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Critique de Calimero29


Juin 2025, le père de Laure, 46 ans, en couple, deux enfants, vient de mourir et elle ne ressent aucun chagrin, pas plus que pour sa mère qu'elle décrit comme immature, qui a toujours été soumise à son mari, dépendante par peur d'être quittée et qui est maintenant un fardeau.
A l'occasion de ce décès, Laure remonte le fils de ses souvenirs qu'elle entremêle avec ceux de son séjour de quatre mois en hôpital psychiatrique (HP) en 2007, à 28 ans, où elle a été sauvée par une psychologue très à l'écoute, Anne-Sophie, qui démontera le mécanisme qui l'a conduite à des dépressions, des idées de suicide, des crises de panique. le roman se termine en 2025, la boucle est bouclée.
Il fallait oser commencer cette auto-fiction (en effet, Laure c'est en partie Karine Deraedt) par la phrase "Aujourd'hui, papa est mort"; il fallait oser imiter l'incipit de "L'Étranger" d'Albert Camus; il fallait oser mettre la barre aussi haute pour un primo-roman. C'est donc avec une grande curiosité que j'ai commencé à lire ce roman très dur. Il traite de l'absence totale d'amour de parents à l'égard de leurs enfants, la maltraitance, la violence psychologique et psychique permanente, le rejet dont ils ont été victimes depuis leur naissance. L'emprise du père est telle que Laure n'arrivera jamais à s'en défaire totalement, elle trouvera certaines excuses à sa mère qui ne les a jamais défendus elle et son jeune frère. Elle espèrera toujours un geste d'amour.
Le processus de destruction d'un enfant maltraité, en manque total d'amour est très bien décrit; l'enfant se croit responsable de ce qui lui arrive, se dévalue, manque totalement d'estime de soi; un cercle vicieux s'installe : en se trouvant nulle, ayant une impression d'imposture, Laure va à l'échec, ce qui renforce encore sa mésestime d'elle-même.
Le travail de déconstruction de ce schéma pernicieux, qui est le seul que connaisse Laure, commence en HP où elle est isolée de son tortionnaire, où on lui fait prendre conscience d'elle et de sa valeur; d'ailleurs, l'HP est pour Laure un refuge, un endroit où elle se sent en sécurité. Mais elle n'est pas complètement sortie d'affaire après quatre mois de thérapie; le processus de résilience est l'affaire d'une vie d'adulte avec des rechutes, des doutes, des questionnements.
Cette auto-fiction est poignante; elle tire sa force de l'expérience personnelle de son auteure, de sa mise à nu, servies par un style sans fioriture, au plus près de la sordide réalité, très intime.
Une fois encore, même si c'est un détail, je m'interroge sur la raison pour laquelle l'auteure situe son roman en juin 2025; je m'étais déjà posé la même question avec "Noir comme l'orage" de Sonja Delzongle qui l'avait aussi situé en juin 2025.
Ce livre a reçu le prix Thérèse Gabriel en 2023, décerné par l'Association Plumes à Connaître (APAC) et la Fondation de France.
#Dixchocolats #NetGalleyFrance
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