Ferme ta porte, vérifie ton bureau et lis-moi ça !
***Une société nouvellement malmenée***
La marque de fabrique de Derelierre, c'est clairement la dénonciation de notre société, je l'ai dit à plusieurs reprises dans mes précedénts avis sur ses oeuvres, et ici encore, ça loupe pas. Commerces exponentiels versus la vie et la nature, décadence du savoir et de l'apprentissage, extinction des cerveaux, rebellion contre le système nouvellement mis en place, tout un cocktail ravageur pour une société tout aussi ravagée.
Les forces de police sont sollicitées et comme de coutume dans ces livres (irl ?) : on ne fait qu'obéir aux ordres, circulez. (shhhhh, je m'exprimerais pas plus là-dessus, je sais ce que j'en pense, j'ai encore la marque de la matraque sur les bras bande de shlags)
Dans tout ce bordel, Aedan et Elea, et leurs amis, qui vont tenter de résister à la fermeture de l'université mais surtout de contrer la violence des forces armées, tout en s'enfermant eux-même dans un carcan saveur sang entre deux tags rêveurs sur un mur. Un bordel.
***Un monde doux et magnifique***
"Ce monde là, je le hais", François, en regardant son monde réduit dans le sang et la haine.
François, petit employé misérable enfermé dans sa routine bus-boulot-dodo, enfermé aussi dans un deuil qu'il essaye de surpasser au travers l'imaginaire des livres et au moment même des explosions de violence dans la cité, il va faire la découverte d'une entrée dans un autre monde.
Magnifique, idyllique même, des rencontres particulières dans un monde utopique. François est appelé et happé par celui-ci, au risque de s'y perdre ou de perdre son humanité.
Le p'tit François (pas si petit, c'est quand même un monsieur hein), il a le coeur entre trois mondes : le sien avec son deuil, celui qu'il hait, et le nouveau, l'idéal, où il vit de l'amour pur, où il vit, avec un grand V.
Et pendant ce temps là, Aedan et Elea se battent. Des gens meurent, des gens blessent, des gens cognent, cherchent des issues dans un piège qui semble se refermer de plus en plus.
***Mais, ça mène où tout ça ?***
Alors Ivan il a monté un truc qui nous perd, au début, on a l'impression qu'en entre dans deux histoires distinctes, bien qu'à un moment donné les personnages se croisent. On a un coup la guerilla, un coup Liparis, et entre deux souffles, deux images, on se demande mais pourquoi ? Vers où on va ?
Car ouais c'est beau, cette résistance, ouais, c'est beau, ce monde tout doux, mais yé où l'putain d'rapport ?
Patience, camarade, ça viendra. Ya un rapport, un magnifique retournement de situation, quoique pas prévu du tout par le lecteur, du moins pas pour moi, mais ça mène quelque part, ça c'est sûr.
Et si tout n'était pas dû au hasard ? Et si, vos p'tites actions pouvaient faire l'effet papillon ailleurs dans la galaxie ?
C'est un message fort, posé par l'auteur au travers des lignes tantôt noires, tantôt poétiques.
Un mélange de sensations entre chaque chapitre.
***Mais...***
Ya un p'tit mais. Par moment, je me retrouvais dans les deux mondes, dans un même chapitre, les coupures sont un peu brutales, et plusieurs fois, j'ai été relire ce que je venais de lire pour être sûre de n'avoir pas manqué de paragraphe (lecture sur téléphone, ça aurait pu arriver). Hélas non, c'est la construction du texte qui est voulue ainsi. Donc, vous voilà prévenu ^^
Quelques fautes persistantes, et répétitions, mais en dehors de ça, la plume de l'auteur est fluide, ce qui est un plus étant donné qu'il s'agit là de son premier roman ! Les descriptions sont justes et les dialogues, sont très bons, correspondant toujours à l'intonation voulue. Un exercice parfaitement réussi !
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J'avais déjà lu le premier roman de Ivan derelierre que j'avais trouvé très original. le second m'a transporté dans un monde mi réel mi fantastique me Rappelant l'époque où je lisais les Grands de la science-fiction. Il y a longtemps que je n'avais pas trouvé un roman de cette trempe Mêlant imaginaire, Actualité, suspense. J'ai également écouté le podcast dans lequel l'auteur parle de ses romans. J'attends avec Impatience le troisième roman. Merci A l'auteur de nous faire partager son univers.
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Des volutes minérales surgissaient du sol et s’élevaient à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de lui. Elles se tordaient, se contorsionnaient, et semblaient plier sous une brise violente et chaude venue du nord. C’était comme des arbres géants dont les troncs mortifiés s’étaient changés en un granit que les alizés avaient façonné millénaire après millénaire.
Il y a des historiens parmi vous, écoutez-les. Ils connaissent le témoignage du passé. Ils vous diront qu’une dictature est comme un poison qui se diffuse dans la population. Obligeant ceux qui ont peur à se terrer, à se taire, à se cacher la nuit dans la chaleur réconfortante des appartements ou dans l’ombre des bâtiments en ruines.
Une nouvelle œuvre était née de la dernière nuit. Surgissant des flammes, un grand loup noir aux pupilles brûlantes semblait défier ceux qui le regardaient. L’ombre qu’il dessinait à ses pieds se transformait en une phrase étincelante de lumière :
« Je suis vivant ».
Le bruit effroyable d’un bateau avalé par l’océan fut son unique réponse ; il n’entendit ni un cri ni un appel au secours… En quelques minutes, il ne restait plus à la surface de l’eau que quelques objets dérisoires, une couverture, un coussin, et une bouée inutile.
Impassible, elle faisait face aux policiers, dont la nervosité devenait évidente. En réponse au chant, ils commençaient à frapper leurs boucliers de leur matraque en un rythme glaçant. Mais la réponse des manifestants fut simplement de chanter de plus en plus fort.