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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Samuel Dock, psychologue se confie dans L'enfant thérapeute sur sa mère, sur sa propre enfance, ses doutes, son amour, les silences dans lesquels il a grandi, ressentant les fantômes du chagrin qui rôdaient autour de sa mère. Il parle de la violence dans la petite enfance, des traumatismes qui en découlent, des refuges qui permettent de tenir, de cet héritage maudit qui coule de sang en sang et il parle aussi d'amour, de cette capacité à aimer sa mère quand tout est dit, cette mère habillée de sombre, de larmes, de maladresses mais la seule mère pourtant. La sienne.

Divisé en trois parties, ce récit s'articule autour de ces béances.

Dans la première partie, on suit la relation triangulaire entre Béatrice la mère, Samuel et sa soeur Thaïs à Noël. Leurs rapports tendus, les crises de Thaïs, souffrant de problèmes mentaux qui accaparent tout le monde, les brimades qu'essuie Samuel. L'auteur appelle cet environnement d'état fantôme, un univers où règnent la violence, les mensonges, le chantage. Pour sauver sa peau, Samuel fuit cette famille toxique. Jusqu'à ce que sa mère lui confie son histoire meurtrie. L'écriture de Samuel Dock se montre introspective teintée de lyrisme avec un vocabulaire souvent soutenu. Cette première partie, j'avoue, n'a pas toujours été simple à suivre pour moi.

Dans la seconde partie, on découvre l'histoire de la mère, Béatrice. Son enfance jusqu'à ses cinq ans dans une fratrie de quatorze enfants, son calvaire, ses maltraitances. Béatrice, peut-être l'enfant de trop, gênait, dérangeait. Bébé, on la secouait à outrance quand elle pleurait de trop. Privée de nourriture par la suite, elle se faisait mordre par sa soeur Chantal, malade mentale, et la protégée de ses parents. Son père était un monstre de la pire espèce, dépourvu d'amour, de gentillesse et d'intelligence. Il rouait de coups sa femme pour un oui, pour un non et cette dernière soumise jusqu'à la moelle n'avait plus aucune force ni étincelle dans son coeur, les caresses étaient rares, sauf pour la petite Chantal.

Dans la dernière partie, L'enfant thérapeute se délie, se console.

« Je soigne les autres parce que tu as pris soin de moi, maman. »

Samuel comprend mieux sa mère. Il se questionne. Lui qui s'occupe d'enfants maltraités, il se demande comment aider sa mère, il se demande aussi si tel est son rôle, perdu entre le besoin d'être le fils qu'on aime et protège et la réalité d'une mère dépendante de lui. Il se rend compte que le schéma de l'enfance de sa mère se perpétue à travers sa soeur. Toute l'attention lui étant accordée comme du temps de Chantal.

C'est un thème, celui des traumas de l'enfance qui me tient beaucoup à coeur d'où mon intérêt pour ce livre. Je ne suis pas rentrée dans ce livre comme j'aurai aimé, l'écriture, surtout en première partie n'était pas simple à suivre, la narration souvent ardue ne m'a pas toujours permis de ressentir l'émotion escomptée. N'en reste pas moins que certains passages sont d'une très grande beauté qui sonnent juste. C'est aussi un vibrant hommage que rend ici Samuel Dock à sa mère et à tous ces instants infimes d'amour auxquels se sont cramponner autant la mère que le fils afin de sauver leur peau. Je terminerai cette chronique avec l'un d'entre eux:

« La misère véritable, ce n'est jamais la pauvreté, c'est celle d'un coeur désert. »

Première page, extraits, encart consacré à l'auteur, ma page consacrée aux livres sur les traumas de l'enfance, sur le blog:
Lien : https://coccinelledeslivres...
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Samuel Dock interroge le syndrome de L'enfant thérapeute à partir de son vécu et celui de sa mère. A quatorze ans, l'écrivain devient le soutien de sa mère, séparée de son mari pour des faits de violence, et assumant seule l'apparition de la maladie psychique de sa soeur.

