Digne Danielle, La petite copiste de
Diderot, le passage.
Avec en couverture « la liseuse » de Fragonard, et un titre accrocheur, le livre a de quoi séduire. Il propose, via les yeux d'une jeune paysanne montée à Paris, une promenade touristique dans le paysage littéraire du XVIIIe siècle.
Sur la scène
Diderot, son travail épuisant pour l'Encyclopédie, ses ennuis avec la censure, ses déboires avec les libraires, et sa vie familiale.
Des aperçus sur d'autres
oeuvres qui lui valent l'hostilité des Jésuites et du pouvoir royal, des intrigues diverses, et ses fréquentations mondaines et littéraires : Rousseau,
Voltaire, Grimm, D'Alembert, et bien d'autres, plus familiers de sa vie domestique privée.
Marie/Félicité, originaire du plateau de Langres, fait aux côtés du Philosophe son éducation intellectuelle, qu'elle complète en tant que femme, par les idées de Mme d'Épinay, sensible à l'éducation des filles.
Ses propres émois sentimentaux lui apprennent aussi à se comporter à une époque où les femmes de la (très) bonne société s'assuraient une forme de pouvoir par l'intermédiaire des
Salons fréquentés par les Lumières.
J'ai apprécié ce « récit vécu », écrit à la première personne par la copiste, et dont le regard présente les célébrités du moment et l'esprit du siècle sous un jour nouveau. La première partie du récit évite de justesse les tirades « pédagogiques », pour prendre ensuite des accents plus personnels. La langue hésite entre celle de l'époque et des échos contemporains, donnant envie de relire « la vie de Marianne », par exemple - mais Félicité en auxiliaire dévouée, n'a pas les coquetteries d'une fausse ingénue.
L'éditeur aurait pu en fin de volume expliciter les diverses citations dans le texte, et surtout mentionner le nom de Fragonard, bien sage cette fois-ci, pour la couverture.