Je n'ai pas su protéger mon cerveau, son temps est aboli, il n'est que disponible. Mais au moins, voyez-vous, j'ai ma narration propre. Sachez sauver la vôtre avant qu'il ne soit trop tard.
(Excipit)
Le sujet ne pense plus : il sécrète. Une substance décapante qui attendrit sa chair et confit son cerveau. Désormais : "il paraît".
La télévision propose avec ses programmes de télé-réalité juste des divertissements, rêvez-vous. Juste des divertissements que l’on sait lénifiants. Vos devriez vous inquiéter d’un songe empoissé glue euphémistique. Mieux vaut encore un oracle bègue que l’échine d’un fils de cyclope.
"Thoughtsciences". Et non pas "brain" ou je ne sais quel mot empli de chair, ce n'était plus la matière, déjà plus la matière. Ils voulaient la magie du maître réenchanteur, le vaudou appliqué ne leur suffisait plus, il ne pouvait suffire, plus rien ne suffirait. "Thoughtsciences".
Grâce aux cours de Raphaëlle Ricci qui s'ouvrent sur l'humeur du jour, les téléspectateurs sont informés du taux d'orphelins, d'anorexiques, de sujets atteints de déficiences diverses ou pulmonaires présents dans chaque promotion, ainsi que de l'évolution de leur dépression nerveuse.
(...) Raphaëlle Ricci dit à Magalie qu'elle n'a pas d'univers artistique (Saison 5), à Grégory qu'il a retenu ses émotions (Saison 4), à Elodie que y en a marre de la voir chialer pour rien (Saison 3), à Nolwenn qu'elle chante comme une vieille Montmartroise (Saison 2) et à Jenifer qu'elle a la silhouette d'un hamster (Saison 1).
Parfois le dommage peut être une nomination. p.127
(A propos de la télé réalité) "Je crois qu'il y a une loi qui s'applique malgré moi, une loi d'ordre physique. Tout corps plongé dans la télévision subit une poussée sadique chez le téléspectateur. Torture et meurtre, on y revient. Et on y reviendra toujours. L'empathie disparaît quand le dispositif se veut VidéotromeTM."
"Le désir non suivi d'action engendre la pestilence" : c'est bien de vos têtes que vient cette puanteur.
La fiction collective existe : c'est en elle que vous habitez.
Gilles Deleuze : "L'image n'est pas un objet, mais un processus."
Au début c'était une lucarne hystérique, vitraux maniaco-dépressifs et mosaïques d'un carnaval foulant le temple en saccadés. À présent je ne sais plus très bien, c'est peut-être lié au silence, à l'angoisse du silence qui m'étreint dans cette chambre.