Devenu docteur en psychopathologie, immergé dans le milieu de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) et après plusieurs ouvrages, Samuel Dock réfléchit à cet état en présentant à partir de son témoignage les trois aspects de sa réflexion : la présentation du syndrome au niveau de l'adulte qu'il est devenu, la nature des failles de sa mère et le renouveau de leur relation.

Seulement ce livre n'est ni un essai, ni un mémoire, c'est un roman dont la fiction s'inspire de faits réels et dont le style fauche le lecteur au-delà du prévisible !

La dynamique de consolation naturelle de l'enfant envers son parent devient pathologique lorsque la dépression du parent, venant de son passé en général, est trop envahissante. L'adulte est alors dans l'incapacité d'apporter l'amour nécessaire à l'enfant pour grandir sereinement. du coup, l'enfant veut soulager son parent et même envisage-t-il de le soigner. A l'âge adulte, la personne peut développer le syndrome dit du sauveur dans sa relation à l'autre, poussant certains à devenir professionnels de l'enfance abîmée.
Brins d'histoire

La première partie décrit les symptômes de ce syndrome en racontant les relations pathologiques avec sa mère au cours d'une fête de Noél. L'adulte, qu'il est, redevient pendant quelques heures l'enfant qu'il a été, réclamant la protection et l'amour que sa mère ne peut lui donner. La frustration est amplifiée par la présence de la soeur, que la mère protège, alors que son comportement la rend étrange aux autres et désincarnée à elle-même.

Autant dire tout de suite que Samuel Dock réussit par ce témoignage à nous faire ressentir de l'aversion pour cette femme qui apparaît comme égoïste, froide, instable, incapable de donner la tendresse à son fils. du coup, comme lui, le lecteur comprend qu'endosser le rôle de L'enfant thérapeute est voué à l'échec, et que seule la fuite est possible. Mais cet immense besoin de réparation se double de la culpabilité de ne pas y être arrivé et de devoir quémander, encore et encore, l'attention dont on a manqué. Néanmoins, le narrateur comprend rapidement que la violence est au coeur des failles maternelles, même s'il n'en connaît pas la teneur

La seconde partie va renverser cette impression en présentant le journal de sa mère écrit quelques années plus tard, avec l'aide d'un soutien psychologique. Ce dernier lui permet de mettre des mots sur le vécu de sa petite enfance. Retravaillé par Samuel Dock, ce témoignage est éprouvant à découvrir tant la souffrance qui y est exprimée est indicible. Pourtant des mots sont écrits là, noir sur blanc, qui rendent compte des sévices corporels et psychologiques répétés, de la barbarie avérée, des violences d'un père devenu monstre après avoir été héros et de l'impossibilité à sa propre mère à casser cet engrenage. Dans cette partie, Samuel Dock parvient aussi à décrire le processus de résilience qui permet à l'enfant de recevoir l'amour nécessaire pour effacer les blessures de la toute petite enfance.

Lorsque les mots sont posés quelque part, on peut se parler ! Et, c'est ce que décrit Samuel Dock dans sa troisième partie. La souffrance ressentie précédemment s'estompe complètement pour permettre à la mère et son fils de devenir, ni surpuissant comme l'enfant le pensait, ni complètement « nulle », comme le croyait sa mère, mais être justes humains ! L'émotion de ces « trouvailles » (et non « retrouvailles ») envahit le lecteur. Comme pour les personnages, le lecteur, amoureux des mots, découvre leur puissance dans ce processus de soin.
En guise de conclusion,

Ce roman n'est pas un ouvrage pour les professionnels des soins portés à l'enfant. Il a une valeur universelle dans la mesure où chacun peut vivre une situation où l'incompréhension renforce le fossé entre les êtres. de plus, il décrit le plus précisément possible la valeur du verbe pour retrouver le partage.

