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Critique de adtraviata


Si je cherche dans mes souvenirs de lectrice, j'ai déjà lu des romans comme Agatha Christie, le chapitre perdu qui imagine ce qu'a fait la romancière quand elle a disparu quelques jours en 1926, ou des romans mettant en scène des personnages bien réels, mais jamais un roman qui même aussi intimement son auteur et un autre auteur.

François-Henri Désérable aime et connaît profondément Romain Gary, cela se sent. C'est un concours de circonstances qui l'amène à Vilnius, au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, là où a habité celui qui s'appelait alors Roman Kacew. Et il est capable de se réciter de mémoire : « Au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilmo, habitai un certain M. Piekielny. » Cette phrase de la Promesse de l'aube que M. Piekielny, « la souris triste à la barbe roussie par le tabac », prenant au sérieux les rêves fous de Mina, la mère de Roman, demande au garçon de répéter devant tous les grands de ce monde qu'il rencontrera quand il sera célèbre.

Alors François-Henri, F.-H., entreprend une vaste enquête pour retrouver la trace de ce M. Piekielny, homme discret qui a fini une balle dans la nuque au bord d'une des centaines de tombes creusées par et pour les Juifs autour de Wilno (l'actuelle Vilnius). Et ce faisant il évoque forcément l'auteur Romain Gary, à la fois d'après ce qu'il raconte de lui dans La Promesse de l'aube et d'après des documents historiques. Et un auteur parlant d'un auteur parle forcément aussi de lui-même, de son rapport à la littérature, à l'écriture. Et en littérature, la frontière entre la fiction et la réalité est soit aussi épaisse qu'une feuille e papier à cigarette, soit aussi opaque qu'un écran de fumée bien entretenu…

Enquête littéraire, hommage à Romain Gary, célébration de la littérature, plongée dans le passé éclairant le présent, Un certain M. Piekielny, c'est tout cela à la fois et c'est un livre très plaisant à lire : la plume de François-Henri Désérable est vive, pétillante, pleine d'humour, elle sait aussi se faire grave et émouvante quand elle évoque la fin des Juifs de Wilno ou quand l'écrivain-enquêteur se heurte à des impasses. Mon seul petit point d'interrogation, c'est pourquoi on a qualifié ce livre de roman. Peut-être parce que F.-H. enjolive lui aussi la réalité, comme Romain et sa fabuleuse mère ? En tout cas cela donne envie de se replonger dans les romans de… Roman.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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