Quel roman. C'est bien des jours après l'avoir fini que je peux enfin écrire cette critique.
Car j'ai eu tant de mal à quitter Michel, Ndiak et Maram. J'étais si investie et si profondément plongée dans cette histoire que je ne pouvais me résoudre à leur dire au revoir.
Ce qui est pour le moins ironique quand on sait que j'ai entamé ce roman à reculons...car oui, je ne pensais ni pouvoir le lire et encore moins aimer. Je m'attendais à un roman sur la traite négrière trop brutal, trop frontal, qui aurait été, me connaissant, trop peu supportable pour moi.
Et fort heureusement je me suis trompée. Dès les première pages j'ai senti que j'avais entre les mains un roman unique. Un roman fort, subtil. Un roman amené d'une telle façon que l'on plonge immédiatement dans l'histoire.
C'est la première fois que je lis
David Diop et j'ai découvert une plume d'une rare sensibilité, d'une précision et d'une fluidité qui transporte le lecteur au coeur du propos.
Et le coeur du propos ici c'est Michel Adanson. C'est un célèbre botaniste, il est vieux et il vient de mourir. Mais avant cela il a laissé pour sa fille un carnet secret où il a raconté la vraie histoire de son aventure au Sénégal il y a un demi siècle de cela, en 1750. Sans faux semblants ni dissimulation. Il racontera tout ce qu'il a caché durant des décennies.
C'est donc le jeune Michel, âgée de 23 ans, que l'on va suivre et découvrir. Il débarque au sein de cette concession française qu'est le Sénégal, mais lui contrairement à tous les autres français présents, n'est ni intéressé par la traite ni par le commerce. Lui est venu pour étudier sa passion : les plantes. Mais s'il était effectivement venu pour ses ambitions scientifiques, c'est finalement des découvertes humaines qu'il fera. Il apprendra et parlera couramment le wolof, il se liera d'une amitié profonde et durable avec son jeune interprète Ndiak. D'ailleurs c'est ensemble qu'ils vivront les dangers et les périls dans lesquels ils se lanceront pour résoudre le mystère de cette jeune femme enlevé.
Aux côté de Michel et Ndiak, le lecteur sera comme un troisième compagnon de voyage. Frémissant de peur avec eux ou s'émerveillant de joie avec eux. Traversant les déserts, les forêts, les villages, les routes avec eux. Tentant de résoudre les bribes de cette mystérieuse disparition avec eux.
Puis arrivera la rencontre, cet atypique et singulier coup de foudre qui achèvera de marquer le voyage de Michel au fer blanc. Poussé par cet amour il mettra malgré lui en grand danger tout ceux à qui il tient, dont Ndiak et bien sur Maram.
La porte du voyage sans retour était le nom donnée à l'ile de Gorée car les esclaves en partance ne revenaient jamais, et c'est finalement aussi ce qu'il arrivera à Michel, une partie de son âme ne reviendra jamais de ce voyage.
Je n'en dirais pas plus car je ne voudrais pas spoiler les futurs lecteurs. Mais on peut dire que Maram est la pierre angulaire de cette histoire, c'est une femme flamboyante, marquante, qui m'a hypnotisée. Et puis évidemment je me suis beaucoup attachée à Michel, à sa lucidité, sa bonté, sa tolérance, sa persévérance. Et j'ai adoré Ndiak, sa témérité, son impertinence, sa franchise.
Bref ces trois là m'auront chacun à leur manière énormément marqué et je ne les oublierais pas de si tôt.
C'est roman plein de tolérance, d'amour, d'amitié, de voyage mais les horreurs de l'esclavage restent on ne peut plus présent, surtout à la fin du roman, mais la force et la beauté de l'histoire en elle même m'ont permis de supporter la lectures de ces horreurs.
Grâce l'extraordinaire plume de
David Diop j'ai effectué un voyage enchanteur, sombre, lumineux et incroyable à travers le magnifique Sénégal.