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Citations sur Une Archéologue en Perse - 4ème partie - De Bagdad à Bassor.. (17)

« Le monde est un vrai pont, achève de le passer, mesure, pèse tout ce qui se trouve sur ta route : le mal partout environne le bien et le surpasse. »
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Voilà bien l’édifice religieux d’un peuple nomade, maison hospitalière ouverte à tous les fidèles, dans laquelle le passant trouve de l’ombre, et le voyageur de l’eau pour se rafraîchir et se purifier avant de se prosterner devant Dieu. Telle se présente la mosquée d’Amrou, bâtie au Caire l’an 21 de l’hégire. Les mêmes divisions et les mêmes caractères se retrouvent dans les mosquées d’el-Hakem et de Touloun. Mais bientôt ce type primitif, dont les Maures d’Espagne ont laissé à Cordoue un magnifique spécimen, ne paraît plus aux conquérants arabes en harmonie avec la puissance de l’Islam. Les grêles colonnes qui soutiennent la toiture ne permettent pas d’élever à une grande hauteur l’ensemble de la construction ; elles sont incapables de supporter un poids considérable et encombrent par leur multiplicité l’intérieur des salles ; la mosquée doit donc se modifier.
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Un seul monument, encore en assez bon état de conservation, la masdjed Djouma, témoigne de l’ancienne richesse de la ville.
Cette mosquée est abandonnée à cause de sa position excentrique : on n’y fait même plus la prière le vendredi, et elle sert d’asile à des mendiants et à des derviches de tous pays qui viennent se reposer à l’ombre de ses épaisses murailles. L’un de ces derniers présente un type des plus étranges. Il a la peau jaune des Indiens, les cheveux blonds et crêpés ; son torse, largement modelé, se dégage des lambeaux d’un burnous de laine brune qui traîne à terre et drape le bas du corps de ce pieux personnage. Pour toute arme le derviche porte un bâton noueux, pour tout bagage un cachcoul (coque d’un fruit indien) sculpté avec art.
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En dehors du mur d’enceinte j’aperçois, sur ma droite, les ruines d’un vieux minaret bâti en briques cuites et revêtu d’une très belle mosaïque monochrome dont les éléments sont juxtaposés avec une précision merveilleuse. Sous la chaude lumière d’un soleil radieux, les ombres projetées par les briques en relief prennent une coloration azurée qui s’harmonise d’une façon charmante avec la teinte vieux cuivre de la construction. La présence de ce minaret indique que la mosquée seljoucide, restau-rée par chah Tamasp, fut elle-même élevée sur les ruines d’un monument dont il faut faire remonter l’origine aux Guiznévides.
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Il n’a pas été au pouvoir des Afghans – nous devons nous en féliciter aujourd’hui – de détruire en même temps que les demeures des rois sofis le superbe panorama dont on jouit de ce point élevé. En se plaçant à l’extrémité d’une sorte de promontoire dominé par une tour, dernier vestige du palais, on dé-couvre toute la plaine d’Ispahan, la route de Chiraz et, confon-due dans les brumes bleues de l’horizon, la vallée de Golnabad, tristement célèbre dans l’histoire ispahanienne depuis l’invasion afghane. Les envahisseurs, pendant leur courte domination, se montrèrent tellement cruels pour les vaincus, et après plus d’un siècle le souvenir de leurs excès est resté si vivace dans la mémoire des habitants d’Ispahan, que les enfants eux-mêmes sont capables de raconter en détail les diverses péripéties du combat de Golnabad et du siège de la ville.
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À minuit je retrouve enfin mon clocher. Je ne m’occuperai pas d’astronomie ce soir, je préfère m’abandonner au dieu des rêves. Il me montrera de riches pèlerins en route pour la Mecque et l’armée persane traînant à travers les défilés des montagnes les favorites du chahzaddè.
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Ispahan avait cruellement souffert pendant le siège. Non seulement la majeure partie de la population avait péri, mais les campagnes et les villages étaient saccagés, les kanots obstrués. Kérim khan en transférant la capitale à Chiraz, sa patrie, et la dynastie kadjar en ramenant le siège du gouvernement dans le nord, consommèrent sa ruine. La majeure partie de la population s’exila, les palais les plus vastes et les édifices les plus beaux furent abandonnés.
Et pourtant ce sont les monuments élevés sous les règnes des princes sofis qui embellissent encore la ville, et c’est dans l’enceinte des palais de chah Abbas et de ses successeurs que se trouvent les constructions civiles les plus intéressantes à étudier.
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Ma quiétude est de courte durée. Tout à coup je crois être le jouet d’un cauchemar. Quels sont les animaux que j’aperçois sur le sol et ceux qui se promènent sur ma figure ? Je suis cou-verte de punaises laissées par les précédents propriétaires ; d’énormes araignées dont le corps est presque de la grosseur d’une fève sont descendues le long des murs de terre et courent sur le sol.
