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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Naître dans le Liban de la fin XXème siècle,  y a mieux comme départ dans la vie. Mais "on ne choisit pas les trottoirs de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher" dixit Maxime Le Forestier.

Abdel-Karim Azzâm et Ismaïl Mohsen n'ont pas choisi les trottoirs de Tripoli (Liban) pour faire leurs premiers pas dans la vie. Tout comme ils n'ont pas choisi leur famille.
Le premier grandit entre Jaguar avec chauffeur et riche villa surplombant la ville, quand l'autre bat le pavé du quartier americain, quartier miséreux de la ville, entre racaille et pauvreté. Pas de bol, mal né le petiot.

Dans ce récit sur plusieurs décennies, l'auteur expose le poids du conflit libano-israélo-syrien sur l'évolution de l'individu et la lente ascension de l'islamisme radical dans les quartiers défavorisés. Car les recruteurs, aussi abjects soient-ils ont oubliés d'être cons, et n'ont qu'à se balader dans les quartiers populaires pour cueillir des jeunes oisifs et naïfs en mal d'action.
Tandis qu'argent et pouvoir permettent à Abdel-Karim de s'exiler à Paris pendant les affrontements, Ismaïl, coincé dans les rues de Tripoli, se radicalise donc petit à petit et s'engage dans le djihad.
Le lien entre ces deux héros que tout oppose? Intassâr Mohsen, femme à tout faire des Azzâm et mère d'Ismaïl. Et quelle femme! Mère courage, incarnation de la force et d'une combativité à toute épreuve.

Douaihy aurait pu se contenter de dépeindre ce fossé culturel et social sous fond d'occupation syrienne, et ne montrer que les irréversibles dégâts causés par une guerre civile retenant en otage ses habitants. Mais l'homme est malin et original, c'est du vu et revu ça.
Donc lui, il choisit judicieusement de s'attarder sur les profils psychologiques et émotionnels de quelques personnages.
Avec patience et soin, et un sens particulièrement aigu de l'observation ainsi qu'une écriture poétique, Jabbour Douaihy brosse le portrait d'hommes fragiles, sensibles, délicats dans ce décor nimbé de violence avec un conflit sanglant pour toile de fond. Il met en exergue les blessures et les fragilités de ses protagonistes qui, malgré leurs différences, n'en restent pas moins profondément humains. Qualité qui n'a pas de prix. Même Bilâl, père d'Ismaïl, aussi violent que paumé, devient fascinant.
Quant à la ville de Tripoli, elle est dépeinte avec poésie et tendresse, on en oublie les ravages, les affrontements. Nous assistons à un véritable hommage de l'auteur à son pays, sa culture, ses paysages, son patrimoine, sa gastronomie même. Limite on s'y envolerait pour les prochaines vacances.

En deux mots: roman captivant. Plus trois mots: en tout point. Plus deux: auteur brillant. Plus... non c'est bon.
Seule nuance d'une lectrice pourtant emballée par cette lecture : dommage de laisser en suspens certains parcours de vie, on reste quelque peu sur notre faim quant au devenir de certains personnages renvoyé à l'imaginaire du lecteur.
Mais pour les amateurs de littérature orientale contemporaine et/ou d'aventures humaines, ouvrage à ne pas rater.
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