L’éponge n’a pas d’angoisses, elle se fiche complètement du regard des autres éponges, depuis des centaines de millions d’années, elle aspire l’eau et la recrache au gré de la houle, c’est tout et ça lui suffit.
Ils se sont frottés comme deux silex qui n'avaient plus fait de feu depuis la préhistoire.
La route vient de laisser place à une piste. De chaque côté de la voiture défile à l'infini un paysage mort, piqué d'herbes jaunes, de buissons secs et de cailloux roses et ocre, la planète Mars après deux arrosages.
Elle est partie parce qu'elle est vieille,parce qu'elle a eu honte,honte d'être vieille,elle a honte d'avoir honte d'être vieille.
Les scientifiques ont souvent du mal à simplifier,ils ont l'impression de trahir la cause en broyant la complexité ou sont simplement incapables de dénicher les astuces qui rendraient leur discours intelligible aux oreilles du plus grand nombre.
"L'être humain a peut-être découvert la beauté,l'art et les émotions grâce aux arcs-en-ciel!" expliquait-il alors sous la pluie ,dans le vacarme de l'autoroute,à ses garçons interloqués.
La probabilité de se croiser sur terre est infinitésimale,encore davantage dans un désert ,sur le bord d'une piste,juste après l'aurore.
Les hommes tombent parfois de la toile qu'ils ont passé leur vie à tisser et, dans leur chute, agissent exactement contre ce qu'ils sont.
La mort est un étron, un paquet de merde, on voudrait tourner le regard, se boucher le nez, s'enfuir le plus loin possible, et pourtant elle est en nous, elle sort de nos tripes. (p. 93)
Les mystères de ceux que l'on croise un instant dans la rue, dans le métro, dans une station-service ou dans le désert nous sont inaccessibles ; nos vies se croisent, se toisent, s'effleurent, la plupart du temps s'ignorent, nous mourons les uns pour les autres une seconde après la rencontre et chacun fait tous les jours l'expérience de ces milliers de deuils instantanés sans jamais verser une larme.