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Critique de Delphine-Olympe


En cette rentrée littéraire, s'il est un livre qui s'imposait à moi après l'extraordinaire voyage que j'avais fait pendant mes vacances, c'était bien celui-ci ! Dès le lendemain de mon retour d'Equateur, ni une ni deux, j'ai filé chez ma libraire préférée et je me le suis procuré. C'est donc en quelque sorte le hasard qui a mis cet écrivain déjà connu et reconnu sur mon chemin, et je ne peux que m'en réjouir. Car voilà tout ce que j'attends de la littérature : l'expression d'une expérience intime - ici la relation entre un père et son fils - sans faire l'économie d'une ouverture sur le monde, une attention portée sur tout ce qui nous dépasse - les dimensions sociale, politique ou historique - mais qui a pourtant un impact bien réel sur nos existences individuelles, et la manière dont la littérature, quand on en est amoureux, modèle notre manière de voir et d'être au monde.

Amazonia s'inscrit dans un cycle de douze titres dont il est lui-même le septième volume. Grand voyageur, Patrick Deville a décidé de faire deux fois le tour du monde, dans un sens puis dans l'autre, et d'en extraire des «romans sans fiction». Amazonia nous emmène donc de Belém, sur la côte atlantique du Brésil, à Santa Elena, de l'autre côté du continent, sur les rives du Pacifique. C'est un voyage qu'il a choisi d'accomplir avec son fils Pierre, âgé d'une trentaine d'années.

Si j'ai été particulièrement sensible aux descriptions qui sont faites de la forêt amazonienne, de sa faune et de sa flore, à l'évocation des Andes, dont la beauté m'a éblouie, de Quito ou Guayaquil, que je venais à peine de quitter, j'ai été également très touchée par ce que ce père dit de la relation qu'il entretient avec son fils. On perçoit aisément la rare complicité qui les unit - combien d'hommes devenus adultes voyagent ainsi avec leur père ? - mais qui n'est pourtant pas exempte de heurts, pour reprendre un mot de Deville lui-même. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, il dit l'ambivalence de ce lien singulier, fait tout à la fois d'amour et de rivalité. L'élégance avec laquelle il s'en empare tient sans doute au fait que Deville se souvient de la relation qu'il entretenait lui-même avec son père, et de celle de ce dernier avec son propre père, relation qu'il explora jadis, et il ne se prive pas non plus d'évoquer d'autres pères célèbres - ceux de Blaise Cendrars ou de Malcolm Lowry, ce qui lui permet de ne pas s'installer dans une simple posture de béatitude paternelle.

Ensemble, ils explorent ce monde dont ils perçoivent et la beauté et le dérèglement. Devant ces puissants paysages leur reviennent en mémoire les films de Werner Herzog (que Deville m'a furieusement donné envie de voir à mon tour !), les récits de Jules Verne ou les violents épisodes de l'histoire des pays qu'ils traversent.

Il y a dans ce texte une magnifique profondeur de champ qui le rend à la fois passionnant et émouvant. Il tient tout à la fois du roman d'aventure, du récit intimiste et du documentaire. Ce pourrait être brouillon et poussif, mais c'est au contraire limpide et jubilatoire. Je serais vous, je ne passerais pas à côté de ce livre. Quant à moi, il y en a six autres qui m'attendent !


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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