C'est un roman magistral que nous livre Didier Decoin, lui qui aime les jardins, cette fois, il nous livre l'histoire d'une jeune japonaise Miyuki, qui, suite à la perte de son mari, doit reprendre la mission de ce dernier: livrer des carpes au Palais pour le Bureau des jardins et des étangs.
Dans un Japon médiéval et magnifique, plus vrai que nature, l'auteur nous mène dans les pas de l'extraordinaire voyage de Miyuki. Avec une plume romancée, fleurie, l'écrivain nous fait voir mille couleurs, il nous fait renifler mille senteurs, il nous décrit un Japon sensuel, violent et cruel. Toutes les phrases sont belles, comme un poète prendrait le soin du détail à chacun des mots qu'il récite.
Si l'histoire paraît alléchante, et fournit de nombreuses occasions de rencontres entre Miyuki et des étrangers, c'est la découverte d'un Japon qui ressemble à celui des contes de fées qui est très réussi. Pour le reste, l'auteur s'emmêle peut-être dans un langage trop poétique, trop empâté, empesé, de temps en temps, marqué par l'envie d'impressionner le lecteur, certains passages sont longs et ennuyeux.
Pourtant la magie opère tout de même, il y a quelque chose dans ce roman, d'une carte postale sonore et olfactive. Les êtres n'y sont plus vraiment des humains, ils vivent comme hors du temps, ils sont la Nature et d'ailleurs c'est la Nature qui reprendra ses droits à la fin du roman. Si j'ai eu peu d'empathie pour Miyuki, malgré tout, c'est un sublime portrait de femme, que dis-je? d'héroïne en vérité ! Car elle se bat vaillamment contre les éléments et la méchanceté des hommes pour venir à bout de sa mission.
Didier Decoin semble connaître le Japon sur le bout des doigts, il semble l'incarner, il nous le montre avec un nombre d'images, de métaphores, de symboles, d'anecdotes qui nous font voyager à travers les yeux de Miyuki. Et pourtant, l'auteur n'a, semble-t-il, pas mis les pieds au Japon! C'est donc un Japon littéraire, issu des livres, des grands tableaux, de l'imaginaire collectif.
Si la fin m'a légèrement déçue, elle ressemble beaucoup au roman le Parfum de Patrick Süskind. Et l'auteur n'a pas son pareil pour décrire les odeurs, les parfums, la gestuelle, les mouvements, les émotions. Ce roman est plein de sensualité, il parle beaucoup de sexualité, de la nature. Il est une parenthèse de silence et de beauté dans un monde de bruit et de béton.
Lien :
http://www.unefrancaisedansl..