La naissance se déroula sans complications. Dix-neuf heures plus tard, après que l'infirmière eut amené Daniel pour sa troisième tétée, Annalee sauta hors du lit, s'habilla en hâte et quitta la maternité, tenant Daniel emmitouflé dans ses bras. (...)
- Okay, mon gars, dit-elle. C'est parti.
- Et merde, qu'est-ce que ça peut foutre, hein ? Pourquoi se faire chier avec des broutilles quand la mort connait ton adresse...
Quand le dernier capitaliste aura été étranglé
Avec les tripes du dernier bureaucrate,
Des cerisiers fleuriront dans nos esprits.
Ce n’est pas parce que tout est différent que quoi que ce soit a changé.
Un échec est habituellement imputable à deux facteurs : la conception ou l’exécution. M’est avis que les deux te font défaut.
La connaissance et les technologies émergent toujours avant notre capacité à en saisir les conséquences. Accélérateurs linéaires, réacteurs à neutrons – que font-ils si ce n’est tout accélérer au-delà de l’entendement, tout en accumulant des matériaux mortellement dangereux, de toutes sortes et dans des quantités dépassant largement les critères de la nature ? C’est la folie de la cupidité et du pouvoir, comme l’accumulation d’or, et tant de pouvoir entre les mains de si peu de gens pourrit le cœur. Il faut que nous mettions le holà et réfléchissions sérieusement aux conséquences découlant de la possession de tant d’énergie, et à ce que signifierait un tel déferlement. J’ai dit que la rançon serait le démantèlement de toutes les infrastructures nucléaires, mais en fait ce n’est pas ça. La rançon, c’est le temps. Le temps de considérer les choses, d’évaluer, de juger. Le temps est le cœur de la tragédie.
Je sais que dalle. Ça doit vouloir dire que je suis finalement saine d'esprit. Ce qui est un excellent point de départ pour redevenir dingue.
L'esprit est la lumière de l'ombre qu'il recherche.
- Disparaître est un outil, une technique, une autre manipulation de l'apparence. La magie est l'expropriation du réel.
- Eh bien, après tout, allons-y. Il me tarde de voir si je peux disparaître dans la non-existence pour exproprier par magie une réalité que vous avez rêvée.
« On pense que l'identité est singulière, unique. Mais ce n'est que l'expression d'une possibilité. Pense à l'identité en ces termes : une tresse de multiples identités à travers lesquelles circule le flux de la vie - comme un fil électrique composé de nombreux brins plus petits enlacés, enrobés d'un isolant qui les conserve intacts et cohérents. Tu es à la fois le vieux marin de Coleridge et l'invité au mariage, la future mariée et le futur marié, le ministre et l'épave abandonnée. Toute personne, morte, vivante ou à naître existe en toi. Il s'agit de puiser dans cette mine de "moi" potentiels, dans notre propre corpus de métaphores. »