Citations sur La porte du voyage sans retour (386)
La religion catholique, dont j'ai failli devenir un serviteur, enseigne que les Nègres sont naturellement esclaves. Toutefois, si les Nègres sont esclaves, je sais parfaitement qu'ils ne le sont pas par décret divin, mais bien parce qu'il convient de le penser pour continuer de les vendre sans remords.
Je compris alors que la peinture et la musique ont le pouvoir de nous révéler à nous-mêmes notre humanité secrète. Grâce à l’art, nous arrivons parfois à entrouvrir une porte dérobée donnant sur la part la plus obscure de notre être, aussi noire que le fond d’un cachot. Et, une fois cette porte grande ouverte, les recoins de notre âme sont si bien éclairés par la lumière qu’elle laisse passer, qu’aucun mensonge sur nous-mêmes ne trouve plus la moindre parcelle d’ombre où se réfugier, comme lorsque brille un soleil d’Afrique à son zénith.
Que des Nègres n'aient pas construit de bateaux pour venir nous réduire en esclavage et s'approprier nos terres d'Europe ne me paraît pas non plus être une preuve de leur infériorité, mais de leur sagesse.
J’étais trop occupé à me fuir moi-même pour te consacrer du temps et désormais je le regrette. Mais peut-être que la rareté de nos souvenirs communs en fait le prix… Piètre consolation. (p.51)
Grâce à l'art, nous arrivons parfois à entrouvrir une porte dérobée donnant sur la part la plus obscure de notre être, aussi noire que le fond d'un cachot. Et, une fois cette porte grande ouverte, les recoins de notre âme sont si bien éclairés par la lumière qu'elle laisse passer, qu'aucun mensonge sur nous-même ne trouve plus la moindre parcelle d'ombre où se réfugier, comme lorsque brille un soleil d'Afrique à son zénith.
Peut-être te rappelles-tu que tu m'as demandé si c'était la façon de cette fleur de fermer les yeux, comme nous, la nuit. " Non, t'ai-je répondu pour entretenir ta poésie du monde, elle n'a pas de paupières, elle s'endort les yeux ouverts. " Te souviens-tu que tu as surnommé les hibiscus, depuis ce jour et pendant un certain temps, les fleurs sans paupières " ?
Malgré tous les subterfuges que j'avais inventés pour l'oblitérer, la souffrance éprouvée sur le ponton de Gorée, après notre brève échappée au-delà de la porte du voyage sans retour, Mara et moi, me revenait intacte. Je compris alors que la peinture et la musique ont le pouvoir de nous révéler à nous-même notre humanité secrète.
Emprunter une grande route toute tracée n’honore pas l’homme de bien, en ouvrir une nouvelle, oui.
Malgré mon cartésianisme, ma foi dans la toute puissance de la raison, telle que les philosophes dont j'ai partagé les idéaux l'ont célébrée, il me plaît d'imaginer que des femmes et des hommes sur cette terre sachent parler aux arbres et leur demandent pardon avant de les abattre. Les arbres sont bien vivants, comme nous, et s'il est vrai que nous devions nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature, nous devrions avoir des scrupules à l'exploiter sans égards pour elle.
Grâce à l’art, nous arrivons parfois à entrouvrir une porte dérobée donnant sur la part la plus obscure de notre être, aussi noire que le fond d’un cachot. Et, une fois cette porte grande ouverte, les recoins de notre âme sont si bien éclairés par la lumière qu’elle laisse passer, qu’aucun mensonge sur nous-même ne trouve plus la moindre parcelle d’ombre où se réfugier, comme lorsque brille un soleil d’Afrique à son zénith.
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