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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour la deuxième fois, je remercie Pauline Deysson qui me confie, pour lecture et chronique, Vivre, le tome deux de son ambitieuse saga dont les différents livres seront regroupés sous le titre général La Bibliothèque… Encore une fois, je suis très agréablement surprise par ce beau pavé à la couverture douce et veloutée, déjà en lui-même un bel objet autoédité, qui va rejoindre le premier volet sur mes étagères.
De Grandir, le premier opus, j'avais gardé une impression de densité et de complexité. Je savais d'avance que ma lecture de Vivre ne serait pas forcément facile mais j'avais hâte de connaître la suite des aventures d'Émilie, l'apprentie bibliothécaire et de voir comment allait évoluer ce « technomonde » étrange où les derniers livres de l'humanité sont, en fait, des rêves.

Ici, Pauline Deysson a choisi de revisiter plusieurs genres littéraires et de proposer différents niveaux de lectures toujours plus élaborés les uns que les autres.
Dans son rêve, Émilie, un peu à la manière du conte de Philippe Chatel dont elle partage le prénom éponyme, va évoluer au cours d'un véritable parcours initiatique entre conte de fées et récit de voyage. Une jeune princesse orpheline doit choisir entre plusieurs prétendants potentiels et prétexte un long périple de découvertes pour prendre le temps de connaître les pays de ses soupirants avant de se décider ; comme elle va devenir reine, elle visite les pays voisins de son royaume pour en découvrir les moeurs et prendre des leçons de gouvernance. le récit devient alors conte philosophique autour des notions de pays idéal et de bon ou mauvais gouvernement.
Pauline Deysson a inventé tout un univers avec des nations alliées ou ennemies, différentes cultures, des avancées technologiques, des antagonismes raciaux et religieux, etc. ; une très belle carte en début de volume permet de toujours se repérer dans l'espace et la géographie de terres, villes, fleuves, océans et montagnes aux noms évocateurs.
Présenté ainsi, Vivre s'annonce comme une belle aventure empreinte de fantasy où « l'imagination serait la seule limite »… car il ne faut jamais perdre de vue que le rêve est « truqué », l'un des pires ennemis d'Émilie depuis le début ainsi que la bibliothécaire s'y étant introduit en même temps que l'héroïne sans que le lecteur puisse découvrir, si ce n'est au dénouement, derrière quels personnages ils se dissimulent.

Mais ce livre est très loin de n'être que cela. J'ai mis plus de temps que prévu pour le lire car la trame narrative, toujours parfaitement maîtrisée est très dense et le foisonnement des thèmes et des problématiques évoqués se révèle vite impressionnant.
Par rapport au premier tome, l'auteure a su toutefois éviter les longueurs ; je ne me suis jamais ennuyée… L'ensemble est toujours captivant, étonnant : les péripéties les plus originales alternent avec des passages plus réflexifs et tout se tient, fonctionne d'un bout à l'autre du récit.
Il y a indéniablement un énorme travail en amont. C'est une posture qui me convient et que je salue ; j'aime la recherche et j'ai un profond respect pour les récits étayés, documentés. Pauline Deysson est extrêmement cultivée, méthodique et fantasque à la fois ; il faut une dose de folie pour mener à bien un tel projet avec trois tomes encore à venir.
L'écriture est très belle, soutenue, recherchée avec un indéniable sens du détail. J'ai été particulièrement sensible au détournement d'évènements avérés comme L'Exposition Universelle ou le sort réservé à la Vénus Hottentote, à l'inversion des rôles pour mieux faire passer les messages, comme quand ce sont les peuples de races blanches qui sont réduits en esclavage par ceux de races noires ou encore à la mise en perspective de traditions comme le carnaval au cours duquel tout est permis… Ce livre « n'a fait que mélanger les époques, les modes, les noms, les causes et les conséquences, mais les atrocités […], les bizarreries, les beautés, tout à réellement existé ». À sa manière, ce roman est un peu le miroir de notre monde, une vaste allégorie de nos travers privés et publics.
Enfin, l'évolution du personnage d'Émilie sur les deux premiers tomes est à la fois prévisible puisqu'elle est en apprentissage pour devenir Bibliothécaire et surprenante si l'on songe à certaines de ces décisions et actions dans le rêve. Mais je ne peux en dire plus, pour ne rien divulgacher…

Chère Pauline, je vous connais un peu sur les réseaux sociaux et je suis toujours intéressées par la qualité de vos publications. Avec ce tome 2, vous m'avez véritablement embarquée dans l'aventure de la Bibliothèque…
Je vais reprendre un peu la même conclusion que lors de ma chronique sur le premier volet : vous vous adressez à des lecteurs solides et persévérants qui ne lisent pas seulement pour se distraire et passer un bon moment. Il faut s'accrocher pour vous suivre, mais c'est un bonheur ! Continuez. J'ai déjà hâte « d'aimer » avec Émilie…
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J'ai découvert la Bibliothèque, autopublié par Pauline Deysson, il y a tout juste 2 ans, avec son premier tome, Grandir, via SimPlement. L'auteure a déjà prévu une série de 5 tomes au coeur de son univers. Malgré le fil rouge conducteur, de l'apprentissage d'Emilie en tant que Bibliothécaire, chaque tome présente une histoire dans son entièreté et peut se lire indépendamment des autres.

