Citations sur Les frères Karamazov, tome 1 (64)
Surtout, n'ayez pas tant honte de vous-même, car tout le mal vient de là.
La lumière, Dieu l'a créée le premier jour, et, le soleil, la lune et les étoiles, le quatrième. Elle luisait d'où, alors, la lumière, le premier jour?
C'est ce besoin de vénération commune qui fait la souffrance essentielle de tous les hommes pris en tant qu'individus et de toute l'humanité dans leur ensemble, depuis le début des siècles. Pour cette communauté de la vénération, ils se sont de tout temps entretués par le glaive.
La maison de Fédor Pavlovitch Karamazov était située à l’extrémité de la ville, mais pas tout à fait dans la banlieue ; une maison d’un étage, avec un pavillon, peinte en gris, le toit en fonte rougie. C’était spacieux et confortable.
Il y avait un grand nombre de cabinets noirs et d’escaliers dérobés. Les rats y pullulaient on liberté ; Fédor Pavlovitch ne les détestait pas : « On s’ennuie moins, le soir, quand on est seul... »
— Pourquoi me fais-tu cette question, puisque tu crains en même temps ma réponse ?
- Grouchenka? Non, mon vieux, il ne la méprise pas. Du moment qu’il a ouvertement troqué contre elle sa fiancée , c’est qu’il ne la méprise pas. Il y a là…
Il y a là quelque chose, mon cher, que tu ne peux pas encore comprendre. C’est le cas d’un homme qui, s’il tombe amoureux d’une beauté, d’un corps de femme, ou même d’une seule partie de ce corps (un voluptueux comprend cela), sacrifiera pour elle ses propres enfants, vendra père et mère, la Russie et la patrie; honnête, il volera; doux, il egorgera; fidèle, il trahira.
Le chantre des pieds féminins, Pouchkine, les glorifiait en vers; d’autres ne les chantent pas, mais ne peuvent les voir sans convulsions. Et il n’y a pas les pieds seulement… Le mépris ne sert à rien dans ces cas-là, quand même il mépriserait Grouchenka. Il la méprise mais ne peut s’arracher d’elle.
Il suffit d’une semence infime jetée dans l’âme du simple, et elle ne mourra pas, pendant toute sa vie elle vivra dans son âme, demeurera en lui au milieu des ténèbres, au milieu de la pestilence de ses péchés, comme un point lumineux, comme un grand rappel. Et il est inutile, bien inutile de beaucoup lui expliquer et enseigner, il comprendra tout, simplement. Croyez-vous que l’homme du peuple ne comprenne pas?
Les conversations russes sur ce thème, elles sont menées de la façon la plus bête qui soit possible. Et ensuite, là encore, plus c'est bête, plus c'est proche du concret. Plus c'est bête, plus c'est clair. La bêtise, elle est courte, elle est naïve, alors que la raison fait des méandres et se camoufle. La raison, c'est une crapule, alors que la bêtise est franche et honnête. J'ai mené la chose jusqu'à mon désespoir, et plus je l'ai exprimée de façon bête, plus ça me donne un avantage.
(car le socialisme n'est pas seulement la question ouvrière, ou celle de ce qu'on appelle "le quatrième état", non, c'est essentiellement la question de l'athéisme, la question de la tour de Babel qui se construit, justement, sans Dieu, non pour atteindre les cieux depuis la terre, mais pour faire descendre les cieux sur la terre)
Ce n'est pas Dieu que je n'accepte pas, comprends-le bien, c'est le monde qu'il a créé, le monde, n'est-ce pas, de Dieu que je n'accepte pas, et je ne peux pas admettre d'accepter.