Voilà un roman noir à la flamande, noir et burlesque à la fois. Tout commence dans une ambiance de kermesse, lors de l'inauguration du parc d'éoliennes de Windhoeck (village bien nommé – « wind » signifie vent, comme en anglais). Cela ne peut apporter que des bonnes choses, cette dizaine de géants d'acier de l'énergie renouvelable. C'est ce que veut croire Herman Bracke, le boucher du village, mais dès le début, il ressent comme une menace voilée en regardant les pales tourner imperturbablement. Et de fait… la nuit venue, le commerçant ne parvient pas à dormir à cause du bruit des éoliennes. Il semble le seul de ce petit bourg d'une centaine d'habitants à être incommodé. A force d'insomnie, le boucher va en plein jour tomber endormi dans sa spécialité, le pâté Bracke dont il est si fier et qui a fait sa réputation. A partir de là, comme un jeu de dominos, les événements vont s'enchaîner inexorablement jusqu'au paroxysme final que personne n'aura vu venir.
Bram Dehouck a orchestré cette tragi-comédie avec art, campant une galerie de personnages pittoresques : du pharmacien hautain à la jeune chômeuse sans aucune confiance en elle en passant par le candidat réfugié au corps de rêve et la femme du facteur à l'affût du moindre potin (et j'en passe). Dans ce contexte, le cocktail voisinage aux aguets, plus chaleur caniculaire, plus pâté avarié va rapidement devenir explosif. Ce n'est pas de la plus grande finesse mais j'ai été tenue en haleine tout au long du roman, me demandant à chaque page ce qui allait encore se passer au fur et à mesure, et je n'ai pas été déçue.
J'avais entendu l'auteur,
Bram Dehouck, à la Foire du livre 2019, en conversation avec
Sonja Delzongle,sur le thème des polars liés à l'écologie. S'il fallait démontrer par l'absurde que les éoliennes ne sont pas nécessairement la panacée,
Bram Dehouck a réussi son coup avec ce récit truculent…
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