Les murs blancs

Léa et Hugo Domenach – Les murs blancs **1/2 – fin le 3 janvier 2023

J'avais entendu parler de ce livre à sa sortie et c'est en retombant dessus à la bibliothèque que je me suis décidé à le lire. Je ne lui ai mis que deux étoiles et demi ce qui est, je m'empresse de le dire, assez injuste. Car tout dépend ce qu'on y est venu chercher.

Si on vient chercher dans ce livre un récit émouvant de l'histoire d'un lieu, une sorte de phalanstère moderne, avec un début et une fin, on sera enchanté par un livre sympathique, plutôt bien écrit pour des non-écrivains, un roman familial, type photos de vacances, et qui nous fait vivre une histoire vraie concernant des intellectuels de premier plan. Au chapitre des points positifs, la sincérité est la première qualité du récit, même si on se serait bien passé de nombreux détails insignifiants de la vie de ces « Grands ». Si on vient y chercher une histoire intellectuelle, ou une histoire de la revue Esprit, ou bien une histoire des racines intellectuelles de la Deuxième gauche, alors passez votre chemin. La fratrie Domenach n'est pas Michel Winock (cité dans le livre pour son envie de mettre des galets par terre lui permettant de ne pas se salir les pieds quand il entre dans la maison…).

Et on peut évoquer des Grands intellectuels tels que Emmanuel Mounier ou Paul Ricoeur sans avoir aucune explication de leurs ressorts, de leur vision, de leur philosophie…mais quoi qu'il en soit, et quel que soit ce qu'on y est venu chercher, je pense qu'il reste quelque chose de profondément gênant dans ce livre c'est la place faite au Président de la République…on voit bien le « truc » d'éditeurs qui décide de publier le bouquin car les auteurs ont bénéficié d'une entrevue avec lui (entrevue pauvre d'ailleurs et faites de poncifs comme les politiques savent le faire) ; dès le début, les auteurs nous « bassinent » avec leur demande d'entrevue et des aléas de cette demande…à tel point que j'ai faille arrêter le livre dès ce moment…mettre sur le même plan (et quoi que l'on pense des uns et des autres), Mounier, Marrou, Ricoeur, Domenach et le Président a quelque chose d'indécent, et je suis sûr que ce dernier l'aura jugé comme tel s'il a lu le livre après parution ; on sent que le livre est porté par cela, alors que ce n'est qu'anecdotique dans le cheminement de ces grands intellectuels et de la maison…il aurait largement mieux fallu expurger le livre de tout cet aspect qui le pollue grandement et de mettre en annexe l'ensemble de ces éléments, comme un codicille in extremis (et pour le coup il aurait de bon aloi car créant la surprise mais ne le mettant pas au coeur de leurs démarches…) ; là, on se retrouve avec un « coup » éditorial sans intérêt, où des non-écrivains bien naïfs n'ont pas su résister (tu parles, quand l'enjeu est la publication…) et je pense que cela n'a même pas eu l'effet escompté sur les ventes du livre.

Bien fait.