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Citations sur L'Adolescent (46)

- Ah ! et tu souffres quelquefois de ce que ta pensée ne se plie pas au moule des paroles ? Cette noble souffrance, mon ami, n'est donnée qu'aux élus ; l'imbécile est toujours satisfait de ce qu'il a dit et en outre il dit toujours plus qu'il ne faut ; ces gens-là aiment le surplus.
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"J'ai peut-être eu tort de me mettre à écrire : il reste au-dedans de moi infiniment plus de choses qu'il n'en paraît dans les mots. Votre pensée, si mauvaise soit-elle, tant qu'elle est à vous, est toujours plus profonde ; une fois exprimée, elle est toujours plus ridicule et plus déloyale."
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Le silence est toujours beau, et le silencieux est toujours plus beau que le parleur. [ Deuxième partie, Ch. I, IV ]
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L'argent est une puissance despotique, mais, en un sens, égalitaire : il perturbe le règne arrogant de l'intelligence et de la beauté.
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Tout à coup faisait irruption dans ma vie un père qui auparavant n'existait pas. Cette idée m'enivrait durant mes préparatifs à Moscou, et dans le train. Un père, ce n'était encore rien, je n'aimais pas les tendresses : mais cet homme n'avait pas voulu me connaître et m'avait humilié, tandis que, toutes ces années, je ne rêvais qu'à lui jusqu'à la satiété (si le terme peut s'appliquer à un rêve). Chacun de mes rêves, depuis mon enfance, se rapportait à lui, flottait autour de lui, revenait finalement à lui. Je ne sais si je le haïssais ou si je l'aimais, mais il emplissait tout mon avenir, toutes mes prévisions sur la vie, - et cela était venu de soi-même, à mesure que je grandissais.
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Il est certaines choses qu'il est presque impossible de raconter. Ce sont précisément les idées qui sont les plus simples et les plus claires qui sont le plus malaisées à comprendre. Si avant de découvrir l'Amérique, Colomb avait voulu raconter son idée aux autres, je suis convaincu qu'on aurait été bien longtemps sans le comprendre. Au fait, on ne le comprenait pas. En parlant ainsi, je ne prétends nullement m'égaler à Colomb, et si quelqu'un tire cette conclusion, il doit en avoir honte et rien de plus.
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Quiconque n'est pas trop bête ne peut pas vivre sans se mépriser, honnête ou malhonnête, peu importe. Aimer son prochain et ne pas le mépriser, c'est impossible. Selon moi, l'homme a été créé physiquement incapable d'aimer son prochain. Il y a là une erreur de langage, dès le début, et "l'amour de l'humanité" doit être compris uniquement de l'humanité que tu te crées à toi-même dans ton coeur (en d'autres termes, je me crée moi-même ainsi que l'amour pour moi), et qui par conséquent n'existera jamais réellement.
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Mais toutes les expériences faites jusqu'ici, partout - c'est-à-dire en Europe - nous montrent que l'égalité des droits provoque un abaissement du sentiment de l'honneur et, par conséquent, du devoir. L'égoïsme a remplacé l'ancienne idée, qui cimentait la nation ; et tout y est dissous en liberté individuelle.
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Il est bien vrai que Dieu seul pouvait voir ses sentiments, et en outre l'homme est une machine si compliquée que parfois on n'y comprends rien, surtout si cet homme est une femme.
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[...] ... J'ai cette idée que, lorsqu'un homme rit, la plupart du temps il est répugnant à regarder. Le rire manifeste d'ordinaire chez les gens je ne sais quoi de vulgaire et d'avilissant, bien que le rieur presque toujours ne sache rien de l'impression qu'il produit. Il l'ignore, de même qu'on ignore en général la figure qu'on a en dormant. Il est des dormeurs dont le visage reste intelligent, et d'autres, intelligents d'ailleurs, dont en dormant le visage devient très bête et partant ridicule. J'ignore d'où cela vient : je veux dire seulement que le rieur, comme le dormeur, le plus souvent ne sait rien de son visage. Il est une multitude extraordinaire d'hommes qui ne savent pas du tout rire. Au fait, il n'y a pas à savoir : c'est un don qui ne s'acquiert pas. Ou bien, pour l'acquérir, il faut refaire son éducation, se rendre meilleur et triompher de ses mauvais instincts : alors le rire d'un pareil homme pourrait très probablement s'améliorer. Il est des gens que leur rire trahit : vous savez aussitôt ce qu'ils ont dans le ventre. Même un rire incontestablement intelligent est parfois repoussant. Le rire exige avant tout la franchise : où trouver la franchise parmi les hommes ? Le rire exige la bonté, et les gens rient la plupart du temps méchamment. Le rire franc et sans méchanceté, c'est la gaieté : où trouver la gaieté à notre époque et les gens savent-ils être gais ? (Pour ce qui est de la gaieté à notre époque, c'est une remarque de Versilov et je l'ai retenue.) La gaieté de l'homme, c'est son trait le plus révélateur, avec les pieds et les mains. Il est des caractères que vous n'arrivez pas à percer : mais un jour cet homme éclate d'un rire bien franc, et voilà du coup tout son caractère étalé devant vous. Il n'y a que les gens qui jouissent du développement le plus élevé et le plus heureux qui peuvent avoir une gaieté communicative, c'est-à-dire irrésistible et bonne. Je ne veux pas parler du développement intellectuel, mais du caractère, de l'ensemble de l'homme. Ainsi : si vous voulez étudier un homme et connaître son âme, ne faites pas attention à la façon dont il se tait, ou dont il parle, ou dont il pleure, ou même dont il est ému par les plus nobles idées. Regardez-le plutôt quand il rit. S'il rit bien, c'est qu'il est bon. Et remarquez bien toutes les nuances : il faut par exemple que son rire ne vous paraisse bête en aucun cas, si gai et si naïf qu'il soit. Dès que vous noterez le moindre trait de sottise dans son rire, c'est sûrement que cet homme est d'esprit borné, quand même il fourmillerait d'idées. Si son rire n'est pas bête, mais si l'homme, en riant, vous a paru tout à coup ridicule, ne fût-ce qu'un tantinet, sachez alors que cet homme ne possède pas le véritable respect de soi-même, ou du moins ne le possède pas parfaitement. Enfin, si ce rire, quoique communicatif, vous paraît cependant vulgaire, sachez que cet homme a une nature vulgaire, que tout ce que vous aviez remarqué chez lui de noble et d'élevé était ou bien voulu et factice, ou bien emprunté inconsciemment, et que fatalement il tournera mal plus tard, s'occupera de choses "profitables" et rejettera sans pitié ses idées généreuses comme des erreurs et des engouements de jeunesse. ... [...]
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