;votre naissance est la seule faute importante que j'ai commise ;aidez-moi à l'expier;et que dieu me pardonne de vous avoir mise au monde, en considération des bonnes œuvres que vous ferez.
Faire vœu de pauvreté, c'est s'engager par serment à être paresseux et voleur ; faire vœu de chasteté, c'est promettre à Dieu l'infraction constante de la plus sage et de la plus importante de ses lois ; faire vœu d'obéissance, c'est renoncer à la prérogative inaliénable de l'homme, la liberté. Si l'on observe ces vœux, on est criminel ; si on ne les observe pas, on est parjure. La vie claustrale est d'un fanatique ou d'un hypocrite.
Ce romancier qui fonde en France, le réalisme moderne n'a pas l'ingénuité de croire au réalisme documentaire.
(Roland Mortier sur Diderot dans la préface)
Vous avez un bon ami.
-Un bon ami,monsieur !je n'en connais point.
-c'est votre avocat.
Ne crains rien; j'aime à pleurer: c'est un état délicieux pour une âme tendre, que celui de verser des larmes. Tu dois aimer à pleurer aussi; tu essuieras mes larmes, j'essuierai les tiennes, et peut-être nous serons heureuses au milieu du récit de tes souffrances, qui sait jusqu'où l'attendrissement peut nous mener?...
Diderot tient que toute rupture de l'ordre naturel, fût-ce au nom de l'idéal le plus prestigieux, est un acte d'agression contre notre réalité physiologique.
(Préface de Roland Mortier)
Quelle mort, monsieur le marquis ! Je l'ai vue, la terrible image du désespoir et du crime à sa dernière heure ; elle se croyait entourée d'esprits infernaux ; ils attendaient son âme pour s'en saisir ; elle disait d'une voix étouffée : " Les voilà ! Les voilà !..." et leur opposant de droite et de gauche un christ qu'elle tenait à la main ; elle hurlait, elle criait : "Mon Dieu !... Mon Dieu ! "
NDL : vous savez que je crois à ce phénomène. Je l'ai lu dans d'autres livres, et j'ai vécu une mort de démence sénile ( c'est le terme actuel ), une perverse narcissique comme cette mère supérieure, qui voyait aussi des "démons" partout.
Je n'ai jamais attiré personne en religion ,c' est un état où Dieu nous appelle , et il est très dangereux de mêler sa voix à la sienne .
L'homme est né pour la société. Séparez-le ,isolez-le,ses idées se désuniront, son caractère se tournera, mille afflictions ridicules s'élèveront dans son coeur...
Je me plaignait de ma mère surtout ,avec amertume et ressentiment .Ce prêtre était entré tard dans l'état religieux ; il avait de l'humanité ;il m'écouta tranquillement et me dit : Mon enfant ,plaignait votre mère , plaignait-la plus encore que vous ne la blâmer .Elle a l'âme bonne ;soyez sûre que c'est malgréelle qu'elle en use ainsi .