Citations sur Plus un chat ? (11)
Leurs ronronnements sont comme le bruit du ressac, ils nous éloignent doucement des rivages désenchantés, nous emportant vers le large, là-bas où, comme la mer, la vie est plus profonde.
Finir la nuit ? Disons plutôt commencer un jour nouveau . Parce que finir est un verbe que les chats n'emploient pour ainsi dire jamais. On peut même se demander s'ils en connaissent la signification. Car pour eux, tout est commencement, tout est naissance, ouverture, prélude, germe et bourgeon, source et premier pas. Les chats sont des enfants et le monde est leur jouet, et leur joie d'être au monde est la balle qu'ils poursuivent et qui rebondit sans fin.
Bien des gens croient les chats distants, indifférents - quelle erreur ! Les chats sont au contraire d'une extrême sensibilité à la détresse humaine, mais leur réserve naturelle, leur pudeur atavique les retiennent de s'épancher trop ostensiblement. Leurs ronronnements sont comme le bruit du ressac, ils nous éloignent doucement des rivages désenchantés, nous emportent vers le large, là-bas où, comme la mer, la vie est plus profonde.
Les chats remplissent une des rudes missions dont les a chargés leur créateur : s'il faut en croire Howard Philips Lovecraft (1890-1937), un des maîtres de la littérature fantastique et un amoureux inconditionnel des chats (lui-même un peu diabolique, raciste et réactionnaire, les voyait comme des anges du ciel qui se seraient déguisés), il s'agirait pour eux de s'immiscer dans nos rêves et de transformer nos cauchemars les plus horrifiques en des songes délicats, apaisés, doux, souriants, un peu voluptueux s'il se peut - genre songes à la Fragonard, le peintre des Hasards heureux de l'escarpolette.
[...] il y a d'innombrables avantages à être un chat. L'un d'eux étant la capacité que ces félins, au contraire des humains, ont à dormir le jour et à être la nuit dans une forme éblouissante.
Bien des gens croient les chats distants, indifférents - quelle erreur ! Les chats sont au contraire d'une extrême sensibilité à la détresse humaine, mais leur réserve naturelle, leur pudeur atavique les retiennent de s'épancher trop ostensiblement.
Les humains ont une singulière propension à laisser traîner n'importe où les choses auxquelles ils tiennent pourtant le plus.
Finir la nuit ? Disons plutôt commencer un jour nouveau . Parce que finir est un verbe que les chats n'emploient pour ainsi dire jamais. On peut même se demander s'ils en connaissent la signification.
Car pour eux, tout est commencement, tout est naissance, ouverture, prélude, germe et bourgeon, source et premier pas.
Les chats sont des enfants et le monde est leur jouet, et leur joie d'être au monde est la balle qu'ils poursuivent et qui rebondit sans fin.
A Venise, il semble que les rebonds de la balle soient plus joyeux qu'ailleurs.
Il faudrait pour s'en assurer, faire le tour du monde de la joie des chats.
Quel merveilleux voyage ce serait !
Et après tout, pourquoi pas ?
Lacis de canaux, entrelacs de rubans liquides, labyrinthes d'effluents si lisses, aux reflets si divers et si parfaitement panachés qu'on croirait suivre des venelles de marbre après la pluie : depuis que Déluge est son prénom, depuis que l'eau coule dans ses veines, depuis mille ans et plus qu'elle repose sur un lit de pilotis constitué d'une extraordinaire forêt immergée de millions de troncs plantés dans le sol de la lagune, Venise a eu le temps de se parfaire en chef-d’œuvre.
Or donc, le canot filait sur les eaux moirées du Grand Canal. Aux palais succédaient les palais, la splendeur confinait au vertige. Avec la montée de la lumière, le rose auroral laissait place à l'ocre jaune et au blanc friulano des façades. En prévision de la réverbération qui serait bientôt insoutenable, les chats réduisirent leurs pupilles à un mince trait vertical.