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Critique de fbalestas


Voilà le retour de la grande autrice mauricienne, dans une histoire vibrante et palpitante.

Quatre personnages clés, que presque rien ne rapproche, vont voir leur destin totalement transformé en l'espace d'une journée.
D'un côté une enfant qu'on aimerait protéger : la petite Sarah a une mère qui l'aime, et qui tremble en permanence devant les dangers qu'elle imagine pour sa fille, un oncle, René, qu'on qualifierait facilement de looser, s'il ne s'était pris d'une affection particulière pour sa nièce.
Et puis il y a cette femme qui n'a rien à voir avec l'oncle et sa nièce : elle s'appelle Nandini, c'est la femme d'un juge bien établi, elle vit dans les quartiers chics de l'île, et l'histoire débute au moment où elle décide de quitter brusquement son mari et sa vie bien rangée.
En face il y a ZIgzig, un jeune gangster des quartiers, qui s'est forgé une identité de gros dur parce que résistant à la douleur, et qui vit d'expédients au milieu de sa bande.

A priori ils n'ont rien en commun. Mais le destin va les relier dans un endroit totalement improbable. René qui devait emmener Sarah à l'école, bifurque un matin, prend Nandini en stop, pour ce qui devrait être une sympathique évasion en bord de mer. Mais ce sera tout le contraire, puisque Zigzig et sa bande auront choisi cette même bande de terre pour en découdre avec la bande rivale.

Lucas Belvaux, auteur de « Les Tourmentés », serait bien inspiré de lire « Les jour des caméléons » : il y trouvera une vraie montée de tension au fil des heures de la journée, très maîtrisée et remarquablement orchestrée, qui vont se couronner en une scène de violence au coeur d'un centre commercial qui verra les deux bandes s'affronter à coup de grenades et d'armes blanches.

La grande autrice mauricienne Ananda Devi retrouve ici des thèmes qui lui sont chers : elle décrit au passage le naufrage de son île, partagée entre des ultras riches barricadés dans leurs villas avec plage privée, et des pauvres de plus en plus pauvres, sans aucun espoir de s'en sortir.
Seule Sarah, figure de l'enfant innocente, apporte une touche de lumière dans un univers bien sombre, comme elle le décrivait aussi dans « le rire des déesses ».

Et puis il y a la nature, omniprésente. Et les caméléons sont à Ananda Devi, ce que sont les étourneaux dans "La mémoire délavée" de Natacha Appanah : une métaphore d'une nature chamboulée par l'anthropocène.

En miroir de l'autre autrice majeure de l'île, Natacha Appanah, qui a publié cette année « La mémoire délavée », et qui elle a choisi de vivre en France, Ananda Devi a reçu de nombreux prix notamment pour « le sari vert ». A découvrir sans modération pour ceux qui ne le connaissent pas.
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