idiot ce que je vais vous avouer, le récit aurait été écrit par un auteur japonais, je me suis demandé si cela n'aurait pas davantage influencé mon propos, dans un sens favorable. Je m'en veux un peu de dire cela... du reste, ce que je dis est faux, car j'ai adoré par ailleurs le roman de Hubert Haddad, le Peintre d'éventail.
Tout d'abord, nous voici plongés dans un monde fait de rites et d'extrêmes convenances.
Ici c'est un petit village de l'Empire du Japon, nous sommes au XIIe siècle. Nous faisons connaissance avec un couple, Katsuro et son épouse Amakusa Miyuki. Katsuro est réputé pour savoir pêcher les plus belles carpes destinées à l'Empereur. Katsuro se noie et sa veuve est désignée pour continuer à livrer les carpes sacrées à l'Empereur.
Dès lors, elle va entreprendre ce long voyage portant sur ses épaules fragiles la palanche qui supporte les deux nasses dans lesquelles sont réparties les huit carpes destinées au Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.
Amakusa Miyuki est cette femme qui prend le relais. Il y a ici déjà, dans ce récit initiatique, une belle histoire de transmission.
La question est posée : arrivera-t-elle au bout de ce long chemin semé d'embûches ?
En lecteur, je me suis posé aussi la même question : arriverai-je au bout de ce long récit, peu importent les embûches ?
J'ai senti entre les pages une odeur de terre mouillée, une odeur entre les brumes.
Le roman ressemble à une sorte de road movie façon estampes japonaises. C'est beau sur le papier, l'idée est géniale, c'est magnifiquement écrit, mais que reste-t-il de cette histoire ? Chez moi, hélas, pas grand-chose...
Je m'étais préparé à ce rendez-vous avec la lune, rendez-vous avec les rêves, rendez-vous avec la peau, rendez-vous au bord de l'eau et de ses profondeurs... Rendez-vous avec une émotion...
Mais voilà, je suis resté à la surface des choses, c'est-à-dire à la surface de l'onde, c'est-à-dire à la surface des pages, la peau des livres que nous lisons.
L'écriture est belle.
Le conte fonctionne magnifiquement.
Le lecteur est invité, pour ne pas dire entraîné, happé même, à quelques digressions érotiques sous l'onde, voyages qui ne sont pas dénués de sensations coquines, mais qui laissent par-delà les pages un grand vide sidéral et le coeur un peu vide...
Je n'ai pas été touché par cette femme qui voyage, laborieuse, fourmi infatigable, dévouée et lascive sous l'onde.
Que diable ! le lecteur manque souvent d'imagination. Oui sans doute aurais-je dû me transformer en poisson, en anguille sous roche pour tenter d'approcher ce personnage éthéré d'Amakusa Miyuki.
Au final, j'ai eu l'impression que Didier Decoin s'ennuyait dans sa vie de membre de l'Académie Goncourt, et qu'il a eu envie brusquement de sortir de ce cadre un peu engoncé, se divertir dans un conte exotique et sensuel où il n'y croit pas vraiment, à aucun instant. Hélas, moi non plus...
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