AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pascalmasi


Le thème de la condition des hommes et des femmes vivant dans les couvents ou les monastères a été abordé par tant d'auteurs ! Il a donné lieu aux récits les plus crus, les plus durs, les plus beaux, les plus atroces et les plus idéalisés. Parfois vrais, parfois fictionnels, voulant dénoncer ou louer le sort de vies hors le monde.

Diderot écrivit cet unique roman de son immense carrière littéraire pendant plus de 20 ans. Il inventa un genre littéraire inédit : le « mentir vrai ». Car la fiction qu'il nous propose est imaginaire mais tirée de faits sans doute réels et sans doute inspirés par la vie de sa propre soeur devenue moniale, comme l'héroïne de la Religieuse. Cet ouvrage paraîtra après sa mort.

Le texte est âpre et terrible. Fort bien écrit et ne peut être très éloigné d'une sombre réalité.

C'est évidemment un réquisitoire sans appel contre ce système religieux qui « incarcère » sans vergogne des milliers de jeunes femmes qui n'ont rien choisi et qui se retrouvent prisonnières à vie de hauts murs et de « supérieures » qui seront autant de geôles sordides et de geôlières inhumaines.

Inutile d'être grand clerc pour imaginer toutes les dérives qui peuvent naître de telles destinées. Diderot nous décrit tour à tour le champ des possibles : ascétisme forcené, folie, lesbianisme forcé, mysticisme, suicides…

L'athée revendiqué que fut Diderot ne mache pas ses mots ni sa colère. Ce livre est donc un brulot sans appel. Il sera rejoint des siècles plus tard par le livre de Yannick Grannec, « Les simples », et dans un registre totalement opposé dans le merveilleux « Dialogue des Carmélites » de Bernanos.

S'il fallait une morale à ce roman, elle serait simple : jamais il ne faut donner un pouvoir à qui que ce soit sans veiller à mettre en place des contre-pouvoirs. Contemporain de Diderot, Montesquieu théorisera la chose avec une clairvoyance indiscutable. Ils en ont sans doute parlé ensemble de nombreuses fois !

A lire pour celles et ceux que cette problématique si importante encore au XVIIIe siècle intéresse…
Commenter  J’apprécie          100



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}