Ma lecture de ce second tome s'est étalée sur le mois de février et je l'ai entrecoupée avec la lecture d'autres romans. En effet, le roman de Pauline Deysson est tellement riche et dense, que j'ai eu besoin de le découvrir par petit bout pour l'apprécier totalement. Cette densité (accentuée par les très longs chapitres) est aussi, clairement, avec le manque d'action durant une grande partie du récit, ce que l'on peut reprocher à Vivre. Tout est dans la description, l'analyse et la contemplation. C'est, une lecture à la fois "laborieuse" et tellement enrichissante. Sur fond de réflexion, à tendance philosophique, elle nous dresse une analyse de la société à travers différents royaumes inspirés de l'Histoire de l'humanité.

L'auteure y a construit un univers extraordinaire, qu'elle est libre d'élargir à chacune des étapes franchies par Emilie, puisqu'elle lui accorde le privilège de pouvoir voyager, rêver, à travers les livres dans lesquels elle s'immerge par le biais d'un personnage. Contrairement au premier tome, dans celui-ci, l'immersion se poursuit tout au long du récit. Mais Emilie ne rêve pas seule… et j'ai été bien incapable de déterminer quels personnages avaient été investi par les lecteurs clandestins.

Nous sommes entraînés, à la suite d'Emilie, et du personnage qu'elle incarne (l'enfant du roi Ares) à la découverte des différents systèmes de gouvernement établis dans les royaumes voisins, et nous cherchons à définir comment construire une société plus juste; qui réponde aux attentes de la reine, tout en étant favorable au peuple. Faire passer les besoins et la survie de tout un peuple avant un désir de liberté. Une carte nous est proposée en début de roman, pour nous permettre de nous repérer au fil du périple. Ce voyage est entrepris par les quatre souverains, chacun accompagné d'au moins une personne de confiance.

Tour à tour, nous découvrons des sociétés totalement différentes, dans lesquelles nous reconnaissons forcément les bases de gouvernements, passés ou actuels, ayant existé. Au gré des échanges entre les personnages, chacun ayant un avis arrêté et des principes différents, acquis au cours de leur éducation, nous pesons les pour et les contre. Entre traditions, parfois injustes et inégalités, rien ne trouve grâce aux yeux d'Emilie (pas plus qu'aux nôtres d'ailleurs, mais nous ne pouvons que constater que notre environnement n'est pas meilleur). Les inégalités sont multiples et toutes autant dérangeantes : pauvres / riches, noirs / blancs (là où les blancs sont les esclaves), minorités ethniques ou religieuses. Les privilèges de ceux qui sont ont pouvoir dominent toujours. Au fil de son voyage, Emilie grandit, Emilie est toujours révoltées par les injustices qu'elles constate, mais Emilie comprend que le monde parfait ne peut pas exister car l'homme est un éternel insatisfait.

Les réflexions sont justes, criantes de réalisme, marquantes. Pauline Deysson expose sa pensée, sans pour autant influencer le lecteur, ses personnages ayant des points de vue différents. Malgré toute la bonne volonté de la reine, entre faux semblants et trahisons, chacun poursuivant son propre but au détriment des autres, la situation prend une tournure qu'on n'attendait pas.

Le texte est émaillé de références et de clins d'oeil à ce que nous connaissons, comme ces Ingalais qui parlent un langage assez compréhensible pour nos oreilles ou nos yeux et dont la géographie nous parle tout autant : île de Wilderness, mer Moreover… ou encore ces place of endless pain dans lesquels sont enfermés hommes, femmes et enfants d'une "sous-race".

Technologie, recherche de profit, religion, art... la plume de Pauline n'oublie rien. Vivre est un roman lent mais captivant, qui fait réfléchir, bouscule le lecteur. C'est bien construit, la lecture se déroule comme elle se doit, mais manque peut être un tout petit peu de rebondissements. Ce n'est qu'au retour dans la cité de la reine, que l'action s'emballe. Dans les dernières pages, alors qu'Emilie rejoint la Bibliothèque et est éjectée de son rêve, Antonie, la bibliothécaire, lui explique ce qu'il s'est passé durant son rêve et, ouvre la voie au prochain opus. Car, le but ultime de la formation d'Emilie est de vaincre Jean, l'ancien apprenti, et le technomonde qu'il a créé, au détriment des âmes qu'ils sont sensés protéger.

Si ce roman est plutôt à déconseiller pour tous ceux qui recherchent le frisson de l'aventure ou l'angoisse des thrillers, il ravira ceux qui cherchent à s'émerveiller et élargir les limites de leur imagination, il comblera ceux qui aiment pousser leur réflexion toujours plus loin et interpellera sans aucun doute, tous ceux qui, comme Emilie, sont autant choqués qu'impuissants face à la nature humaine.
Lien : https://sawisa.wixsite.com/y..
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