Forte du coup de coeur éprouvé pour "
Le liseur du 6h27" du même auteur, je me suis coulée avec délice dans la vie de Xavier Barthoux, retrouvant la verve et l'humour de
Jean-Paul Didierlaurent avec plaisir. Cependant, les traits d'esprit sont rapidement devenus sarcastiques, grinçants, à la limite de la malveillance.
Cet homme à la vie terne, accablé par la routine de ses journées et de ses week-ends, va peu à peu perdre pied en flirtant avec la schizophrénie. C'est à partir de ce basculement vers la farce fantastique que l'auteur m'a perdue. Cette histoire se transforme en énorme élucubration qui manque singulièrement de finesse.
Cependant, il m'a promptement reprise en main, en me faisant entrevoir, non plus un destin atypique, mais une fable, une réflexion sur la vie et sur les événements qui se succèdent, avec une sorte de guide spirituel des plus saugrenus. Cette fissure dans le mur est le début du cheminement incongru de Xavier. Il faut bien reconnaître que les idées de l'auteur ne manquent pas d'originalité, ni de sel.
Dans les deux facettes de la vie d'un homme sans histoires, les métaphores se succèdent, notamment lors d'une des dernières scènes, dans laquelle Xavier rase la moustache, dont il était si fier, de la même façon qu'il arrache la vigne vierge ornant le mur de sa maison de campagne dans sa première vie. Chacun de ces artifices d'embellissement cache une blessure. La végétation masque une lézarde dans le béton, origine de toute l'aventure, comme la pilosité dissimule la cicatrice réparatrice d'un ancien bec de lièvre. Ainsi que le répète Numéro 8, tout au long de son chemin, à chaque recto, un verso.
Comme à toute fable, une "morale" s'impose, à chacun de trouver la sienne. Pour moi, quelle que soit la vie choisie ou subie, il ne sert à rien de cacher ses faiblesses derrière des artifices. Il faut affronter la vérité en face pour ainsi trouver le calme et la sérénité intérieure, afin de résister aux chagrins sans sombrer et de profiter pleinement de tous les bonheurs qui passent à portée de coeur, si petits soient-ils.