[...] Éradiquer le trafic d’albinos était une tâche essentielle, autrement plus dense que la traque d’un tueur en série isolé. Car il s’agissait de tout un système, corrompu, pourri jusqu’à la moelle, permissif et vénal, où on tolérait les prémices d’un véritable génocide.
[...] Étrangement, c’est en Afrique, où la pathologie fut officiellement découverte en 1822, que l’albinisme est le plus répandu.
[...] Dans de nombreux pays d’Afrique, dont le Kenya, l’albinos est considéré comme un être aux pouvoirs surnaturels ou, parfois, comme une créature maléfique.
[...] Les sorciers diffusaient ces croyances auprès de la population en promettant longue vie, richesse et pouvoir à qui consommerait des poudres et des substrats obtenus à partir des membres, des organes ou des cheveux d’albinos, qui se vendaient à prix d’or.
[...] La fabrication et la vente de poudres d’origine humaine. De la poussière d’homme aux vertus magiques. La miraculeuse poudre d’albinos, aussi chère et précieuse que la cocaïne.
Les nazis n’ont rien inventé. Ils n’ont fait que se réapproprier des notions antérieures pour servir l’idée d’une race pure et supérieure qui tire sa source de théories scientifiques du XIXe siècle servant à justifier le colonialisme et les dominations de l’homme par l’homme.
Pendant ce temps, il incisait la chair et prélevait les organes encore palpitants, dans les râles de la victime sacrifiée. Il écoutait le crissement de la peau qui s’ouvrait sous le scalpel en une fine ligne pourpre. Se remplissait de cette funeste musique.
Mais pour sortir indemne de toutes ces horreurs, il fallait avoir soi-même un profil particulier. En tout cas, être sacrément blindé ou un peu dérangé. Dans ce contact permanent avec le mal, les insomnies et les crises d'angoisse doublées de paranoïa étaient, la plupart du temps, la rançon du succès de Baxter.
Les touristes ne portent pas d’armes de ce genre avec eux. Et celui qui en a une est soit un policier, soit un criminel.
Pressée d'en finir avec cette emmerdeuse professionnelle, la secrétaire s'exécute en émettant ce petit bruit de succion propre aux Africains lorsqu'ils veulent exprimer leur indignation ou leur mépris.
La plupart de ses profilages s'achevaient sur cet instant unique. Un face-à-face presque mystique avec le tueur. Celui-ci ne passait pas toujours aux aveux. Ou alors bien plus tard, après des heures d'interrogatoire. Mais ces criminels étaient en grande majorité fiers de leurs actes, fiers de s'être longtemps joués de la police.
Les mots du guérisseur lui soulevaient l'estomac C'était peut-être un début d'explication à l'utilisation du venin de serpent et à l'anticoagulant pour en atténuer les effets. La victime devait être neutralisée, mais pas morte.