Citations sur Les hommes meurent, les femmes vieillissent (66)
Il y aura le bouquet d’Eve et le bouquet de Jeanne. Mes immortelles. Ce sont elles que tout le monde retrouvera en venant ici ce soir. Je suis persuadée que les réunions familiales ne sont pas pour se voir, mais pour tenter de retrouver ceux qui ne sont plus là. Jusqu’au jour où l’absent, c’est nous. On ne se l’avoue pas forcément mais on les cherche. A une place à table qui a été la leur, où on n’ose pas s’asseoir. Dans un dessin qui trône au-dessus d’un buffet, les couleurs sont passées, chauffé par le soleil des années le papier partira en morceaux si on tente de le saisir, et pourtant, il n’y a rien de plus important dans la pièce.
Le passé se regarde de loin quand il est ce que l'on a de meilleur.
Tous, nous redoutons de devoir être un jour les parents de nos parents, parce que leur vie aura duré trop longtemps.
Même lifté, un regard triste reste triste.
On ne badine pas avec l’amour, réplique de Perdican, acte II, scène 5:
« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux... »
Les femmes ne se regardent pas vraiment dans le miroir. Juste soi et soi face à face, ce serait trop douloureux. Je ne parle pas de se recoiffer, de se laver les dents, là un coup d'oeil suffit, on contrôle, on se jauge ; les bons jours on s'accorde un sourire, les mauvais on fait comme si de rien n'était. Le maquillage, on arrange les choses, on camoufle. Pourquoi se reconnaît-on parfois à peine sur les photos ? On se découvre plus marquée qu'on ne le croit, plus fatiguée, un air dur. (p. 36)
Nous allions chercher des oeufs sous le cul des poules. Pour le petit déjeuner de pépé Lucien. Je voulais être le seul à le servir, et il me donnait une mouillette, trempée dans ce jaune d'or des oeufs frais percé par le pain. On aurait cru que je les pondais, ces oeufs, tellement j'étais fier de les lui amener.
Sans la gaine, je n'échappe plus à mon ventre de vieille. Tout, absolument tout, autour, se relâche. Mais lui, le salopard, il gonfle.
Je les aimais bien le père et la mère, n'empêche, c'était des bouseux et leur ferme me sortait par les yeux. Je me le répétais en boucle : j'y échapperai, à la toile cirée, au potager plein de patates parce que c'est ce qui remplit le mieux le ventre. (p. 53)
Les enfants sont des voleurs de silence.