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Citations sur Le paradis est épars (19)

Alma était en train de lire quand elle m'avait aperçu, le livre était sur la table : Le Cheval Rouge d'Eugenio Corti, et je m'esclaffai. Vous l'avez lu ? demanda-t-elle.

Bien sûr, Lorenzo m'en avait offert un exemplaire en français, un beau livre, surtout les chapitres sur la guerre en Russie qui sont très émouvants ; en revanche je n’ai pas beaucoup aimé la fin... voyez-vous, Alma, je ne crois pas aux anges.

Elle rit: oui, mais c'est un livre italien; vivre en Italie et ne pas croire aux anges, ce serait comme enseigner dans une école et prétendre qu'on ne croit pas à l'existence des enfants. ..
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Il arrive qu'un être soit l'enfant d'un seul livre. Lorenzo tenait à son Dante comme mes ancêtres étaient fascinés par la Bible, et les anciens Grecs par Homère. Seul le poème est éternel, pendant que nous ne sommes rien. Des paroles sans commencement ni fin, qui rassurent l'angoisse de nos limitations. Des histoires qui recueillent nos destins, des histoires qui nous racontent plus que nous ne les racontons.
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J'aurais dû garder constamment un œil sur ses projets. Ainsi meurt l'ami : quand on cesse de penser à lui. Car les amis sont de l'espèce évanescente et fugitive : ils ne vous appartiennent pas, comme ce peut être le cas, plus ou moins, d'un conjoint ou d'un parent ou d'un enfant. Ils sont libres et de la liberté la plus ardente, ils ne dépendent en rien de vous, tout ce qu'ils donnent ou prennent relève de la gratuité, ainsi peuvent-ils si facilement s'évanouir dans le vent ou la nuit, disparaître sans laisser un mot. Leur fidélité est sans motif. Ils ne vivent que de l’attention qu'on leur prête. Il suffit d'ouvrir la main pour les perdre.
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Des années après j'en faisais encore des cauchemars, toujours les mêmes. Lorenzo accroché à la corde enroulée au piolet, peinait à supporter mon poids et appelait à l'aide. Mais il n'y avait personne, autour de lui le soleil aveuglant du matin et la neige partout.

Je me réveillais en sueur, tantôt en pensant : les parents étaient fous de nous laisser courir tant de risques, des inconscients ; et tantôt en pensant : quels parents magnifiques nous avions, capables d’accepter ces risques pour nous permettre de grandir.
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Nous ne fermions jamais les portes des maisons. Nous partions pour la journée, même pour plusieurs jours, sans rien verrouiller. A une époque, j'avais finalement perdu la clé. J'ai dû la chercher et la trouver pour m'en servir lors d'une visite de l'assureur. Imaginez qu'un assureur trouve votre logement sans protection : il doublera son tarif.

Ainsi nous devions nous barricader face aux gens payés pour nous protéger, pendant que nous laissions porte ouverte face à ceux qui auraient pu nous cambrioler.

C'était du bon sens. Il n'y avait nul cambrioleur à la ronde, et on n'en avait jamais vu. Au village, chacun de nous connaissait par cœur chaque chose, chaque bête, et chacun. On pouvait marcher dans les chemins de jour ou de nuit sans craindre personne.
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L'histoire se passait dans le quartier du Trastevere, où Raffaele avait longtemps fréquenté ses amis de la meilleure société romaine, société plus ou moins déchue, pauvre en talent mais riche en élégance, parce que lorsqu'une classe vient à déchoir c'est le talent qui disparaît en premier et l’élégance en dernier.
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L'année de nos seize ans, nous avons cherché l'excès dans le risque. Ni l'un ni l'autre nous n'étions susceptibles ni capables de toucher une drogue, ou de fréquenter des groupes de jeunes malfrats, ou de courir les bordels, ou de nous adonner à la violence.

De deux manières différentes, nous avions reçu une éducation puritaine. Lorenzo par le catholicisme aristocratique de sa famille, et moi par le solide bon sens, vaguement huguenot, de mes parents paysans.

On nous avait appris d'un côté comme de l'autre à révérer trois choses sacrées : notre mère, notre patrie, et Dieu. Et, par extension, à nous abstenir en toutes circonstances d'injurier la mère d'un autre, la patrie d'un autre, le Dieu d'un autre.
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Le paradis est épars, je le sais
C'est la tâche terrestre d'en reconnaître
Les fleurs disséminées dans l'herbe pauvre

Yves BONNEFOY
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Nous n'avons pas ici de voleurs de sacs à main ni de cambrioleurs nocturnes. Les malfrats, l'été, fréquentent les plages, mais il n'y en a pas en montagne.

Pourquoi ? Parce que le malfrat par définition ne fait pas d'effort, voilà pourquoi. On n’imagine même pas un voleur, même un petit voleur, se fatiguant à grimper quelque part - il n’est pas fait pour ça, tout simplement, et s'il vole, c'est justement qu'il ne sait pas faire d'efforts. Il n'y a ici que des aristocrates de l'esprit, courant après une beauté qui s'arrache de haute lutte. Ainsi les locataires de la maison étalaient-ils leurs trésors aux yeux du monde, de nuit comme de jour.
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J'étais devenu guide de montagne par honneur de famille, et paysan par tradition de famille. La tradition ne nourrissait guère son homme, et l'honneur encore moins.
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