Ce livre est un recueil de souvenirs, mais aussi de réflexions sur le travail de photographe.
Robert Doisneau sait très bien manier la plume, son regard de photographe se pose sur le monde et témoigne de sa grande sensibilité et de son intérêt pour les petites joies et les activités des humbles acteurs du quotidien. Il a une certaine conception de son art, plutôt artisan qu'artiste. Et un peu philosophe aussi.
Issu d'un milieu modeste, ayant quitté l'école assez jeune, il parcourt les rues et les quartiers populaires, voit ce que d'autres ne remarquent pas.
Il sait nous mettre à l'aise, ne joue pas au théoricien, évoque avec simplicité ses rencontres avec Picasso ou Léotaud, sa tendresse pour une France encore paysanne et ouvrière.
Doisneau a un peu le parler de
Michel Audiard, sa verve et aussi sa culture.
Il a connu les Halles de Baltard, le
Paris de
Prévert, de Carné, des péniches et des bus à plateforme, des bonnes soeurs à cornette.
Il nous lègue un trésor, nous offre des paysages à jamais disparus, au temps où on pouvait encore perdre son temps à rêvasser en regardant les passants.
Mieux qu'un témoin, un poète.