Ce qu’est pour moi l’autofiction, le dire, le raconter. Le compte rendu d’un Je qui s’emploie à s’écrire, ce que ça peut signifier. Vivre son écriture, ne pas vivre pour écrire. Ecrire non pour décrire, mais bien pour modifier, corriger, façonner, transformer le réel dans lequel s’inscrit sa vie. Pour contrer toute passivité. Puisque. On ne naît pas Je, on le devient.
J'use de la fiction pour construire reconstruire le passé le présent parce que je veux rester maître de mon destin.
Les formules poétiques n’ont pas seulement pour vocation d’être disséquées dans les dissertations. Parfois palpite en elles le secret de la survie.
La vie et l’écriture, les lier au quotidien. Injecter de la vie au cœur de l’écriture, insuffler la fiction là où palpite la vie.
Les écrivains souvent réfutent les étiquettes, les classifications émanant des critiques. Ils redoutent de finir dans de petits bocaux, bien qu'aspirant au fond à baigner dans le formol de la postérité.
Ecrire le Je relève d’un instinct de survie dans une société où le capitalisme écrit nos vies et les contrôle.
Du réel effectuer une modification. C'est à ça que ça sert aussi, l'autofiction.
Mon histoire personnelle est peuplée de fantômes aux draps tissés d'un fil retors et translucide. Pratiquer le roman, le roman à Il-Elle ou à Je-c'est-pas-moi c'est se promettre polluée par le trauma familial. Quelles fictions inventer sans toujours en filigrane retracer les contours des spectres familiaux, reproduire leurs chuintements, la voix des personnages hantée par leurs cris rauques. le silence, impossible de pouvoir l'imposer.
L'autofiction est un genre expérimental. Dans tous les sens du terme. C'est un laboratoire. Pas la consignation de faits sauce romanesque. Un vrai laboratoire. D'écriture et de vie.
Pourquoi t'acharner à t'écrire, alors que l'horloge galvanise le roman néo-réaliste et le règne du livre à bonne idée ? Le livre à bonne idée = association d'un dispositif simple et efficace + un bon petit problème de société. Les journalistes auto-proclamés critiques littéraires en raffolent. L'histoire de la littérature commençant pour eux avant-hier, la moindre astuce formelle appelle le label OLNI (Objet Littéraire Non Identifié), à défaut de référents qui cultiveraient le lecteur.