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Critique de migdal


Comment survivre à l'exécution d'un mari ou d'un père ?
Comment vivre en étant fille d'un « traitre » ou petite fille d'un « collabo » ?

Lors d'une commémoration à la mémoire des victimes du régime communiste en 2016, la romancière constate qu'aucun responsable bulgare n'est présent, ce qui l'incite à rendre hommage aux dévastés.

Raïna, l'épouse de l'auteur Nikola Todorov, Ekaterina, celle du pope Mina Tomov Zakhariev, Viktoria de Boris Piperkov, trois condamnés à mort à la suite du coup d'état communiste de septembre 1944, se rencontrent en février 1945 au bord de la fosse commune où reposent les exécutés.

« Les Dévastés » raconte la vie de Raïna avant, pendant et après le joug soviétique. Puis celle d'Ekaterina, de Viktoria et de Magdalena, leur fille. Et enfin celle d'Alexandra (née en 1960 comme Théodora Dimova) la petite fille de Raïna.

Alexandra incarne la romancière élevée en Bulgarie sous dictature communiste dans les années 60-70, obligée de disserter à la gloire du PC, ce qui fait pleurer sa mère et sa grand-mère et lui révèle le secret familial qui les ronge.

Trois familles, cinq femmes, trois générations et le même drame. Trois hommes fusillés, parmi des milliers d'autres. Trois familles bannies, privées de leurs biens, déracinées. Victimes à la « libération » de la jalousie d'un pisse copie devenu juge, de la revanche d'un ouvrier, de la vengeance d'un bâtard… de la banalité du mal. Un même drame mais des souffrances différentes liées à leur santé, leur milieu, leur culture, leur foi et leur situation familiale. Avec finesse et style la romancière observe la diversité des destins, des désespoirs et aussi des espérances, qui font de ce récit un réel chef d'oeuvre.

Superbement écrit et traduit par Marie Vrinat-Nikolov, ce texte bouleversant fait écho à la tragédie en cours dans le Donbass, mais aussi aux tragédies endurées par exemple par les mères de la Plaza de Mayo en Argentine, et à toutes les veuves, filles et petites filles de victimes des régimes totalitaires.

Un ouvrage bouleversant, effrayant, incontournable qui rend hommage à la résilience et au courage des femmes et réhabilite les victimes du communisme.
Une couverture qui dessine 4 femmes, dévastées par les rouges, mais tendant les mains aux lecteurs pour « qu'ils ne vivent pas dans le monde humiliant du mensonge ».
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