Je me précipite vers la porte, j’arrache le rideau sur lequel j’avais fondé de si grandes espérances. La lumière du soleil envahit la chambre, les vilaines bêtes prennent la fuite et se cachent dans les trous des murailles. Nous n’avons pourtant pas conquis le repos : les guêpes et les mouches remplacent nos anciens adversaires et nous les font peut-être regretter. La température s’élève rapidement : à deux heures le thermomètre marque quarante-quatre degrés centigrades.
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Le roi lui-même ne craint pas d’affronter l’Occident ; s’il ne rapporte pas de son double voyage une idée bien nette de nos mœurs et de notre civilisation, il n’en éprouve pas moins, en regagnant sa capitale, le désir de faire entrer son peuple dans une voie nouvelle et de se rapprocher de ces Occidentaux dont il vient d’apprécier le talent et le savoir. Une première tentative ne pouvait avoir un plein succès. Le roi lutte contre un clergé puissant soumis à un chef étranger, et contre des préjugés plus puissants encore que les prêtres ; comment à lui seul imposerait-il des réformes qui doivent, pour être durables, devenir l’œuvre des siècles ? Cette rénovation sera la gloire de ses successeurs ; mais qu’ils se gardent surtout, le jour où ils seront acculés au progrès, de suivre le procédé turc et d’adopter par lambeaux une civilisation incompatible avec les mœurs des peuples musulmans. Mieux vaut un Oriental avec tous ses préjugés, mais son honnêteté native, que ces métis qui vont perdre en Europe leurs vertus nationales et rapportent de leur voyage le manteau hypocrite dont ils couvrent leurs vices afin de se faire pardonner une excursion en pays infidèles.
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J’ai terminé mes promenades à travers la cité des califes en allant visiter les marchés aux vivres. Est-il spectacle plus ré-jouissant et plus coloré que la vue des étalages où s’amoncellent les produits qu’il faut servir tous les jours aux mille bouches d’une ville ? Seuls le vernis des légumes, leur chaude coloration, le pelage et la fourrure du gibier sont capables de briller dans les atmosphères grises du Nord, et d’égayer les parois utilitaires de nos halles de fer ; mais, quand on sort de l’usine où s’écoule la vie européenne, lorsque le soleil pénètre en souverain au milieu des pyramides de fruits qu’il a fait mûrir, le tableau devient d’autant plus enchanteur que la nature dispose d’ors et d’émaux assez variés pour composer des symphonies toujours nouvelles. À Bagdad en particulier, les bazars, dès la pointe du jour, sont abondamment approvisionnés de vivres et encombrés de marchands et d’acheteurs, parfois contraints de s’ouvrir un passage à l’aide du bâton, tant la foule est compacte. La vie matérielle, quand on s’accommode des mets du pays, ne doit pas être ruineuse. La volaille et le gibier sont livrés à très bas prix ; un mou-ton coûte six francs ; le poisson est abondant. Les légumes, sur-tout les cucurbitacées, apportés en couffes de la Mésopotamie supérieure, ont une valeur dérisoire et s’entassent dans un débarcadère spécial, tant leur masse est considérable et encombrante. Je ne puis comparer le volume des barques qui les con-tiennent à la faible capacité des estomacs européens, sans me sentir prise d’un certain respect pour des gens qui auront digéré avant ce soir les montagnes de melons et de pastèques approvisionnés sous mes yeux.
Pourtant, si jamais je m’égare, que l’on ne vienne pas me chercher dans ce pays de cocagne. Je ne me déciderai à y plan-ter ma tente que le jour où on l’aura purgé des fonctionnaires turcs, de la peste et du bouton de Bagdad. De ces trois fléaux, les deux derniers me paraissent encore les moindres.
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Attribuer à la pénurie de capitaux les singulières exigences des marchands serait une erreur. Les banquiers, fort nombreux, sont toujours disposés à ouvrir des crédits aux petits négociants, et l’argent, quoique prêté à gros intérêt, ne fait jamais défaut aux industriels honnêtes et laborieux. En outre ils jouissent de privilèges qui facilitent singulièrement leurs affaires ; l’État, en vue de favoriser les transactions, ne les charge ni d’impôts ni de patentes, et les oblige seulement à acquitter des droits d’entrée d’autant moins onéreux qu’il est toujours aisé de se mettre d’accord avec les préposés de la douane. En réalité, les marchands bagdadiens exigent le payement des commandes avant la livraison, d’abord parce qu’ils bénéficient des intérêts autant qu’il leur plaît de faire durer le travail, et, en second lieu, parce que les ruses de leurs clients ordinaires les ont mis depuis long-temps à une dure école.
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