Stalker

Ce n’est pas qu’un stalker qui s’amuse à mes dépens, pas qu’une personne à qui j’aurais causé du tort et qui veut se venger. C’est bien pire encore.

J’ai gratté davantage, flairant la merde à des kilomètres à la ronde pour comprendre qu’elle avait, avec d’autres femmes, établi des plans pour piéger des hommes riches et s’assurer de tomber enceinte afin de se voir passer une bague au doigt ou de se voir offrir une existence dorée grâce à une généreuse pension alimentaire.

Ce soir, je me tape une femme, n’importe laquelle m’ira pour peu qu’elle possède un vagin !

J’ai besoin d’une échappatoire, besoin de me prouver qu’il a tort. Que ses paroles qui résonnent dans ma tête sont fausses et que je suis encore maître. Qu’il ne me connaît pas et qu’il a tort. Une envie de gagner sur cette personne qui tente de prendre le dessus.
Trouver la meuf est un jeu d’enfant. Si facile que ce n’est même pas plaisant. Malgré tout, je suis bien décidé. Ce connard n’aura qu’à me regarder savourer ma victoire !
Je dis trouver la fille mais en fait c’est plutôt elle qui m’a foncé dessus alors que je n’étais assis seul au comptoir que depuis quelques minutes.
Isaac m’apportait mon énième verre quand elle m’a approché pour se présenter.
Une certaine Nadia, enfin je pense bien que c’est son nom. Tout ce que je retiens, c’est qu’elle a tout ce qu’il faut là où il le faut. Je n’ai pas besoin de plus. En bon gentleman, je lui offre un shot qu’elle accepte en feignant la surprise.

Je me sers un verre, puis deux et bientôt mon envie de me vautrer entre ses draps se transforme en colère d’avoir été si vivement rejeté. Un sentiment que j’expérimente à peine et que je ne sais comment gérer… À moins bien sûr que la solution se trouve dans la maxime : combattre le feu par le feu ?

Je suis si hypnotisée par son aura virile, par le magnétisme qu’il dégage, que je ne remarque pas la femme qui dépose sa flûte sur le plateau vide que je tiens. Je rattrape le tout de justesse, telle une pro, alors même que la femme s’éloigne sans un regard pour le chaos qu’elle a bien failli créer.

Un mec qui aime être vu, un assez bel homme toutefois, qui parlait avec toute sa verve de placements boursiers qui rapportent des gains considérables. L’homme devant lui semblait presque ennuyé et c’est là, alors que j’étais concentrée sur son envie criante de fuir, que je n’ai pas vu la main de l’homme arriver dans ma direction et frapper mon plateau, fort heureusement vide.
Le mec s’est retourné, apparemment dégoûté que j’aie entravé son mouvement, pour me jeter un regard écœuré.
J’ai pendant un moment balayé l’air de mes bras, essayant de garder l’équilibre devant ce malpoli qui n’a fait aucun geste pour m’aider. Il a toisé chaque seconde de ma malchance avant de détourner le regard, ennuyé.
Je me suis redressée avec fierté en m’échinant à faire comme si de rien n’était tout en conservant mon masque jovial.

Je savoure chaque bouchée de ces macaronis comme s’il s’agissait de haute gastronomie. Je jette un coup d’œil au sofa qui semble m’inviter à me vautrer sur lui. Si je ne suis pas épuisée en rentrant, je me promets un film de fille, bien calée avec une couverture douce et un plat de pop-corn. Voilà l’idée même du paradis, sourié-je avant de refermer la porte.

Je n’ai pas décidé que j’allais être célibataire, ça s’est juste imposé à moi. Je n’arrive pas à trouver un homme qui me branche assez pour avoir envie d’une relation suivie, et je ne suis même pas fan des relations d’une nuit. Les amis avec « et plus si affinité » c’est pas trop ma came, et je suis quand même bien toute seule. Je me suffis à moi-même dirons-nous.

« On n’a qu’une existence à vivre. Il faut en profiter et ne jamais rien prendre pour acquis » voilà son mantra qu’elle aime bien nous rabâcher toutes les fois où l’une de nous rencontre un mec ou en largue un.