Je voudrais, ici, saluer le courage de l'écrivain. A la manière d'un Boris Cyrulnick, Samuel Dock explore le processus de résilience qui, doit-on le répéter, encore, permet de construire un jardin sur un tas de cendres si l'amour nourrit cette terre. En exposant son vécu, mais en lui donnant une forme romanesque, il signifie à tous que rien n'est irrémédiable et que nous avons chacun un rôle à jouer dans cet amour qui nourrit la terre.

Roman, incontestablement, tant l'écriture est puissante ! Les mots sont ciselés comme les personnages, à vifs. le travail de recherche et de réécriture réalisé autour des témoignages est palpable. Il sert le propos avec intensité pour aider à la compréhension, mais surtout aux ressentis. Car, Samuel Dock sait réveiller en nous l'intensité de notre humanité.

La lecture de L'enfant thérapeute est inoubliable par les images qu'il révèle : l'enfant tenant la main de sa mère pour traverser la rue, seul contact d'une femme pour sa fille ! du chien Freddy, sauveur, qui en perdit la vie. D'un livre Blanche-Neige offert par une grand-mère, sorte d'oasis dans l'enfer ! D'une soeur, comme un métal en fusion, qui ne peut que se détruire. Et, la présence si calme, si essentielle du compagnon effacé. Pour moi, dois-je encore le préciser, un moment de lecture intense !
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Même si j'ai eu du mal au départ dans la première partie, l'auteur a su m'embarquer et me toucher par la suite. L'évolution de la relation entre cette mère et son fils est très émouvante, belle et intéressante.

Samuel apprend via le journal "intime" de sa mère, son histoire et les explications de son comportement depuis qu'il est né. On y suit en parallèle aussi la déchéance de sa soeur qui elle aussi, a subi les "dégâts" de l'éducation et de l'enfance très difficile de sa mère.

C'est l'histoire d'une famille dysfonctionnelle qui je l'espère prendra fin après la génération de Samuel. En tout cas, sa mère et lui font tout pour mettre fin à ce schéma toxique et dangereux.

Je le conseille aux personnes qui aiment lire des biographies, témoignages et livres sur les maladies psychiatriques et les comportements inadaptés. Attention toutefois pour les personnes trop sensibles car il aborde des thèmes très durs. L'histoire touche directement l'auteur et on y sent la souffrance de cet enfant devenu jeune homme à travers les pages de son livre.
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Dans ce livre, Samuel Dock s'interroge sur le syndrome de l'enfant thérapeute à partir de son propre vécu et celui de sa mère. Il divise cet ouvrage en trois parties : la présentation de son syndrome au niveau de l'adulte qu'il est devenu, les origines des failles de sa mère et enfin, le renouveau de leur relation mère/fils.

La première partie de L'enfant thérapeute est assez ardue, bien que certains passages soient brillamment écrits et touchent en plein coeur. Dans la seconde partie, Samuel Dock donne la parole à sa mère à travers le journal qu'elle a écrit des années plus tard. Ce qui n'était qu'effleuré dans la première partie, est écrite noir sur blanc dans la deuxième et c'est un témoignage percutant, éprouvant que lit le lecteur. Mettre des mots sur les maux est souvent la première étape pour avancer et ce qui permet à la troisième et dernière partie d'arriver. Petit à petit la souffrance de l'enfance s'estompe et permet à la mère comme au fils d'évoluer, de mieux se retrouver après s'être ouvert à l'autre.

A travers L'enfant thérapeute, Samuel Dock démontre que les épreuves, les souffrances de l'enfance impactent non seulement notre vie d'adulte mais également celles de notre entourage, de nos héritiers. A travers nos propres peurs, nos échecs, nos lacunes, inconsciemment nous les répercutons dans l'avenir si nous les gardons enfouis, même au plus profond.

Entre témoignage et roman, l'histoire de la relation entre cette mère et son fils est poignante, riche en émotions. Les mots utilisés par Samuel Dock sont puissants, à vifs comme ses personnages.
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